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  • La récente crise de l’emploi a durement frappé les jeunes. Dans la zone OCDE, le taux de chômage des jeunes avoisine 20 % et devrait rester élevé bien après le début de la reprise économique. Faire face à la perte de son emploi alors que le marché du travail est atone – et que les offres d’emploi sont rares et que la compétition est intense entre demandeurs d’emploi – est difficile pour n’importe qui. Cependant, pour les jeunes travailleurs et plus particulièrement pour les plus défavorisés, l’impossibilité de trouver ou de conserver un premier emploi peut avoir des conséquences négatives à long terme sur leurs perspectives de carrière, susceptibles, selon certains experts, de les « stigmatiser ».

  • Au cours des dix années qui ont précédé la récession économique mondiale de 2008-09, les conditions se sont sensiblement améliorées sur le marché du travail des jeunes, comme en témoigne la baisse du taux de chômage moyen des jeunes dans les pays de l’OCDE de 16 % au milieu des années 90 à 14 % au milieu des années 2000. Cette baisse masque toutefois des écarts importants entre les pays : l’Australie, le Canada, le Danemark, la Norvège, la Nouvelle-Zélande et les Pays-Bas affichent les meilleurs résultats parmi les 16 pays de l’OCDE qui ont participé à l’examen thématique Des emplois pour les jeunes. Ces pays se distinguent par un marché du travail particulièrement dynamique pour les jeunes, caractérisé par des taux d’emploi supérieurs à la moyenne et une très faible incidence du chômage de longue durée.

  • Les jeunes représentent un atout crucial pour toute société, notamment pour les sociétés confrontées au vieillissement rapide de leur population active. C’est pourquoi il est essentiel de renforcer les politiques qui accompagnent les jeunes dans le passage de l’école à la vie active, afin d’établir les bases d’une carrière réussie. Pour les pouvoirs publics des pays de l’OCDE, la question est de savoir si le système éducatif prépare correctement les jeunes et si les institutions sociales et du marché du travail actuelles sont adaptées à leurs besoins. Les principales parties prenantes sont convaincues de la nécessité de mieux coordonner les instances éducatives, sociales et du marché du travail, de manière à optimiser les chances des jeunes.

  • La récession 2008-09 et la crise de l’emploi qu’elle a engendrée ont eu de graves répercussions sur le chômage des jeunes. Dans la zone OCDE, le taux de chômage des jeunes a atteint 19 % en 2010, soit son plus haut niveau depuis la guerre. En dépit de la reprise qui s’amorce, le chômage des jeunes ne devrait diminuer que très progressivement. Les mesures d’assainissement des finances publiques adoptées par un nombre croissant de pays de l’OCDE représentent un véritable défi et impliquent des politiques mieux conçues et plus ciblées. Aujourd’hui plus que jamais, il est impératif de faciliter la transition de l’école à l’emploi et d’améliorer les perspectives de tous les jeunes sur le marché du travail. Si ces objectifs n’étaient pas atteints et le nombre de jeunes défavorisés augmentait sensiblement, le danger consisterait à laisser à l’écart un noyau dur important de jeunes en les stigmatisant, sans améliorer les perspectives à long terme des jeunes sur le marché du travail.

  • Les jeunes représentent un atout essentiel dans tous les pays. Il existe néanmoins des disparités notables d’un pays à l’autre quant à la situation des jeunes sur le marché du travail. Étant donné que ces derniers forment une catégorie très hétérogène, cette hétérogénéité doit être prise en compte dans toute stratégie destinée à améliorer leurs perspectives d’emploi. Quelques pays ont bien mieux réussi que d’autres à limiter les répercussions de la crise sur le chômage des jeunes et semblent être beaucoup mieux positionnés pour la reprise. Si certains d’entre eux sont entrés dans la crise alors que leur situation était relativement favorable, d’autres ont adopté des politiques efficaces pour aider les jeunes à faire face à la crise.

  • La transition de l’école à l’emploi est plus difficile dans les pays où le modèle dominant consiste à « étudier d’abord, puis travailler » et plus aisée dans les pays où il est fréquent d’associer études et travail. Il existe de multiples parcours entre l’école et l’emploi, illustrant réussites et échecs. Deux groupes de jeunes sont plus particulièrement confrontés à des difficultés structurelles pour obtenir un emploi stable après la fin de leur scolarité, à savoir les groupes des « jeunes laissés pour compte » et des « débutants en mal d’insertion ». Des dispositifs à l’intention du premier groupe devraient l’aider à acquérir les compétences nécessaires sur le marché du travail, tandis que les mesures destinées au deuxième groupe devraient éliminer les obstacles sur le front de la demande pour l’emploi des jeunes. La crise de l’emploi en cours entraîne des pressions encore plus grandes sur ces deux groupes de jeunes défavorisés, dont les rangs pourraient grossir.

  • La crise a une nouvelle fois montré que l’un des principaux problèmes structurels sur le marché du travail des jeunes est lié à l’enseignement et la formation. Certains jeunes quittent, en effet, le système scolaire et accèdent au marché du travail sans diplôme reconnu et/ou avec des compétences qui ne correspondent pas aux besoins du marché du travail. Il est donc nécessaire d’y remédier par des mesures qui pourraient être bénéfiques à la fois pendant et après la crise. Dans de nombreux pays, des mesures doivent être prises à plusieurs niveaux, en particulier pour garantir des programmes de formation de qualité pour les jeunes en décrochage scolaire. Les actions menées dans les pays de l’OCDE devraient tendre vers trois objectifs : i) réduire le nombre de jeunes en décrochage scolaire ; ii) promouvoir la possibilité de travailler tout en poursuivant des études ; et iii) offrir à chaque jeune une deuxième chance à la qualification. Des mesures prometteuses et innovantes mises en oeuvre récemment dans les pays de l’OCDE visent à empêcher les jeunes d’abandonner leurs études, à aider les étudiants et les diplômés à être mieux préparés pour entrer sur le marché du travail et à promouvoir des possibilités d’apprentissage performantes pour les jeunes, en particulier ceux issus des groupes défavorisés.

  • De nombreux obstacles structurels à l’emploi des jeunes sont liés à la demande de maind’oeuvre. La suppression de ces obstacles passe par des mesures provisoires durant la période de crise de l’emploi, mais aussi par des réformes structurelles dont les bénéfices pourraient se faire sentir bien au-delà de la crise. Dans de nombreux pays, des initiatives sont nécessaires dans plusieurs domaines. Les mesures et les pratiques novatrices récentes mises en oeuvre dans les pays de l’OCDE portent sur trois domaines : i) investir dans des fonds permettant aux jeunes d’acquérir de nouvelles compétences pour de nouveaux emplois ; ii) réduire le coût associé à l’emploi des jeunes peu qualifiés ; et iii) poursuivre les efforts pour réduire globalement la segmentation du marché du travail.

  • Le risque de voir émerger une « génération sacrifiée » à la suite de la récession de 2008- 09 a incité de nombreux pays à intervenir vigoureusement sur le marché du travail des jeunes. Les pouvoirs publics doivent prendre aujourd’hui des décisions difficiles pour garantir une reprise économique riche en emplois pour les jeunes, dans le contexte d’une croissance modérée et incertaine et de la hausse des pressions fiscales. À court terme, le principal objectif est de s’assurer que les jeunes travailleurs et ceux qui sortent de l’école restent proches du marché du travail. Dans cette situation, il est primordial que les pouvoirs publics continuent de prendre des mesures décisives pendant la reprise afin d’intensifier l’aide et l’orientation professionnelle en direction des jeunes qui rencontrent des difficultés pour trouver du travail, de soutenir les jeunes travailleurs qui ont perdu leur emploi et de cibler des programmes actifs et efficaces du marché du travail sur les plus défavorisés d’entre eux.

  • Il est nécessaire d’oeuvrer sur de nombreux fronts pour aider les jeunes à s’insérer durablement sur le marché du travail. La réussite tient à la fois à des politiques de fond et à une bonne mise en oeuvre au niveau local, ce qui demande l’implication active des différents acteurs. Il convient d’intervenir dès la petite enfance et, plus particulièrement, de s’assurer que les enfants issus de familles défavorisées et/ou de l’immigration/des minorités ont accès à des services d’éducation préscolaire de qualité. Par ailleurs, pour garantir la pérennité des bénéfices apportés par ces interventions précoces, il importe de fournir à ces enfants et à leurs familles l’aide nécessaire pour faciliter leur progression au sein du système éducatif. Dans la même optique, les mesures individuelles de suivi ciblées sur les jeunes défavorisés qui sont parvenus à s’insérer sur le marché du travail doivent être maintenues pendant une durée donnée. Les pouvoirs publics ne pouvant oeuvrer de manière isolée, la coordination des aides et des incitations doit être assurée par l’ensemble des parties prenantes, les employeurs, les syndicats et les ONG, ainsi que par les jeunes eux-mêmes. Il convient d’élaborer un train de mesures coordonné et complet dans les domaines de l’éducation, de la protection sociale et du marché du travail, mesures qui doivent être mises en oeuvre conjointement par toutes les parties prenantes.