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  • L’expansion économique de ces dernières décennies s’est accompagnée de préoccupations environnementales croissantes à l’échelle mondiale, concernant notamment le changement climatique, la sécurité énergétique et la raréfaction des ressources. Les industries manufacturières ont récemment réagi à cette nouvelle donne en s’intéressant davantage à la production (ou fabrication) durable et en prenant différentes initiatives dans le domaine de la responsabilité sociale. Les progrès réalisés restent toutefois insuffisants face à ces lourds enjeux, et les gains d’efficience obtenus dans certaines régions se trouvent dans bien des cas contrebalancés par la hausse de la consommation et de la croissance dans d’autres.

  • Au moment où le monde sort de la pire crise financière et économique de l’histoire récente, ses dirigeants subissent des pressions croissantes en faveur d’une réduction radicale des émissions de gaz à effet de serre et d’une prise en compte du changement climatique. Les périodes de récession ont souvent été, par le passé, des tremplins de la rénovation ; la crise actuelle est une excellente occasion pour l’économie mondiale de se réorienter. Seules de nouvelles politiques et de nouveaux cadres d’action pourront restaurer une croissance économique durable, prévenir la dégradation de l’environnement et améliorer la qualité de la vie. L’innovation sera l’une des clés qui permettront de mettre les pays sur le chemin d’une croissance plus durable, plus réfléchie et plus verte.

  • Par la mise en place de pratiques productives efficientes et le développement de produits et services qui contribuent à atténuer leurs répercussions négatives sur l’environnement, les industries manufacturières sont susceptibles d’oeuvrer puissamment en faveur de l’avènement d’une société durable. Il leur faudra pour cela adopter une démarche économique plus globale plaçant les aspects environnementaux et sociaux sur le même pied que les préoccupations économiques.

  • Ce chapitre présente les notions de production durable et d’écoinnovation. Il étudie leur relation afin de faciliter l’analyse des initiatives manufacturières intéressant le développement durable. Chaque évolution de ces initiatives – de la lutte classique contre la pollution et d’une production moins polluante à l’élaboration de nouveaux modèles économiques et d’écoparcs industriels – peut être comprise comme un progrès imputable à l’éco-innovation. La mise en application du concept d’éco-innovation permet d’espérer l’avènement d’une production industrielle plus durable et la prise en charge de défis mondiaux pressants tels que le changement climatique.

  • Afin de clarifier les contextes et processus générateurs d’éco-innovation, ce chapitre passe en revue quelques exemples de solutions éco-innovantes développées dans trois secteurs : automobile et transports, sidérurgie, électronique. Dans ces secteurs d’activité, l’éco-innovation repose avant tout sur des avancées technologiques qui prennent la forme de modifications ou de reconceptions de produits ou procédés. Toutefois, certains acteurs ont commencé à explorer des voies d’éco-innovation plus systémiques en appliquant de nouveaux modèles économiques ou en se tournant vers d’autres modalités de prestation. Les changements structurels et organisationnels fonctionnent comme des moteurs essentiels du développement technologique.

  • Les mesures aident les entreprises manufacturières à définir des objectifs spécifiques et à suivre les progrès accomplis en faveur d’une production durable. Le présent chapitre analyse les séries d’indicateurs existantes qui les aident à suivre et étalonner leur performance environnementale. Il n’existe pas de série idéale d’indicateurs capable de couvrir tous les aspects que les entreprises doivent traiter pour faire évoluer leurs processus et procédés de production et leurs produits et services. Une panoplie adaptée d’éléments issus de séries existantes d’indicateurs pourrait les aider à se faire une idée plus complète et plus juste de l’impact qu’elles exercent au plan économique, environnemental et social tout au long de la chaîne de valeur et du cycle de vie des produits.

  • Les mesures quantitatives peuvent revêtir une grande importance pour comprendre toute la complexité et toute la diversité de l’éco-innovation. Nous passons en revue dans ce chapitre les méthodes de mesure de l’éco-innovation au niveau macroéconomique, et en analysons les forces et les faiblesses. L’appréhension des modalités globales de l’écoinnovation posant de sérieuses difficultés, il importe de recourir à différentes méthodes analytiques – le cas échéant en les combinant – et de s’informer à différentes sources (génériques comme issues d’enquêtes ad hoc) en tenant bien compte de leur contexte.

  • Une intégration plus étroite des politiques de l’innovation et de l’environnement permettrait d’atteindre simultanément d’ambitieux objectifs environnementaux et socioéconomiques, tout en mettant à profit les nouveaux débouchés offerts par une éco-industrie en pleine croissance. Ce chapitre passe en revue les stratégies nationales et les grandes initiatives actuelles en matière d’éco-innovation dans dix pays de l’OCDE (Allemagne, Canada, Danemark, États-Unis, France, Grèce, Japon, Royaume-Uni, Suède et Turquie) décrites par les réponses fournies à une enquête par questionnaire. Variées par leur orientation et leur nature, ces stratégies et initiatives comportent des mesures visant tant l’offre que la demande. Une compréhension plus fine des interactions existant entre l’offre et la demande sera nécessaire pour, à l’avenir, bien doser les politiques propices à l’écoinnovation.

  • Ce chapitre synthétise en neuf messages essentiels les constats des cinq chapitres précédents. Il détaille les domaines prometteurs pour les prochaines phases du projet de l’OCDE sur la production durable et l’éco-innovation et présente les recommandations formulées par son Groupe consultatif d’experts. Celles-ci concernent deux grands thèmes de travail : i) améliorer la clarté et la cohérence des indicateurs de la production durable afin de soutenir les efforts des industriels ; et ii) pallier la compréhension lacunaire de l’éco-innovation à l’aide d’études de cas et orienter les politiques publiques innovantes en mettant en commun les pratiques optimales, les visions stratégiques à long terme et les évaluations comparatives.