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  • En 2012, l’OCDE a lancé les Examens multidimensionnels par pays. Ce nouvel instrument vise à aider les pays à réaliser une croissance économique inclusive, équitable et durable qui puisse permettre d’améliorer le bien-être des citoyens. Les Examens multidimensionnels identifient et analysent les contraintes majeures au développement et formulent des recommandations concrètes d’orientation des politiques, tout en accordant une attention particulière aux questions transversales et multidimensionnelles.

  • La Côte d’Ivoire connaît une phase de relance économique marquée depuis la fin de la crise ivoirienne en 2010-11. Toutefois, ces développements économiques favorables ne se sont pas traduits par une amélioration des conditions de vie de la population. Ainsi, bien que les Ivoiriens soient optimistes quant aux conditions de vie futures, la satisfaction à l’égard des conditions de vie actuelles est modérée. Le gouvernement de Côte d’Ivoire a pris la mesure de ce défi et est déterminé à atteindre une croissance durable et inclusive. Les nombreuses actions et réformes déjà entreprises témoignent de cette volonté politique forte et s’inscrivent dans l’objectif national d’atteinte de l’émergence par la Côte d’Ivoire en 2020.

  • Avec des taux de croissance proches de 10 % en 2012 et en 2013, la relance économique de la Côte d’Ivoire est principalement portée par les investissements publics, mais plusieurs enjeux subsistent. D’une part, il s’agira de rendre cette croissance durable pour parvenir à l’émergence. Le redémarrage de la productivité du travail observé depuis 2011 devra donc s’inscrire dans la durée, tout en s’accompagnant d’une réallocation du travail de l’agriculture vers l’industrie et les services et de l’accroissement du stock de capital humain. D’autre part, la croissance devra être inclusive. En effet, la forte croissance économique de ces dernières années tarde à se répercuter sur le bien-être des populations. Le revenu par habitant a faiblement progressé ces dernières années, le marché de l’emploi est dominé par la précarité et les conditions de logement restent vétustes. Même si le contexte sécuritaire s’est récemment amélioré, la qualité de vie des Ivoiriens reste fragile, plombée, entre autres, par les faibles performances de la Côte d’Ivoire en matière d’éducation, de santé et de participation à la vie publique.

  • L’Examen multidimensionnel de la Côte d’Ivoire identifie les principaux défis auxquels la Côte d’Ivoire est confrontée pour réaliser l’émergence à l’horizon 2020 et accompagne le pays dans la définition de sa propre notion d’émergence. Ce chapitre présente les principaux résultats du rapport. Il souligne l’importance des contraintes sectorielles et transversales qui limitent le développement du pays. Malgré une amélioration récente de l’environnement macroéconomique et de la compétitivité de l’économie ivoirienne, les conditions de vie de la population ne se sont pas améliorées. Les défaillances observées dans la fourniture de biens publics, notamment dans les infrastructures, ainsi que des capacités de gouvernance limitées représentent des contraintes transversales pénalisant le bon développement du pays.

  • Ce chapitre étudie les déterminants de la croissance et l’environnement macroéconomique en Côte d’Ivoire. Le miracle ivoirien (1960-70) a été sous-tendu par l’accumulation de capital physique. Depuis les années 80, la baisse de la productivité du travail n’a pas été compensée par le transfert de main-d’œuvre de l’agriculture vers l’industrie et les services et la hausse de l’emploi. Alors que le pays dispose de ressources naturelles pouvant soutenir la croissance, l’économie souffre d’une faible mise en valeur, d’une concentration excessive et de rendements insuffisants. La reprise, bien que soutenue depuis 2011, repose principalement sur l’investissement et la consommation publics. Or une consolidation de la croissance devra passer par un retour de l’investissement privé et un renforcement de la consommation privée. Enfin, le développement de la Côte d’Ivoire et la réalisation de l’émergence nécessiteront davantage de ressources fiscales pour faire face à des dépenses croissantes.

  • Plusieurs obstacles nuisent à la compétitivité de l’économie ivoirienne. Les ressources naturelles, notamment l’agriculture, ont constitué la colonne vertébrale de l’économie ivoirienne par le passé. Mais, aujourd’hui, le pays peine à construire un avantage compétitif solide par rapport aux potentiels offerts par les chaînes de valeurs agricoles et agro-industrielles en matière de création de valeur ajoutée et d’emploi. La diversification de l’économie et l’amélioration de la compétitivité du secteur privé seront essentiels pour améliorer l’intégration de la Côte d’Ivoire dans les échanges commerciaux internationaux et renforcer l’attractivité du pays. Les contraintes actuelles telles que le réseau de transport vétuste, les infrastructures logistiques peu performantes, l’accès aux financements difficile ou les défaillances du cadre de gouvernance du secteur privé, devront être levées grâce à la poursuite des réformes lancées par le gouvernement.

  • Ce chapitre offre un regard d’ensemble sur les forces et faiblesses de la Côte d’Ivoire en matière de bien-être en s’appuyant sur le cadre d’évaluation du bien-être de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). La forte croissance économique des dernières années n’a pas eu les répercussions attendues sur les conditions de vie des populations. Malgré des progrès, notamment dans le contexte sécuritaire, les Ivoiriens restent confrontés à d’importantes privations matérielles, des possibilités de consommation restreintes, un marché de l’emploi dominé par la précarité et l’informalité, ou encore des conditions de logement médiocres. Dans la perspective de l’émergence, la Côte d’Ivoire devra s’efforcer de reconsolider un capital social érodé en restaurant un climat de confiance envers les institutions ivoiriennes en particulier.

  • Les difficultés observées sur le plan des institutions, de la gouvernance et des capacités de l’État se répercutent dans la sphère économique et constituent des freins considérables au développement de la Côte d’Ivoire. Certaines réformes ont porté leurs fruits, notamment pour réglementer l’activité des entreprises, mais des défis majeurs demeurent. L’action des pouvoirs publics est entravée par des procédures souvent opaques ou minée par une corruption latente, l’amélioration des pratiques et le renforcement des capacités doivent être poursuivies. Des progrès importants ont été réalisés sur le plan de la gestion des finances publiques, mais davantage de ressources devront être mobilisées afin de financer les dépenses associées à la marche vers l’émergence.

  • La Côte d’Ivoire a l’avantage de disposer d’un stock d’infrastructures historiquement de très bonne qualité, même si son état s’est dégradé en raison du conflit. Les freins liés au développement des infrastructures varient en importance selon les secteurs d’activité. Dans le secteur de l’électricité, des projets de développement sont en cours mais les défaillances du secteur risquent de s’aggraver en l’absence d’actions rapides et efficaces. Le réseau de transport reste peu développé et les projets de réhabilitation et d’extension prennent du retard faute de financements. Les améliorations les plus notables sont dans le secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC). Les réformes de remise à niveau des infrastructures devront prendre en compte les disparités régionales, encore très importantes. Elles auront un rôle à jouer pour renforcer l’exploitation des possibilités économiques des régions, et ainsi réduire les inégalités territoriales.