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  • On dit souvent que l’activité criminelle est comme un ballon : comprimez-le à un bout, et l’air migrera ailleurs. De la même manière, il est possible de sévir contre les trafiquants – par exemple, en limitant leur utilisation des itinéraires terrestres – pour finalement découvrir qu’ils empruntent plutôt les voies maritimes. C’est la raison pour laquelle les interventions ciblées n’influent souvent que modérément sur les activités criminelles : elles doivent prendre en compte la situation globale pour relater la manière dont l’air se déplace dans le ballon.

  • L’Afrique est le continent dont l’économie croît le plus rapidement après l’Asie de l’Est, mais aussi celui où la part la plus grande de la population vit dans des conditions d’extrême pauvreté, dans des pays où les conditions de développement humain sont faibles. Les inégalités de revenu y augmentent tandis que le chômage et le manque d’opportunités économiques poussent certains individus à rejoindre des groupes criminels, gangs ou mouvements rebelles, renforçant les liens entre inégalité, activité criminelle et violence.

  • L’impact négatif des flux financiers illicites (FFI) sur les objectifs de développement occupe une place de plus en plus importante dans les programmes politiques internationaux. Cet ouvrage cherche à recueillir des données sur les FFI et leurs impacts, en examinant la relation entre les économies criminelles et illicites, et les revenus qu’elles génèrent en Afrique de l’Ouest. Le rapport dépasse les efforts traditionnels pour mesurer les FFI pour tenter de comprendre la manière dont ces activités touchent l’économie, la gouvernance, le développement et la sécurité des personnes. Il propose un cadre pour analyser les différentes manières dont ces économies et les FFI menacent le développement et la sécurité des citoyens et des États de l’Afrique de l’Ouest. En conclusion, il recommande de définir une riposte intégrée à ces activités et aux réseaux qui les favorisent. Cette riposte doit tenir compte du contexte favorable et s’attacher à atténuer leurs impacts sur les populations les plus vulnérables.

  • Ce chapitre passe en revue les caractéristiques essentielles de la région de l’Afrique de l’Ouest afin d’aider à comprendre les raisons de la croissance des économies criminelles, ainsi que leurs interactions avec les citoyens et l’État. Ces caractéristiques comprennent le statut démographique et l’état de développement des pays d’Afrique de l’Ouest, ainsi que la dynamique économique et commerciale de la région. Ce chapitre fournit un aperçu de la gouvernance et de la démocratie dans la région, et souligne ses principales caractéristiques en matière de paix, de sécurité ou d’instabilité. Ensemble, ces caractéristiques influent sur le développement de la criminalité dans la région. Elles sont utiles pour élaborer des réponses pour lutter contre la criminalité et les flux illicites, et atténuer leurs effets sur le développement.

  • Ce rapport identifie plusieurs économies criminelles opérant en Afrique de l’Ouest qui s’entrecoupent ou se renforcent mutuellement. Ces économies utilisent différentes méthodes et sont facilitées par des réseaux d’acteurs nationaux et internationaux. Ce chapitre propose ensuite un cadre analytique pour comprendre les conséquences des économies criminelles et des flux financiers illicites (FFI) associés, en fonction de trois facteurs : l’origine de la marchandise et l’existence éventuelle d’un marché local ; les acteurs ou réseaux impliqués ; et le lieu d’acquisition et d’investissement des FFI. L’application de ce cadre analytique reflète la nature et l’échelle de l’économie criminelle en question ; les acteurs, les intérêts et les motivations sous-jacents ; et les priorités des réponses visant à atténuer les préjudices. Il fournit ensuite un aperçu de 13 économies criminelles différentes, sur la base d’une typologie tripartite : activités illégales, commerce illicite en biens normalement licites ; et extraction illicite des ressources naturelles. Chaque cas donne une idée de l’étendue du flux, des zones géographiques les plus touchées, des acteurs clés, et des conséquences et impacts des FFI.

  • Sur la base d’une analyse des flux financiers illicites (FFI), le présent rapport établit un cadre analytique visant à comprendre les dommages potentiels des économies criminelles afin d’orienter et de prioriser les réponses, tant des États de la région que de la communauté internationale. Ces conclusions sont dérivées d’une analyse de 13 formes d’économies illicites ou criminelles opérant dans la région, organisées selon une typologie qui établit une distinction entre les activités illégales, l’exploitation illicite ou la marchandisation des ressources naturelles, et le trafic illicite de biens normalement licites. Ce chapitre final propose plusieurs observations et recommandations qui reposent sur l’analyse de similitudes mais qui ciblent également les secteurs du développement, de la finance, du commerce, de la sécurité et de la justice. Le chapitre s’appuie sur les constatations du rapport pour aider les acteurs étatiques et non-étatiques à planifier et coordonner leurs réponses.

  • La méthodologie suivante s’applique à l’étude préliminaire, aux études de cas détaillées (qui seront publiées sous format de Documents de travail) et au présent rapport de synthèse.