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  • La fragilité fait partie du quotidien de millions d’individus dans le monde. Qu’elle soit due aux inégalités, à la pauvreté, à la maladie, à la violence ou à l’injustice, elle est au cœur de leur expérience de tous les jours et participe de la vulnérabilité qui est leur lot. C’est elle qui, souvent, fait la différence entre la prospérité et la survie et, dans les cas les plus extrêmes, entre la vie et la mort. La fragilité est un mal qui affecte de façon disproportionnée des groupes déjà vulnérables et marginalisés, ceux qui comptent déjà parmi les plus défavorisés. La fragilité, en outre, n’a pas toujours de lien avec la responsabilité – ainsi, les populations les plus exposées aux effets du changement climatique sont de fait souvent celles qui en sont le moins responsables.

  • La Direction de la coopération pour le développement (DCD) de l'OCDE publie des rapports sur les États fragiles depuis 2005. Ces rapports analysent les apports de ressources financières en direction des pays et économies fragiles ou touchés par un conflit et les tendances qui se font jour. Ils répondent aux préoccupations grandissantes que suscitent les retombées de la fragilité sur la stabilité et le développement, en particulier dans le contexte du Programme de développement durable à l'horizon 2030 et de l'engagement international de ne laisser personne de côté. L'OCDE est l'une des rares sources d’analyses et de données agrégées concernant les contextes fragiles en tant que groupe.

  • Un an après le début de la Décennie de l’action, le Programme 2030 se trouve à la croisée des chemins. Les avancées obtenues au regard des Objectifs de développement durable dans les contextes fragiles avaient ralenti jusqu’en 2019. Or, l'arrivée du coronavirus (COVID-19) a porté un coup d'arrêt à ces avancées, voire a inversé le processus. Alors que les effets de la pandémie commencent seulement à donner leur pleine mesure, États de fragilité 2020 démontre la nécessité de réponses urgentes, collectives et adaptées au contexte si l’on veut venir en aide à ceux qui en ont le plus besoin et faire en sorte que personne ne soit laissé de côté. Pour s’attaquer à la fragilité dans les 57 contextes classés comme fragiles dans l’édition 2020 du cadre de l'OCDE sur la fragilité, il faut remédier aux problèmes fondamentaux qui affectent l’existence même des populations concernées : la pauvreté, les inégalités, une mauvaise gouvernance, la violence, l'insécurité alimentaire, l’accès aux services de base, et l’aptitude des individus à faire entendre leur voix, individuellement ou collectivement, pour faire prévaloir leurs droits.

  • En 2020, avant la survenue de la pandémie de COVID-19, les contextes fragiles abritaient 23 % de la population mondiale et 76.5 % des personnes vivant en situation d’extrême pauvreté. Aucun de ces contextes fragiles n’est en voie d'atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) relatifs à la faim, la santé, l’égalité entre les sexes et l'autonomisation des femmes. Par rapport à leurs pairs, les 13 contextes extrêmement fragiles sont particulièrement exposés au risque d’être tenus éloignés des progrès accomplis en termes de développement durable et de recherche de la paix : entre 2012 et 2018, les écarts de niveaux de fragilité entre eux et les contextes non fragiles se sont creusés chaque année. Des données concrètes font par ailleurs apparaître un décalage grandissant dans les progrès obtenus au regard des principaux ODD. À titre d’exemple, dans 11 des 13 contextes extrêmement fragiles, les progrès marquent le pas ou se détériorent sur les fronts de la faim et de l’égalité entre les sexes, alors que les progrès s'améliorent ou sont en bonne voie de réalisation dans plus de la moitié des contextes non fragiles.

  • Ce chapitre présente les principaux constats issus du Cadre de l’OCDE sur la fragilité 2020. Il examine le paysage contemporain de la fragilité, qui est aujourd’hui exacerbée par le choc causé par la pandémie de coronavirus (COVID-19) et qui met en péril les modestes progrès que les contextes fragiles avaient réalisés pour concrétiser les ambitions du Programme de développement durable à l’horizon 2030 (ou « Programme 2030 »). Ce chapitre démontre la nécessité de prendre en compte le capital humain dans l’analyse de la fragilité et souligne le rôle essentiel de l’aide publique au développement (APD) et des autres sources de financement disponibles pour permettre aux contextes fragiles d’instaurer la stabilité et d’atteindre leurs Objectifs de développement durable (ODD).

  • Pour un engagement efficace dans les contextes fragiles, les acteurs de l’aide humanitaire, du développement et de la paix doivent travailler de façon cohérente et complémentaire en étant mutuellement conscients de leurs rôles et principes propres. Ce chapitre met l’accent sur la prévention des conflits et la construction de la paix, avec pour objectif particulier d’explorer et de démystifier le rôle un peu moins connu des acteurs de la paix dans les contextes fragiles. Il présente une vue d’ensemble de l’appui à la paix et à la prévention des conflits violents dans les contextes fragiles ainsi que de la façon dont les acteurs du développement, de la paix, de la diplomatie et de la sécurité peuvent œuvrer plus efficacement à la réalisation d’objectifs communs.

  • Si l’intervention dans des contextes fragiles est complexe, l’action menée par les membres du Comité d’aide au développement (CAD) pour soutenir les contextes fragiles sur le terrain est riche d’enseignements. S’appuyant sur les études de cas rassemblées dans le cadre du projet « Fit for Fragility » (Adaptés à la fragilité) et sur les analyses présentées dans les Chapitres 1 et 2, ce chapitre propose des orientations qui permettent d’appréhender ces environnements complexes du point de vue du fond, des stratégies et des institutions.