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  • Depuis 2010, la série des Perspectives du développement mondial (PDM) du Centre de développement de l’OCDE examine le poids croissant des pays en développement dans l’économie mondiale, phénomène aussi appelé « basculement de la richesse ». En 2008, la part des pays non membres de l’OCDE dans le produit intérieur brut mondial dépassait celle de ses pays membres, aidant ainsi de nombreux pays en développement à s’engager sur la voie de la convergence économique avec les pays plus riches à l’échelle mondiale. Cette transformation de la géographie économique mondiale a eu de profondes répercussions sur les différentes problématiques de développement. Les éditions suivantes des PDM se sont attachées à analyser les effets de cette tendance sur le développement, ciblant chacune une thématique spécifique : la cohésion sociale en 2012 ; les politiques industrielles en 2013 ; la productivité et le défi du revenu intermédiaire en 2014 ; et enfin, les migrations internationales en 2017.

  • Ces dernières décennies, le progrès a entraîné la création de richesses et d’opportunités sans précédent. Tous les indicateurs disponibles le confirment : le monde n’a jamais connu situation si prospère. Et pourtant, le ressentiment monte de toutes parts, car le partage des bénéfices est loin d’être équitable. Dans les pays les plus avancés, les classes moyennes en difficulté sont de plus en plus désabusées face à l’enrichissement des plus riches, et la confiance envers les institutions s’affaiblit. Dans les pays plus pauvres, c’est un autre tableau : d’un côté, il y a les oubliés de cette prospérité mondiale, ces lieux en proie à la fragilité et aux conflits, où la souffrance et la pauvreté restent omniprésentes ; de l’autre, ces lieux où malgré la réalisation de progrès spectaculaires sur le plan de la réduction de la pauvreté et du développement humain, la persistance des inégalités nourrit de graves tensions sociales.

  • La conception du développement a évolué depuis la Seconde Guerre mondiale et différents paradigmes ont, selon les époques, inspiré ses théories et pratiques. L’accent mis sur l’industrialisation, la planification et la croissance durant les années d’après-guerre a ensuite laissé place à une réflexion sur la transformation structurelle dans les années 1960 et la théorie de la dépendance dans les années 1970. Puis le « Consensus de Washington » des années 1980 et 90 a privilégié la stabilité macroéconomique et promu l’ajustement structurel. Enfin, depuis les années 2000, une approche par objectifs a mené à la création des Objectifs du Millénaire pour le développement et de leurs successeurs, les Objectifs de développement durable.

  • En 2008, la part des économies émergentes et en développement dans l’économie mondiale passait pour la première fois la barre des 50 %. Depuis lors, la série des Perspectives du développement mondial s’attache à étudier le basculement de la richesse mondiale et son incidence sur les pays en développement. Ce chapitre offre une vue d’ensemble de cette édition 2019, qui étudie le processus de transformation de la géographie économique dans le contexte de l’après-crise financière mondiale, la transformation progressive de la Chine et les nouvelles sources de croissance pour la poursuite du basculement de l’activité économique. Il analyse en outre les trajectoires de développement au-delà des indicateurs strictement économiques, en explorant différentes dimensions du bien-être à travers le monde en développement. Il tire enfin des enseignements des paradigmes de développement de ces 70 dernières années, montrant la nécessité pour les nations en développement du XXIe siècle d’inventer leurs propres trajectoires originales vers plus de bien-être et de durabilité, et pour la coopération internationale de s’adapter à cette nouvelle donne.

  • L’édition 2010 des Perspectives du développement mondial (PDM) introduisait la notion de « basculement de la richesse » dans le monde, qui venait modifier le processus de développement des pays à revenu faible ou intermédiaire. Ce chapitre propose une synthèse des résultats des éditions précédentes des PDM et des perspectives économiques régionales. Il fait le point sur l’évolution de la transformation de la géographie économique et de la convergence économique, en mettant l’accent sur leur durabilité, à la lumière du rééquilibrage de l’économie de la République populaire de Chine (ci-après dénommée « Chine ») dans le cadre de sa stratégie à l’horizon 2030. Il fait en outre état des progrès réalisés sur le plan de la croissance économique et des origines du phénomène de basculement de la richesse. Il analyse enfin les facteurs nationaux et internationaux sous-tendant ces évolutions.

  • Le processus de transformation de la géographie économique a accéléré la convergence économique de nombreux pays en développement. Cependant, la forte croissance économique du Sud est loin d’avoir résolu tous les problèmes dans les pays connaissant une transformation économique rapide, et les trajectoires de développement ont été différentes d’un pays à l’autre. La nature du développement est en effet intrinsèquement plus complexe et multidimensionnelle que ne saurait le résumer à lui seul le produit intérieur brut (PIB). S’inscrivant dans une perspective historique à long terme, ce chapitre explore les trajectoires de développement au-delà du simple indicateur du PIB. Il s’interroge sur la signification du développement à la lumière des débats actuels sur « l’après-PIB », présente des données sur l’évolution du PIB et du bien-être depuis 1820 dans un large éventail d’économies émergentes et en développement, et compare l’expérience des premiers pays qui se sont industrialisés à celle des économies qui ont opéré leur émergence plus récemment.

  • L’économie du développement, et plus généralement la pensée du développement, ont profondément changé depuis leur apparition comme sous-discipline de l’économie à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. Depuis lors, un point du débat reste controversé : peut-on ériger les politiques ayant permis le succès et la viabilité du développement des premiers pays qui se sont industrialisés en références absolues pour les pays en développement, ou les trajectoires empruntées par ces derniers sont-elles suffisamment différentes pour garantir des approches véritablement alternatives ? Ce chapitre tente de répondre à cette question en examinant l’évolution du développement économique depuis 1945 et la création par la suite des grandes institutions économiques internationales. Il analyse l’évolution de la pensée du développement, en étudie de manière critique différentes étapes, et met au jour un processus d’apprentissage long et complexe. À cette fin, il examine la pensée dominante du développement dans les pays industrialisés, ainsi que les approches « alternatives » issues des expériences régionales dans les pays en développement.

  • La transformation de la géographie économique mondiale a profondément changé l’ordre mondial et progressivement remis en question de nombreux paradigmes de développement jusque-là tenus pour acquis. Il n'y a jamais eu de trajectoire unique menant au développement. Cependant, on considère en général que les responsables politiques peuvent mettre leur pays sur une voie qui converge avec les pays les plus développés du monde, en adoptant un ensemble de mesures économiques s'étant avérées efficaces pour favoriser structurellement la croissance. Mais chaque pays doit adapter sa stratégie pour prendre en compte ses particularités en termes de dotations, de culture et d’institutions. Il leur faut aussi faire face à de nombreux nouveaux défis auxquels les pays s’étant industrialisés plus tôt n’avaient pas été confrontés. Ce chapitre aborde ces défis, d’ordre économique, social et environnemental, qui surgissent sur la voie du développement.