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  • S’attaquer aux problèmes de santé mentale au sein de la population d’âge actif devient un enjeu essentiel pour les politiques sociales et du marché du travail dans les pays de l’OCDE. C’est une question qui a trop longtemps été négligée, reflétant la honte, les peurs et les tabous qui se rattachent aux troubles mentaux. Les possibilités d’emploi des personnes en mauvaise santé mentale sont faibles, celles qui exercent un emploi rencontrent souvent des difficultés au travail, et les cas d’invalidité pour raison de mauvaise santé mentale sont fréquents et en augmentation. Les pouvoirs publics de l’OCDE prennent de plus en plus conscience que cette situation n’est pas tenable et qu’ils doivent intervenir pour y remédier.

  • Les coûts d’une mauvaise santé mentale pour les individus concernés, les employeurs et la société au sens large sont considérables. Une estimation prudente de l’Organisation internationale du travail les chiffre à 3-4 % du PIB de l’Union européenne. La plupart de ces coûts se manifestent en dehors de la sphère de la santé. La maladie mentale est à l’origine de pertes considérables de main-d’oeuvre potentielle, de taux de chômage élevés, d’une forte incidence de l’absentéisme pour maladie et d’une moindre productivité au travail.

  • Ce chapitre passe en revue les questions de méthode et de mesure, et présente les grandes problématiques qui doivent être étudiées. Les troubles mentaux sont mesurés à partir d’enquêtes nationales sur la santé comportant des questions fiables sur la santé mentale. Une méthode transparente est employée pour obtenir des résultats comparables à partir de questions différentes, en mettant à profit les conclusions des études épidémiologiques réalisées sur la prévalence des troubles mentaux. Il apparaît ainsi que 5 % environ de la population en âge de travailler présentent des troubles mentaux graves et que 15 % sont atteints de troubles mentaux courants. Ces deux groupes doivent faire l’objet de mesures ciblées de la part des pouvoirs publics. Les caractéristiques des troubles mentaux sont ensuite étudiées, par exemple leur apparition très précoce et ses conséquences pour l’action publique. Le défi majeur auquel il faut s’attaquer concerne l’exclusion professionnelle croissante pour cause de troubles mentaux, alors que rien n’indique que la prévalence de ces troubles ait augmenté. Un cadre d’élaboration des politiques est proposé, à partir de deux aspects : le degré de gravité des troubles mentaux et la situation de la personne sur le plan de l’emploi.

  • Ce chapitre étudie le lien entre santé mentale et emploi et présente de nouvelles données sur la situation des personnes souffrant de problèmes de santé mentale sur le marché du travail dans plusieurs pays de l’OCDE. Il montre qu’en dépit des effets bénéfiques de l’emploi sur la santé mentale, trop de personnes atteintes de troubles mentaux sont actuellement sans emploi. Les individus atteints de troubles mentaux graves ont 6 à 7 fois plus de chances d’être au chômage que les individus sans problème de santé mentale, contre 2 à 3 fois plus pour les personnes souffrant de troubles mentaux courants. Toutefois, les éléments présentés dans ce chapitre donnent aussi à penser que les personnes atteintes de troubles mentaux sont plus nombreuses à occuper un emploi qu’on ne le croit. Il est donc urgent de s’attaquer aux problèmes de santé mentale dans les entreprises, étant donné que nombre d’emplois ou de tâches particulières peuvent être sources de tension et aggraver les problèmes de santé mentale. Les pouvoirs publics doivent donc veiller à ce que les travailleurs souffrant de troubles mentaux puissent conserver leur emploi et accomplir un travail productif. Or, pour y parvenir, il est nécessaire de prendre des mesures pour améliorer la qualité des emplois et des conditions de travail et de proposer aux dirigeants d’entreprises une aide efficace pour empêcher toute exclusion injustifiée du marché du travail.

  • Ce chapitre traite des liens existant entre le traitement thérapeutique et l’emploi des personnes souffrant de problèmes mentaux, à la fois sous l’angle des traitements individuels et dans la perspective plus large du système de santé mentale. Les dernières décennies ont été marquées par l’apparition de traitements médicaux et psychologiques efficaces et le développement de systèmes de santé mentale différenciés et de proximité. Toutefois, ces avancées n’ont pas encore permis d’améliorer sensiblement l’insertion professionnelle des personnes atteintes de troubles mentaux, ni de leur apporter l’indépendance financière. Les données disponibles montrent qu’il existe de nombreuses raisons à cela : l’insuffisance encore très généralisée des traitements, ou le traitement tardif de ces personnes ; certaines caractéristiques intrinsèques des troubles mentaux, même les plus légers, telles que la comorbidité, la chronicité et le rôle de la personnalité ; ainsi que le manque de collaboration entre le système de santé, les employeurs et les autres parties concernées. Enfin, alors que les facteurs socio-économiques ont une influence majeure sur la plupart des troubles mentaux, les questions d’emploi sont singulièrement négligées par la thérapeutique.

  • Ce chapitre examine le rôle et les évolutions récentes des différentes composantes des régimes de prestations, ainsi que le niveau d’utilisation et l’efficacité des services du marché du travail. Il constate que les prestations autres que d’invalidité – allocations de chômage et aide sociale, principalement – jouent un rôle important, en particulier auprès des personnes qui souffrent de troubles mentaux courants. Le fonctionnement de ces régimes, et en particulier leur capacité à déterminer les problèmes de santé mentale du client et l’aide dont il a besoin, sont donc déterminants pour les résultats d’ensemble. S’agissant du régime de pension d’invalidité, les résultats indiquent que la part croissante des demandes de pension motivées par des troubles mentaux résulte dans une large mesure du fait que : i) les troubles mentaux sont considérés comme un frein à l’emploi ; et que ii) parmi les personnes souffrant d’affections comorbides, la composante psychique des problèmes de santé est de plus en plus fréquemment considérée comme la cause première d’incapacité. Quant à l’efficacité des services de l’emploi, il est fait observer en conclusion que les systèmes ne parviennent pas à assurer la prestation des services aux personnes atteintes de troubles mentaux en temps opportun.

  • Ce chapitre porte sur un certain nombre de problématiques liées à l’état de santé mentale des jeunes. L’apparition précoce des troubles mentaux (autour d’un âge médian de 14 ans, tous troubles mentaux confondus) souligne l’importance de la prévention et des actions précoces afin d’éviter que les problèmes de santé mentale n’affectent le développement personnel et la scolarité des enfants et des adolescents, et par conséquent, leur vie sociale et professionnelle en tant qu’adultes. La possibilité que le système éducatif serve à promouvoir la santé mentale et à prévenir les troubles mentaux est étudiée, de même que les difficultés auxquelles sont confrontés les systèmes de soutien pendant le passage de l’adolescence à l’âge adulte et à la vie active. Le manque de sensibilisation à ces problèmes et le refus d’en parler constituent des obstacles majeurs à des actions plus efficaces et à un meilleur taux de traitement précoce. Autre difficulté dans de nombreux pays : le nombre élevé et croissant de jeunes adultes bénéficiaires d’une pension d’invalidité, alors qu’ils n’ont que peu ou pas d’expérience professionnelle. Ce phénomène souligne à quel point il est important de mettre en oeuvre des mesures pluridisciplinaires et bien coordonnées entre les secteurs de l’éducation, de la santé et le marché du travail.

  • Ce chapitre résume les principaux résultats du rapport et réunit des éléments nouveaux qui remettent en cause certains mythes et tabous qui entourent la mauvaise santé mentale en lien avec le travail. Les personnes souffrant de troubles mentaux graves sont trop souvent évincées du marché du travail et ont besoin d’aide pour trouver un emploi durable. Néanmoins, la plupart des personnes touchées par des troubles mentaux courants ont un emploi mais éprouvent des difficultés dans leur travail. Elles ne reçoivent ni traitement ni aide au travail, et sont donc exposées à un risque élevé de perdre leur emploi et d’être définitivement exclues du marché du travail. Par conséquent, l’action publique devra être réorientée dans différentes directions : des troubles mentaux graves vers les troubles courants et infracliniques ; des inactifs vers les personnes exerçant un emploi ; et de la réaction à la prévention des problèmes.