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  • L’écart continue de se creuser entre riches et pauvres. Au cours des décennies ayant précédé la Grande récession, la croissance économique bénéficiait déjà de manière disproportionnée aux catégories à haut revenu, tandis que les ménages à bas revenu étaient laissés pour compte. Depuis la crise, les disparités se sont aggravées, et dans de nombreux pays de l’OCDE, les inégalités atteignent désormais leur plus haut niveau depuis que des données sont recueillies. Ce creusement de long terme des inégalités de revenu suscite non seulement des inquiétudes de nature sociale et politique, mais il engendre également des préoccupations d’ordre économique : les inégalités de revenu ont tendance à peser sur la croissance du PIB, sous l’effet de la distance toujours plus grande entre les 40 % les moins riches et le reste de la société. La question de savoir comment inverser cette tendance et promouvoir des opportunités pour tous figure désormais au premier rang des priorités des gouvernements dans de nombreux pays.

  • Dans la plupart des pays, l’écart entre riches et pauvres n’a jamais été aussi grand depuis trente ans. Aujourd’hui, dans les pays de l’OCDE, les 10 % les plus riches ont un revenu 9.6 fois supérieur aux 10 % les plus pauvres. Dans les années 80, ce rapport était de 7 à 1, puis de 8 à 1 dans les années 90 et de 9 à 1 dans les années 2000. Dans plusieurs économies émergentes, notamment en Amérique latine, les inégalités de revenu se sont réduites, mais les écarts demeurent généralement plus grands que dans les pays de l’OCDE. Pendant la crise, les inégalités de revenu ont continué à se creuser, essentiellement sous l’effet du recul de l’emploi. Les mécanismes de redistribution, par le biais des prélèvements et des prestations, compensent en partie les inégalités, mais le revenu réel des ménages situés au bas de l’échelle a nettement reculé dans les pays les plus durement touchés par la récession.

  • Le présent chapitre rassemble des données venant illustrer les tendances à long terme ainsi que l’évolution plus récente des inégalités de revenu et dresse la synthèse des principaux messages émanant des chapitres de fond contenus dans ce rapport. Il met en particulier en lumière la façon dont les inégalités nuisent à la croissance, les répercussions de l’emploi des femmes et de l’évolution du type des emplois sur les inégalités, et l’ampleur de la concentration du patrimoine et de l’endettement. Il examine les mesures individuelles mais plus particulièrement les programmes d’action favorables à la fois à l’égalité et à la croissance en s’attachant à quatre domaines principaux : participation des femmes, mesures en faveur de l’emploi et qualité des emplois, compétences et éducation, et prélèvements et prestations.

  • Le présent chapitre utilise des données harmonisées couvrant les pays membres de l’OCDE sur les 30 dernières années pour examiner, dans un premier temps, si les disparités de revenu ont un impact sur la croissance future. Il considère en particulier les conséquences pour la croissance des disparités de revenu à différents niveaux de leur distribution, en utilisant les indicateurs des inégalités « au sommet » et « à la base » de la distribution. Le chapitre examine ensuite la « théorie de l’accumulation du capital humain », qui décrit l’un des principaux circuits par lesquels les inégalités sont réputées avoir un impact sur la croissance économique. En partant de l’analyse des microdonnées du Programme international pour l’évaluation des compétences des adultes (PIAAC), il examine les conséquences des disparités de revenu pour le développement des compétences des personnes dont les parents ont des niveaux d’études différents tant en termes quantitatifs (nombre d’années de scolarité) que qualitatifs (maîtrise des compétences).

  • Le présent chapitre examine la répartition des revenus durant la récente crise financière et économique mondiale et la période d’assainissement des finances publiques qui l’a suivie. Il décrit en particulier l’évolution des inégalités de revenu marchand et de revenu disponible. Il analyse les facteurs des inégalités de rémunération en décomposant les effets de l’emploi et des rémunérations. Il examine la redistribution des revenus par le biais des impôts et des prestations, ainsi que le rôle de stabilisateur automatique de ces derniers et leur impact sur les inégalités de revenu. Il considère ensuite l’évolution des taux de pauvreté relative et des taux de pauvreté ancrée, ainsi que l’évolution des taux de pauvreté par groupe d’âge. Il résume pour finir des analyses détaillées des réformes des impôts et des prestations mises en oeuvre dans dix pays membres de l’OCDE dans le cadre des programmes de relance et d’assainissement budgétaires, ainsi que l’impact et l’incidence de ces mesures sur le revenu des ménages.

  • Le présent chapitre porte sur les conséquences de l’évolution du travail atypique sur les inégalités de revenu du travail individuel et des ménages. Il présente les caractéristiques sociodémographiques des travailleurs atypiques avant d’examiner la contribution de l’emploi atypique à l’évolution globale de l’emploi. Il démontre que dans une majorité de pays de l’OCDE, des emplois standard ont disparu au milieu de la distribution des salaires et des compétences, tandis que les emplois atypiques ont contribué à une progression de l’emploi aux deux extrémités de cette distribution. Les emplois atypiques sont généralement moins bien rémunérés que les emplois standard, en particulier à l’extrémité inférieure de la distribution du revenu du travail, ce qui creuse les inégalités de revenu du travail. Le chapitre examine ensuite l’effet du travail atypique sur le revenu des ménages et montre que les travailleurs atypiques qui vivent seuls ou avec d’autres travailleurs atypiques ont une plus forte probabilité de disposer d’un revenu faible et sont plus exposés au risque de pauvreté. Enfin, le chapitre analyse les incitations au travail et les effets du système de prélèvements et de prestations sur le montant du revenu. Il constate que certains travailleurs atypiques, par exemple les travailleurs indépendants, relèvent souvent de règles législatives spécifiques et que le système de prélèvements et de prestations réduit les écarts de pauvreté pour les travailleurs atypiques mais a des effets désincitatifs qui dissuadent les inactifs d’accéder à l’emploi.

  • Le présent chapitre expose dans un premier temps l’évolution des inégalités entre les hommes et les femmes en termes d’emploi et de revenu avant de s’intéresser à la dispersion de leurs revenus du travail. L’analyse qu’il contient montre que les inégalités de revenu individuel sont dues principalement à une dispersion accrue des salaires parmi les personnes qui travaillent à temps plein en année complète. S’intéressant ensuite à la situation au niveau des ménages, il examine quel effet a eu l’évolution de l’intensité de travail et de la qualification des emplois des femmes sur le niveau des inégalités de revenu des ménages. Les changements survenus dans l’emploi des femmes ont eu pour effet global de favoriser une plus grande égalité dans la distribution du revenu.

  • Le présent chapitre décrit la distribution du patrimoine des ménages dans 18 pays de l’OCDE, à l’aide d’une base de données constituée selon un ensemble de conventions et de classifications communément admises. Les stocks de patrimoine des ménages et leur degré de concentration sont comparés d’un pays à l’autre. Cette analyse met en lumière les caractéristiques démographiques des ménages qui détiennent un patrimoine, la composition de leurs actifs, leurs dettes ainsi que le niveau de surendettement des ménages à revenu faible et intermédiaire. L’évolution de la distribution du patrimoine depuis le début de la crise est examinée dans un sous-ensemble de pays.

  • On s’intéressera dans ce chapitre aux inégalités de revenu et à la redistribution par la fiscalité dans les pays émergents. Dans une première partie, on décrira le niveau général et l’évolution des inégalités ainsi que des dépenses sociales et de la fiscalité dans quelques pays émergents en les comparant à ceux généralement observés dans la zone OCDE. On mettra aussi en lumière certaines politiques redistributives récemment mises en oeuvre dans de grands pays émergents et des pays partenaires clés de l’OCDE. Dans la deuxième partie de ce chapitre, on analysera en profondeur la redistribution dans sept pays à revenu intermédiaire qui participent au projet Commitment to Equity (CEQ) : Afrique du Sud, Brésil, Chili, Colombie, Indonésie, Mexique et Pérou. À l’aide de la méthode d’analyse de l’incidence fiscale, on étudiera l’effet redistributif et l’effet sur la pauvreté de la politique fiscale (impôts directs, prestations monétaires, impôts indirects nets et avantages en nature sous forme de services d’éducation et de santé).