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  • La crise financière et économique mondiale n’a pas épargné le Brésil. Mais une reprise s’enclenche, qui devrait s’affirmer dans le second semestre de 2009 et en 2010. La poursuite de l’assainissement macroéconomique – à la faveur d’un cadre de politique économique approprié, associant un ciblage de l’inflation, un taux de change flexible et une gestion budgétaire fondée sur des règles – conjuguée à une position d’engagements extérieurs beaucoup plus favorable, a favorisé la résilience de l’économie. Néanmoins, les décideurs publics ne devraient pas perdre de vue les défis à long terme qu’il faudra relever pour consolider le potentiel de croissance de l’économie et combler plus rapidement l’écart de niveau de vie par rapport à la zone OCDE.

  • Les conditions financières intérieures se sont considérablement durcies avec la dégradation des perspectives financières et économiques mondiales dès la miseptembre 2008. L’offre de crédits étrangers aux entreprises brésiliennes, notamment aux exportateurs, avait été abondante avant la crise, mais elle s’est rapidement asséchée. Le coût des emprunts intérieurs a vivement augmenté, et le réal s’est déprécié de plus de 40 % entre les points hauts de la mi-2008 et la fin de l’année. L’activité a chuté au dernier trimestre, entrainée par un effondrement de la production industrielle, surtout dans les secteurs sensibles aux conditions de crédit, en particulier l’automobile, et par un déstockage massif à partir de niveaux élevés. La demande adressée aux exportations brésiliennes a également commencé de faiblir vers la fin de l’année. Mais ces tensions étaient nettement plus modérées que celles qu’ont connues les autres grandes économies de marché émergentes. Cela tient essentiellement à la consolidation continue de l’ajustement macroéconomique après la mise en flottement du real – à la faveur d’un cadre d’action conjuguant un ciblage de l’inflation, un taux de change flottant, une politique budgétaire fondée sur des règles et une gestion prudente de la dette publique. Ce dispositif a induit une décrue progressive de l’inflation et de l’endettement public et atténué les vulnérabilités externes. Ces facteurs se sont avérés essentiels pour accroître la résilience aux chocs externes et pour rehausser le potentiel de croissance de l’économie. La performance relativement satisfaisante du Brésil en dépit de la crise s’explique aussi par le fait que le secteur bancaire se porte bien et que les entreprises non financières et les ménages ne souffrent pas des problèmes de bilans qui sont au coeur même des difficultés financières dans d’autres pays. De fait, certains signes montrent que l’économie amorce une reprise, encore que les perspectives économiques mondiales demeurent extrêmement incertaines.

  • Les fondamentaux économiques du Brésil se sont considérablement améliorés ces dernières années, suite à l’abandon, en 1999, du régime de taux de change administré et à l’adoption d’une politique économique associant ciblage de l’inflation, politique budgétaire fondée sur des règles et régime de change flottant. L’économie brésilienne résiste donc plutôt bien aux effets de la crise financière et économique mondiale actuelle et un début de reprise se profile. La politique économique mise en oeuvre pour contrer la crise est appropriée : des mesures ont été prises pour augmenter la liquidité et stimuler le crédit, la politique monétaire est devenue plus accommodante à partir de janvier 2009 et la pression fiscale pesant sur certaines activités et opérations financières a été allégée. Le secteur bancaire est sain et les ménages comme les entreprises sont épargnés par les déséquilibres financiers qui sont au coeur de la crise financière dans d’autres régions du monde. Ces cinq dernières années, la consolidation macroéconomique a surtout eu des effets bénéfiques en termes d’amélioration de la croissance. En outre, les fruits de cette accélération de la croissance ont été relativement bien répartis, ce qui a contribué à réduire l’inégalité des revenus, traditionnellement très importante au Brésil. Toutefois, des progrès restent nécessaires dans plusieurs domaines pour garantir une croissance élevée à long terme, une fois que les effets négatifs de la crise se seront atténués. En particulier, des mesures visant à accroître la productivité du travail et à préserver le dynamisme actuel de l’investissement privé pourraient se révéler très prometteuses en termes d’amélioration du potentiel de croissance.

  • Malgré les problèmes que pose actuellement la crise financière et économique mondiale, l’ajustement macroéconomique en cours continue de porter ses fruits. La réalisation des objectifs d’excédent budgétaire primaire a permis de faire baisser le ratio dette publique/PIB depuis 2003. La gestion prudente de la dette a réduit le risque de refinancement et la vulnérabilité extérieure. L’orientation anticipative de la politique monétaire dans un cadre d’action qui conjugue ciblage de l’inflation et taux de change flexible a permis de ramener l’inflation à un niveau raisonnable et de moins en moins instable, tout en ancrant les anticipations autour des objectifs annoncés. Le crédit, toujours insuffisant dans le passé, a commencé à progresser vigoureusement en 2003, sous l’effet de conditions favorables sur le marché, d’un assouplissement de la politique monétaire et d’innovations financières ayant ouvert plus largement l’accès des prêts bancaires à la population défavorisée. Un nouvel assouplissement monétaire serait peut-être possible en 2009-10, suivant le rythme et la vigueur de la reprise, mais une action budgétaire anticonjoncturelle appelant des mesures discrétionnaires supplémentaires en réponse à la crise mondiale serait inopportune, à moins que l’activité ne fléchisse encore sensiblement, car elle accentuerait la pression sur les marchés de capitaux à un moment où le crédit au secteur privé se raréfie. Un problème déjà ancien continue de se poser dans le domaine budgétaire : il est indispensable d’enrayer la montée des dépenses pour augmenter les crédits budgétaires en faveur d’investissements publics propices à la croissance et réduire la pression fiscale à moyen terme. Une nouvelle expansion des circuits financiers devrait aussi figurer en bonne place dans le programme de réforme structurelle des autorités. À cet égard, il serait souhaitable d’éliminer progressivement les coefficients de réserves obligatoires applicables aux banques, qui ont commencé à être assouplis dans le cadre des mesures prises pour renforcer les liquidités face à la crise mondiale, de même que les opérations de crédit administré.

  • La complexité et l’émiettement du système fiscal brésilien le rendent particulièrement coûteux pour les entreprises et en font un domaine de réforme prioritaire. La TVA prélevée par les États a souvent été employée comme un instrument au service de la politique industrielle de telle sorte que les divers États de la Fédération se sont livrés à une concurrence fiscale dommageable. Les autres prélèvements de la Fédération sur le chiffre d’affaires des entreprises nuisent à la compétitivité des exportations. Le fardeau des taxes sur les salaires et des cotisations sociales encourage le travail non déclaré. Le Congrès est en train de débattre d’un plan de réforme. Ce projet de loi est bien conçu ; il propose d’unifier la législation des États de la Fédération sur la TVA, de remplacer les prélèvements fédéraux sur le chiffre d’affaires des entreprises par une TVA fédérale et d’alléger la charge fiscale sur les revenus du travail. Plusieurs options sont envisagées pour dédommager les États de la moins-value de recettes qui résulterait de la réforme de la TVA, notamment une remise à plat des programmes de développement régional. Dans ce domaine, la principale difficulté à laquelle se heurtent les autorités consiste à s’assurer des appuis politiques pour cette réforme, en particulier parmi les gouvernements des États de la Fédération, de manière à préserver les recettes fiscales, à gagner en efficience et à ne pas contrarier les efforts d’assainissement budgétaire en cours.

  • En dépit des progrès notables accomplis dans de nombreux domaines, le Brésil pourrait encore améliorer sensiblement le rapport coût-efficacité des activités de ses administrations. Le pays consacre une part importante de son PIB aux programmes publics par rapport à de nombreux pays de l’OCDE et aux économies émergentes comparables, mais les résultats obtenus ne sont pas toujours à la hauteur des dépenses. Dans ces conditions et en l’absence de gains d’efficience, l’augmentation des dépenses devra être financée par un alourdissement de la fiscalité et, surtout, il est probable que ces dépenses supplémentaires ne permettront pas d’améliorer sensiblement les résultats. Des mesures sont donc indispensables pour améliorer l’efficience des activités des administrations publiques, dans le cadre d’une action coordonnée dans de nombreux domaines. La mesure la plus efficace consisterait probablement à mettre l’accent sur la planification budgétaire à long terme afin de mieux identifier les programmes présentant le meilleur rapport coût-efficacité et de garantir leur financement. Parallèlement, une plus grande souplesse budgétaire permettrait aux responsables de l’action publique de redéployer plus facilement les ressources vers les programmes les plus efficaces par rapport à leur coût. Les autorités brésiliennes étudient actuellement plusieurs options pour exploiter les gisements pétrolifères découverts récemment au large des côtes et pour veiller à ce que les recettes fiscales supplémentaires soient épargnées ou consacrées aux programmes les plus susceptibles d’avoir des retombées bénéfiques pour les générations futures.