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  • Au cours des 10-15 dernières années, la croissance des déplacements automobiles s’est ralentie dans plusieurs économies à revenu élevé, et elle s’est même interrompue, voire inversée, dans un certain nombre d’entre eux. S’inspirant des travaux et des discussions présentés à la table ronde du FIT sur l’évolution à long terme de la demande de transport, qui s’est tenue en novembre 2012, le présent document fournit des éléments d’information sur les causes connues de la modification des taux de croissance et examine les lacunes des connaissances actuelles, les explications hypothétiques et les implications pour l’action des pouvoirs publics.

  • Dans la plupart des pays industrialisés on assiste depuis le début des années 2000 à une stagnation de la mobilité urbaine et du trafic automobile. En France, le Bilan de la Circulation établi par la Commission des Comptes Transport de la Nation montre une rupture de tendance analogue qui a été confirmée par les Enquêtes Ménages Déplacements (EMD dans la plupart des grandes villes, notamment Lille, Lyon, Strasbourg, puis par l'Enquête Nationale Transport et Déplacements (ENTD) qui permet de l'imputer essentiellement aux habitants des grands pôles urbains et de la resituer dans une vision d'ensemble de la mobilité: les déplacements sont moins fréquents (journée continue) et moins exclusivement automobiles (comportements multi-modaux des jeunes adultes), la motorisation des ménages décroît au coeur de l'agglomération parisienne comme d'ailleurs de celle de Londres... Ce plafonnement de la circulation traduit-il l'approche de la saturation (découplage entre évolutions des trafics et des revenus dans les régions les plus denses ou au-delà d'un certain niveau de vie?) ou plutôt la superposition d'évolutions contraires (poursuite de la croissance chez les ruraux et péri-urbains vs. recul chez les habitants des zones les plus denses) ? S'agit-il d'un phénomène structurel (vieillissement de la population...) ou conjoncturel lié à l'augmentation et à la volatilité du prix des carburants, à la récession ? Nous examinerons ces questions à la lumière de données collectées en France, complétées par quelques données de pays développés pour ensuite les comparer à quelques villes mexicaines, afin d'envisager dans quelle mesure et à quel horizon ces tendances pourraient s'étendre dans les pays du Sud. Mots-clefs : Prospective, Mobilité, Motorisation, Rupture de tendance.

  • Dans un grand nombre d’économies développées, le taux d’utilisation de l’automobile par habitant, et parfois le trafic automobile total, affiche une croissance modérée. Dans certains pays (en particulier en ville), il est même en recul. Des études similaires réalisées par un petit nombre de pays sur la distance parcourue, tous modes de déplacement confondus, ont mis en évidence une tendance similaire, quoique avec quelques réserves concernant le mode de traitement à appliquer pour le transport aérien international. Il est généralement admis que les tendances apparues ces dernières années sont sans doute dues aux problèmes économiques mondiaux, et pourtant certaines des évolutions semblent remonter à une dizaine ou une vingtaine d’années, certains signes ayant même été détectés il y a plus longtemps. Bien qu’il y ait des différences dans la perspective retenue, les données statistiques attestant la baisse de la croissance traditionnelle de la mobilité, sa modération ou sa stagnation au niveau national, voire la diminution de cette mobilité à certains endroits (en particulier dans certains grands centres urbains), semblent être globalement corroborées par la plupart des analyses. Si ces données sont parfois ignorées, elles ne sont en revanche pas contestées. Il est très intéressant de voir apparaître des caractéristiques communes dans de nombreux pays, notamment l’évolution de la propension à obtenir son permis de conduire chez les jeunes adultes (en particulier chez les jeunes hommes), l’affaiblissement manifeste du lien entre niveau de revenu et mobilité, la contribution grandissante des transports publics, de la marche et du vélo à la croissance économique dans certaines des villes les plus florissantes, ainsi que le développement du commerce électronique, du télétravail et des réseaux sociaux. Des différences d’appréciation sont actuellement à noter en ce qui concerne l’incidence de ces facteurs et la question de savoir si les tendances observées sont temporaires ou reflètent des changements structurels qui pourraient se prolonger dans le temps. Ces différences tiennent plus particulièrement à l’importance relative qui est accordée aux questions économiques (en particulier les prix et les revenus) et aux évolutions sociales et culturelles plus générales telles que l’accès mobile à Internet, la démographie, l’égalité entre les sexes, les tendances comportementales et culturelles, les effets des politiques du transport, ainsi que l’apparition éventuelle de la notion plus profonde de « saturation » de la mobilité lorsque les nouvelles améliorations procurent peu d’avantages supplémentaires. Il n’existe pas actuellement d’unanimité concernant l’augmentation future de l’utilisation de l’automobile, contrairement à ce qui était le cas il y a plusieurs décennies. Le présent document met en évidence les besoins en matière de recherche, ainsi que certaines problématiques nouvelles concernant les politiques futures de transport (par exemple, l’évaluation des grands projets d’infrastructure des transports, la prestation de services, la tarification, la répartition des risques et les initiatives de réduction de la dépendance automobile), dans un contexte où les prévisions sont incertaines et contestées.

  • Après des décennies d’augmentation de l’automobilité aux États-Unis, on observe une stabilisation de cette croissance, voire une baisse lorsqu’elle est exprimée par habitant. Évolution qui a d’immenses conséquences du point de vue des politiques publiques, aux États-Unis et ailleurs, car les données révèlent que le phénomène est généralisé dans les pays développés du monde entier possédant des systèmes de transport parvenus à maturité. Cependant, même s’il est probable que l’essoufflement de l’économie américaine a des répercussions considérables, les recherches récentes portent à croire que l’évolution de l’attitude des Américains à l’égard de l’automobile entraîne aussi un changement structurel de longue haleine qui témoigne de diverses transformations démographiques, culturelles et technologiques, ainsi que des modifications de la répartition de l’habitat dans les zones métropolitaines aux États-Unis. Qu’il s’agisse d’un phénomène éphémère ou d’un changement structurel durable, ces évolutions n’en ont pas moins des implications importantes pour les politiques publiques. Par exemple, on peut affirmer que les routes des États-Unis sont aujourd’hui plus sûres et moins encombrées. Toutefois, la diminution de la consommation d’essence découlant de ces évolutions s’accompagne aussi d’une baisse des recettes publiques provenant des taxes sur l’essence et d’une raréfaction des ressources disponibles pour tous les modes, y compris les transports publics. Il est essentiel que les décideurs publics appréhendent bien ces tendances nouvelles et leurs effets sur le financement des transports, l’environnement et le développement économique en général. Pour étudier cette dynamique macro-économique, le présent rapport analyse les tendances de l’automobilité, passe en revue les travaux publiés en la matière et expose une réflexion sur les facteurs qui en sont probablement la cause, ainsi que sur les conséquences à en tirer du point de vue des politiques publiques.

  • Une analyse de la mobilité, réalisée au début de 2011 par le Netherlands Institute for Transport Policy Analysis, a montré qu'après un essor remarquable dans les années 80 et 90, la mobilité des personnes dans son ensemble, au niveau national, n'a pas augmenté depuis 2005 aux Pays-Bas. Ce constat concerne en particulier l'usage de la voiture. Abstraction faite de la crise du crédit vers 2008/2009, on ne distingue pas encore bien pour l'heure les causes de cette évolution. A partir d'analyses complémentaires de l'évolution de la mobilité au cours des dix dernières années et de certaines informations obtenues d'autres pays, l'étude a été approfondie en posant et examinant les quatre hypothèses ci-après pour expliquer la stabilisation observée du recours à l'automobile : - le système de mobilité commence à donner des signes de "saturation", par exemple la saturation de la motorisation, la réduction de la nécessité de se déplacer physiquement pour mener des activités, des besoins moins importants de multiplier les possibilités d’activité, ou les tensions structurelles qui se manifestent sur les marchés du logement et du travail, entre autres ; - la généralisation des applications d'Internet (et des mobiles) dans la société (télétravail, commerce électronique, réseaux sociaux) réduit la mobilité réelle (automobile) ; - la mobilité des jeunes adultes diminue sous l'effet de l'évolution de facteurs socio-économiques, géographiques et culturels ; - la mobilité internationale tend à se substituer à la mobilité nationale. Dans la première partie de cette communication est présentée une description détaillée de l'évolution de la mobilité entre 2000 et 2011, en soulignant les tendances spécifiques selon les catégories d'usagers (par mode de déplacement, groupe d'âge et sexe). On peut considérer qu’il s’agit d’une description des nouvelles tendances de la croissance de la mobilité. Les conclusions des travaux récents des auteurs sur les quatre hypothèses susmentionnées sont exposées dans la deuxième partie. Comme certaines diffèrent quelque peu des résultats obtenus dans d'autres pays d'Europe occidentale, les auteurs se sont attachés à relever ces différences et à expliquer leurs causes éventuelles. Cette partie s’achève par un exposé des conséquences que pourraient avoir ces conclusions pour l'élaboration des politiques des transports.