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  • Cette publication est la première comparaison internationale menée dans l’ensemble des pays de l’OCDE des résultats des immigrés et de leurs enfants dans le domaine de l’intégration économique et sociale. Il s’agit de la première édition d’une série qui ancre un premier point de comparaison, en vue d’un suivi régulier d’indicateurs comparables de l’intégration dans les pays de l’OCDE. Cette publication a bénéficié du soutien financier de trois pays membre de l’OCDE: le Canada (Citoyenneté et Immigration Canada), la France (Ministère de l’Intérieur, de l’Outre-mer, des Collectivités territoriales et de l’Immigration) et la Norvège (Ministère de la Jeunesse, de l’Égalité et de l’Inclusion sociale). Au cours des cinq dernières années, l’OCDE a réalisé onze études par pays sur le thème de l’intégration des immigrés et de leurs enfants sur le marché du travail. Ces études très détaillées ont été publiées dans les trois volumes de la série  Les migrants et l’emploi . Elles contiennent des analyses sur des questions clé liées à l’intégration et propres aux pays étudiés, comme par exemple l’utilisation et la valorisation des qualifications des immigrés, l’intégration des personnes nées dans le pays de résidence de parents immigrés ou sur la question des discriminations. La présente publication s’appuie sur les connaissances accumulées dans ces études approfondies mais aussi sur d’autres travaux menés sur les questions d’intégration par la Division des migrations internationales de l’OCDE, notamment sur l’impact de la naturalisation et sur les résultats des enfants d’immigrés, nés et éduqués dans le pays de résidence. Elle élargit néanmoins le champ des analyses à des aspects de l’intégration pas uniquement liés au marché du travail.

  • Pour les pays de l’OCDE, l’intégration des immigrés et de leurs enfants est une question importante, tant d’un point de vue économique que social. Une participation active des immigrés et de leurs enfants au marché du travail et plus généralement à la vie de la cité est en effet une condition nécessaire pour assurer la cohésion sociale de la société d’accueil ainsi que pour garantir l’autonomie de ces populations et faciliter l’acceptation de nouveaux migrants par l’opinion publique. En outre, l’entrée de larges cohortes d’enfants d’immigrés d’âge actif requiert une bonne analyse de leur intégration économique et sociale et, le cas échéant, la mise en évidence des spécificités tenant à leurs origines immigrées.

  • Cette publication couvre les pays de l’OCDE. Toutefois, le Chili, la Corée et le Japon ne sont que très partiellement couverts dans les chapitres 2 à 9. Concernant les autres pays, les données d’enquête ne sont publiées que lorsque les tailles d’échantillon sont suffisantes.

  • La mise en œuvre de politiques d’intégration efficaces nécessite d’évaluer dans quelle mesure et, le cas échéant, pour quelles raisons les résultats des immigrés et de leurs enfants diffèrent de ceux d’un groupe de référence. La population immigrée est façonnée par les vagues migratoires successives de personnes ayant des origines et des qualifications très diverses et sa composition varie considérablement d’un pays à l’autre et à l’intérieur d’un même pays. Une présentation détaillée des caractéristiques socio-économiques des immigrés et de leurs enfants ainsi qu’une comparaison avec un groupe de référence sont des préalables à toute évaluation de leurs résultats. Les disparités de distribution par âge, niveau d’instruction et autres caractéristiques sociodémographiques entre la population cible et la population de référence peuvent rendre de simples comparaisons des résultats moyens des deux groupes difficiles à interpréter. Des aspects spécifiques à la population immigrée comme la maîtrise de la langue, le lieu d’obtention du diplôme le plus élevé, l’accès à l’information sur les débouchés professionnels et la connaissance des services de l’emploi et des services sociaux du pays de destination mériteraient d’être examinés même si les informations statistiques en la matière restent limitées.Si ces caractéristiques spécifiques aux immigrés peuvent parfois expliquer de moins bonnes performances que celles observées pour la population de référence, ce ne peut être le cas pour les enfants d’immigrés nés et éduqués dans le pays hôte. Or le succès de ces derniers constitue bien souvent la référence de toute intégration réussie de leurs parents. L’objectif de ce chapitre est de définir et de décrire les différents groupes de population examinés dans cette publication, à savoir la population immigrée (section 1.1) et les enfants nés dans le pays hôte de parents immigrés (section 1.2) et de comparer leurs caractéristiques sociodémographiques à celles d’une population de référence. La taille et la composition des ménages immigrés (section 1.3) sont également présentées. Tout au long de cette publication, il est fréquemment fait référence à ces données contextuelles pour expliquer certaines des différences observées entre les populations cible et de référence.

  • Le niveau de revenu et la richesse des ménages sont des éléments déterminants pour un large éventail de résultats socio-économiques, dans des domaines aussi divers que la santé, l’éducation et la participation civique. Le fait de ne pas avoir un revenu suffisant peut entraver l’autonomie des migrants et avoir, à terme, des conséquences sur la cohésion sociale. Au delà des niveaux de revenu absolus, la distribution du revenu des ménages détermine dans quelle mesure des groupes vulnérables, comme certains ménages immigrés, risquent de se retrouver marginalisés.La participation au marché du travail est le déterminant le plus important du niveau de revenu, tant pour les ménages immigrés que pour les autres ménages. Les salaires constituent, et de loin, la part la plus élevée du revenu des ménages, soit environ 75 % en moyenne dans la zone OCDE. Le revenu des ménages est aussi fortement déterminé par les caractéristiques sociodémographiques des membres du ménage, en particulier le niveau d’éducation et les compétences des adultes, le nombre total d’enfants, et la présence de jeunes enfants qui peut réduire la participation des femmes au marché du travail. Mais en même temps, les transferts sociaux ainsi que la fiscalité pesant sur le revenu et la richesse contribuent à modifier le profil de la distribution du revenu.Deux indicateurs sont présentés dans ce chapitre : la distribution du revenu disponible des ménages (indicateur 2.1) et le risque de pauvreté (indicateur 2.2). Pour une discussion sur ces indicateurs, se reporter à la section  Mesure  à la fin du chapitre.

  • Les caractéristiques socio-économiques des adultes (notamment leurs ressources financières) ainsi que la taille du ménage et sa composition comptent parmi les déterminants clés des conditions de logement. Les préférences des ménages (notamment en termes de localisation géographique et d’intention de s’installer dans le pays de destination) jouent aussi un rôle. Même quand les familles ont des ressources suffisantes pour vivre dans un logement adapté, elles peuvent choisir de donner la priorité à d’autres aspects de leur vie (éducation des enfants, proximité de services culturels, etc.) ou consacrer ces ressources à l’achat d’un logement dans le pays d’origine. La catégorie d’entrée des migrants est déterminante. En effet, le regroupement familial dépend souvent des moyens financiers du requérant principal, et toujours d’exigences minimum en termes de surface et/ou du nombre de pièces disponibles et de conditions sanitaires. Les immigrés récents, surtout ceux arrivés dans des conditions difficiles ou ceux qui ne possèdent pas de réseau familial ou professionnel, ont plus de risques de se retrouver dans des logements inadaptés.L’offre de logements et le prix des loyers jouent également un rôle clé dans la détermination des conditions de logement. La possibilité de bénéficier d’un logement social ou d’une allocation logement peut contribuer à réduire le coût du logement ou à améliorer son adéquation avec la taille du ménage. Les critères d’accès au logement social et à l’aide au logement font généralement intervenir la taille du ménage et le revenu disponible. Les demandes sont généralement traitées par ordre de soumission et les dossiers des immigrés récents se voient de fait attribuer une faible priorité.Enfin, le manque d’information sur le fonctionnement du marché locatif, l’existence de discrimination des propriétaires envers les familles immigrées, ainsi que les inégalités d’accès au crédit comptent aussi parmi les raisons qui font que les immigrés peuvent être plus exposés à des situations de mal logement.Trois indicateurs sont présentés dans ce chapitre : le mode d’occupation du logement (indicateur 3.1), les conditions physiques du logement (indicateur 3.2) et son coût (indicateur 3.3). Pour une discussion sur ces indicateurs, se reporter à la section  Mesure  à la fin du chapitre.

  • Les caractéristiques sociodémographiques, comme le sexe, l’âge, l’adoption de comportements à risques (abus d’alcool, tabagisme par exemple) ainsi que les conditions de vie et de travail, figurent parmi les déterminants les plus importants de la santé d’un individu. On s’attend à trouver un effet positif (Healthy migrant effect) dans les pays où l’essentiel de la migration est composé de migrants récents, plus jeunes en moyenne que la population autochtone. Cet effet positif est censé diminuer à mesure que la durée de séjour se prolonge. En outre, le pays d’origine des migrants et les conditions de la migration peuvent venir également nuancer l’impact positif de l’auto-sélection des immigrés sur les résultats en matière de santé. Certains groupes de migrants, tels que les réfugiés, sont particulièrement vulnérables et peuvent présenter plus de risques de souffrir de pathologies spécifiques ou de troubles mentaux. Plus généralement, le vécu migratoire peut être source de stress affectant les résultats en matière de santé des migrants de différentes manières, selon leur situation socio-économique dans le pays d’origine et leur degré d’intégration dans le pays d’accueil. Enfin, il existe généralement une corrélation positive entre, d’une part, le niveau d’éducation et le niveau de revenu et, d’autre part, l’état de santé.Ce chapitre analyse plusieurs aspects de l’état de santé auto-déclaré des populations autochtones et immigrées (indicateur 4.1) ainsi que les besoins médicaux non satisfaits (indicateur 4.2). Pour une discussion sur ces indicateurs, se reporter à la section  Mesure  à la fin du chapitre.

  • Les résultats scolaires sont étroitement liés aux performances sur le marché du travail ainsi qu’à certains aspects de l’intégration sociale. Le niveau d’études atteint par les immigrés ne peut être considéré comme un indicateur d’intégration étant donné que la plupart d’entre eux ont fait leurs études à l’étranger. En revanche, le niveau d’études atteint par les personnes nées dans le pays de parents immigrés, élevés et scolarisés dans ce pays, est un important marqueur d’intégration en raison des implications plus larges de l’éducation.Les compétences cognitives personnelles, l’environnement familial et le contexte socio-économique (en particulier le niveau d’études atteint par les parents) comptent parmi les plus importants déterminants des résultats de l’éducation des individus. La langue parlée à la maison est également un facteur clé qui affecte les compétences linguistiques des immigrés. En outre, d’autres éléments, comme le fait de fréquenter une école accueillant une forte proportion d’enfants issus de familles défavorisées sur le plan économique, tendent à se corréler avec de médiocres résultats scolaires. À l’inverse, la fréquentation précoce de structures pré-primaires d’éducation et d’accueil peut être un déterminant positif, en particulier pour les enfants issus de familles immigrées à faible niveau de revenu.Ce chapitre analyse la participation à l’éducation pré-primaire (indicateur 5.1), les compétences en compréhension de l’écrit à l’âge de 15 ans (indicateur 5.2) ainsi que le niveau d’études atteint (indicateur 5.3). Pour une discussion sur ces indicateurs, se reporter à la section  Mesure  à la fin du chapitre.

  • L’emploi constitue la principale source de revenu de la plupart des migrants. Toutefois, intégrer les immigrés et leurs enfants sur le marché du travail n’est pas seulement important du point de vue économique. Cela contribue aussi à favoriser (sans toutefois garantir) leur intégration dans la société dans son ensemble, par exemple en facilitant l’accès à des logements adaptés, l’acquisition de la langue du pays hôte et les contacts avec la population autochtone.Les migrants de travail sont toujours mieux placés sur le marché du travail que ceux entrés pour des raisons familiales ou humanitaires. Avec l’allongement de leur durée de séjour, les migrants acquièrent progressivement le capital humain nécessaire pour prendre pied sur le marché du travail. Une composante essentielle de ce capital humain spécifique au pays hôte est la connaissance de la langue de ce pays. La connaissance du fonctionnement du marché du travail et l’accès à des réseaux sont importants également.Les caractéristiques sociodémographiques, telles que le sexe, le niveau d’instruction et l’âge sont déterminantes. Les hommes ont en moyenne un taux d’emploi supérieur à celui des femmes ; un niveau d’instruction élevé facilite l’intégration des deux sexes sur le marché du travail ; la plus forte activité est atteinte entre 25 et 54 ans.La question de la transférabilité du capital humain des personnes nées dans le pays de parents immigrés ne se pose pas comme pour leurs parents dans la mesure où ils obtiennent leur diplôme dans le pays de résidence et en parlent la langue. Leurs résultats devraient être similaires à ceux des descendants d’autochtones présentant les mêmes caractéristiques sociodémographiques. Toutefois, ce n’est pas toujours le cas. Les réseaux et la connaissance spécifique du fonctionnement du marché du travail ne sont pas toujours suffisants dans les familles où les deux parents sont nés à l’étranger. En outre, certaines formes de discrimination à l’embauche peuvent se produire.Dans ce chapitre, trois indicateurs sont présentés : les taux d’emploi (indicateur 6.1), de chômage (indicateur 6.2) ainsi que la part du groupe NEET (indicateur 6.3). Pour une discussion sur ces indicateurs, se reporter à la section  Mesure  à la fin du chapitre.

  • Plusieurs caractéristiques de l’emploi doivent être considérées pour bien appréhender la qualité des emplois occupés et évaluer s’il existe des différences entre les populations immigrée et autochtone. Les aspects clés comprennent la stabilité de l’emploi, le nombre d’heures travaillées, la correspondance entre les qualifications et compétences et l’emploi occupé, la rémunération, l’incidence du travail indépendant et du travail dans le secteur public. Il est également important d’examiner la mesure dans laquelle la récente crise économique a affecté l’évolution des écarts entre les deux groupes.L’intégration sur le marché du travail, tant en termes d’accès que de qualité et de stabilité de l’emploi, est un processus qui s’inscrit dans le temps. À ce titre, la durée de séjour d’un immigré dans le pays est un déterminant essentiel du type d’emploi occupé, de même que les caractéristiques sociodémographiques du migrant, comme son âge et son niveau d’instruction. L’âge est important tant pour la stabilité que pour la qualité de l’emploi étant donné que l’expérience professionnelle est généralement fortement prisée sur le marché du travail. De la même façon, le niveau d’études atteint est à l’évidence un déterminant important du type d’emploi occupé. Pour les migrants ayant obtenu leur diplôme le plus élevé à l’étranger, la reconnaissance de leurs qualifications formelles par le pays de destination peut donner aux employeurs un signal positif concernant les compétences de cette population, et contribuer à réduire le déclassement.Dans ce chapitre, la stabilité de l’emploi est examinée en termes de situation contractuelle (emploi temporaire versus emploi permanent – indicateur 7.1). Le degré d’utilisation de la force de travail des migrants sur le marché de travail est d’abord estimé par le nombre d’heures travaillées (indicateur 7.2). Le niveau de qualification des emplois est ensuite examiné (indicateur 7.3) avant d’aborder la question de l’adéquation entre le niveau de compétences requis par l’emploi et les qualifications de l’individu (indicateur 7.4). L’incidence du travail indépendant est ensuite présentée (indicateur 7.5). Enfin, la part de l’emploi dans le secteur public est examinée (indicateur 7.6). Pour une discussion sur ces indicateurs, se reporter à la section  Mesure  à la fin du chapitre.

  • Prendre une part active à la vie de la société est probablement l’un des meilleurs indicateurs de l’intégration. Cela montre dans quelle mesure un immigré s’est installé et a pu dépasser les contingences matérielles pour élargir son engagement dans la société. C’est un marqueur d’intégration, en ce sens qu’il montre l’intérêt que portent les migrants au fonctionnement de leur société, leur capacité et leur volonté de faire entendre leur voix. Les dimensions permettant de juger dans quelle mesure les migrants se sentent impliqués dans la société incluent la participation à des activités sociétales volontaires au sens large, ce qui inclut l’adhésion et la participation à des associations, le travail bénévole et, dans le cas où ils y sont autorisés, l’adhésion à des syndicats ou à des partis politiques. La participation politique est une dimension de l’implication dans la société. Toutefois, cette dimension ne concerne que les immigrés ayant obtenu la citoyenneté de leur pays de résidence.Le degré de confiance dans les institutions comme l’école, la police et la justice est étroitement lié à la volonté d’un individu de prendre une part active à la société. La citoyenneté est également un élément déterminant étant donné que les étrangers n’ont pas toujours les mêmes droits civiques que les citoyens. Les caractéristiques sociodémographiques, telles que l’âge, le revenu et l’éducation jouent un rôle. La participation à des activités civiques tend à augmenter avec la durée de séjour. La maîtrise de la langue est aussi un facteur car elle détermine l’aptitude de la personne à faire entendre sa voix dans le débat public.Dans ce chapitre, sont successivement examinées l’acquisition de la nationalité (indicateur 8.1), à la fois en termes d’effectifs (nombre de nationaux dans la population immigrée totale) et de flux (taux de naturalisation) puis la participation aux élections pour ceux ayant acquis la nationalité du pays hôte (indicateur 8.2). Pour une discussion sur ces indicateurs, se reporter à la section  Mesure  à la fin du chapitre.

  • Dans l’ensemble des pays de l’OCDE, plusieurs indicateurs de l’intégration des immigrés et de leurs enfants semblent indiquer que ces populations restent désavantagées vis-à-vis des personnes nées dans le pays de résidence. Au nombre des difficultés qu’elles rencontrent figurent, par exemple, les perspectives d’emploi ou les conditions de logement. Une partie d’entre elles seulement s’expliquent par des disparités d’ordre socio-économique, telles que l’âge, le niveau d’études, les revenus ou l’expérience professionnelle. Les difficultés persistent même si l’on prend en compte ces facteurs, y compris pour les enfants d’immigrés, nés et scolarisés dans le pays de résidence, qui ne devraient pas, en principe, se heurter aux mêmes obstacles que leurs parents (voir OCDE, 2007 ; OCDE, 2008a ; OCDE, 2012). L’une des causes possibles de la persistance de ces difficultés pourrait être la discrimination à l’encontre des immigrés et de leurs descendants. Ce chapitre propose un aperçu des concepts et des données disponibles sur la question de la discrimination perçue ou vécue par les immigrés et leurs enfants.