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  • La présente Étude a été préparée au sein du Département des affaires économiques par Annabelle Mourougane et Jens Arnold, sous la supervision de Peter Jarrett.La recherche statistique a été assurée par Anne Legendre et le travail de secrétariat par Mee-Lan Frank.L’Étude a été examinée lors d’une réunion du Comité d’examen des situations économiques et des problèmes de développement le 6 septembre 2011.

  • Depuis le milieu des années 90, le Brésil bénéficie d’une plus grande stabilité économique et financière, du fait surtout d’un renforcement de son cadre macroéconomique. Sur le front social, les progrès ont été également remarquables, avec une nette diminution de la pauvreté et des inégalités. Une attention croissante a été accordée à la viabilité écologique. Afin de rattraper rapidement le groupe des pays à revenu élevé, il faut avant tout parvenir à instaurer une croissance forte et durable. À cet effet, les autorités devront poursuivre des politiques macroéconomiques, sociales et environnementales avisées et des réformes structurelles destinées à stimuler l’investissement et à favoriser le développement des infrastructures. La montée de l’incertitude internationale et de l’interdépendance entre les pays, le vieillissement rapide de la population et la dépendance accrue à l’égard des revenus de pétrole appelleront les décideurs publics à élargir leur panoplie d’instruments pour relever ce défi.

  • Depuis le milieu des années 90, le Brésil a accompli des progrès remarquables, pour l’essentiel à la faveur d’un renforcement des institutions publiques, avec en particulier le cadre de ciblage de l’inflation couplé à la flexibilité du taux de change et la loi de responsabilité budgétaire. Sur le front social, l’amélioration a été également spectaculaire, avec une diminution remarquable de la pauvreté et des inégalités. La plupart des marchés de produits ont été ouverts et l’activité informelle sur le marché du travail a diminué. Le Brésil recueille aujourd’hui les fruits de sa stabilité économique et de sa résilience croissante qui, associées à une réaction opportune de la politique macroéconomique conjuguant un assouplissement monétaire, une certaine relance budgétaire et une expansion du crédit, ont permis au Brésil de bien résister à la crise financière mondiale de 2008-09. À 7.5 %, la croissance du PIB réel en 2010 a été la plus forte depuis 1986 et a représenté la cinquième meilleure performance parmi les pays du G20 (). On estime que cette croissance robuste a éliminé en totalité les excédents de capacité qui existaient dans l’économie.

  • Le cadre macroéconomique mis en place à la fin des années 90, qui repose sur le ciblage de l’inflation, la flexibilité du taux de change et une politique budgétaire fondée sur des règles, a bien fonctionné. L’inflation, la dette publique et l’exposition aux risques de change ont sensiblement diminué, et le Brésil disposait de marges de manœuvre budgétaires suffisantes pour prendre des mesures anticycliques afin d’amortir l’impact de la récession de 2008-09. Dans les temps à venir, des mesures de stabilisation judicieuses aideront le pays à enregistrer de bons résultats économiques, dans un nouvel environnement caractérisé par un vieillissement démographique rapide, une dépendance marquée à l’égard des ressources pétrolières qui renforcera la volatilité des recettes publiques, et une accentuation des incertitudes relatives à l’environnement extérieur, peut-être durable.Plus précisément, le pays doit poursuivre l’assainissement de ses finances publiques et supprimer les facteurs de rigidité qui caractérisent la procédure budgétaire. L’adoption d’un objectif pluriannuel de solde budgétaire global garantirait la viabilité à long terme des comptes publics (sécurité sociale comprise), tandis qu’un plafonnement des dépenses faciliterait leur maîtrise. La mise en œuvre des propositions de simplification de la fiscalité actuellement à l’étude améliorerait l’environnement des entreprises, et le gouvernement devrait poursuivre ses efforts afin d’emporter l’adhésion politique des États fédérés à ces propositions.L’envolée actuelle des entrées de capitaux complique la tâche aux autorités monétaires et ce problème devrait être traité par divers moyens, au premier rang desquels figure l’assainissement des finances publiques. Des initiatives complémentaires, telles que des mesures macroprudentielles ou une taxe temporaire sur les entrées de capitaux à court terme, pourraient également contribuer à empêcher la formation de bulles des prix des actifs.

  • La faiblesse des taux d’investissement limite le futur taux de croissance potentielle du Brésil. Dans le même temps, le taux d’épargne du pays s’inscrit nettement en deçà des moyennes internationales, et un déficit d’épargne intérieure semble constituer un sérieux obstacle à la hausse du taux d’investissement.L’épargne du secteur public est négative en raison de l’importance des dépenses, notamment au titre des droits à retraite. Outre son caractère onéreux, le système de retraite redistribue des revenus à ceux qui sont relativement peu enclins à épargner, et entame ainsi l’épargne privée. Pour pouvoir maîtriser demain les dépenses de retraite, il faudra abandonner l’indexation des prestations minimums sur le salaire minimum au profit d’un ajustement plus modéré, et fixer un âge minimum de la retraite qui tienne compte de l’allongement de l’espérance de vie.Parmi les principaux freins à l’investissement figure le niveau élevé des taux d’intérêt réels, qui ne s’explique pas aisément. On peut invoquer par exemple l’histoire et les paramètres macroéconomiques fondamentaux, comme la rigidité à la baisse des dépenses courantes publiques et les difficultés rencontrées en matière de protection des créanciers. Les marges d’intérêt, nettement supérieures à celles observées dans les autres pays, tirent également les taux débiteurs vers le haut. Ces marges conséquentes s’expliquent à la fois par le niveau substantiel des taux d’intérêt et des réserves obligatoires et par les obligations liées à l’orientation du crédit, autant de facteurs qui alourdissent le coût de l’intermédiation financière. Parallèlement, le fait que l’État soit actionnaire des principaux établissements financiers n’incite guère à minimiser ces coûts. L’investissement souffre également de l’étroitesse des marchés du crédit à long terme. Les banques commerciales étant dans l’incapacité de financer l’investissement par des instruments à échéances longues, la Banque nationale de développement économique et social (BNDES, Banco Nacional do Desenvolvimento Econômico e Social) est actuellement le seul organisme important capable d’apporter de tels financements. Il est peu probable que la BNDES soit en mesure de financer les besoins du pays en investissements, de sorte qu’il faudra inciter les organismes de crédit privés à apporter des financements à long terme. De plus, l’investissement est limité par la fragmentation du système d’imposition, qui alourdit le coût de la discipline fiscale pour les entreprises et accentue une pression fiscale déjà forte. Enfin, l’adoption de mesures visant à réformer la réglementation, notamment la suppression des restrictions persistantes à l’entrée sur le marché, ainsi que l’assouplissement de la protection douanière, pourrait réduire les coûts supportés par les entreprises et renforcer les incitations à l’investissement.

  • Le Brésil a peu investi dans l’infrastructure ces trente dernières années, et les investissements dans ce domaine n’augmentent que lentement depuis 2007. Les besoins sont considérables dans presque tous les secteurs. Au stade actuel de son développement, le pays a sans doute tout intérêt à engager des dépenses d’infrastructure. C’est pourquoi les autorités brésiliennes ont mis en place un vaste plan de développement de l’infrastructure, appelé Programme d’accélération de la croissance (Programa de aceleração do crescimento, PAC). Ce programme a été, à juste titre, épargné par les coupes budgétaires annoncées cette année. Néanmoins, certaines modifications pourraient être apportées au cadre stratégique et réglementaire afin de rendre l’investissement public plus rentable et de stimuler la participation du secteur privé. En particulier :La deuxième phase du PAC doit être centrée sur l’achèvement des programmes les plus importants. Par ailleurs, le cadre des partenariats public-privé devrait être simplifié.Dans la plupart des domaines, le cadre réglementaire fonctionne bien, mais les secteurs en sont à des stades de développement différents. Malgré les importantes réformes institutionnelles de ces dernières années, les intérêts particuliers continuent parfois d’influer sur certaines décisions fédérales et sur de nombreuses décisions des organismes de réglementation des États.Malgré des progrès récents, de fréquents conflits paraissent retarder certains projets d’infrastructure, en particulier dans le secteur de l’énergie. La principale difficulté dans ce domaine consiste à accélérer le processus d’octroi de licences, tout en continuant de mettre l’accent comme il convient sur la protection sociale et environnementale.Des réformes ont été mises en œuvre dans certains secteurs de réseau, mais l’on pourrait encore faire jouer davantage la concurrence dans la téléphonie fixe et éviter les péréquations tarifaires dans le secteur de l’électricité. Les contrats de concession, tant pour les routes que pour le rail, pourraient être améliorés de manière à favoriser l’investissement privé à la fois dans l’entretien et dans l’extension des réseaux. Dans le domaine de l’eau et de l’assainissement, où l’insuffisance des investissements est la plus criante, les petites communes devraient être encouragées à investir et à former des consortiums afin de profiter des économies d’échelle réalisables.

  • Ces dix dernières années, le Brésil est parvenu à la stabilité économique et, dans la période récente, son économie a fait preuve d’une très bonne capacité de résistance face à la crise économique mondiale. Le principal enjeu pour le pays consiste désormais à préserver son rythme de croissance rapide afin de combler l’écart de revenu avec les pays de l’OCDE, tout en privilégiant un mode de développement propre à répondre à ses préoccupations de durabilité à long terme, tant sur le plan social – faire en sorte que tous les Brésiliens bénéficient de l’amélioration des niveaux de vie – qu’en matière de protection de l’environnement.Dans les décennies à venir, le Brésil sera confronté à des évolutions majeures, qui auront des répercussions sur la définition de ses politiques publiques. À l’instar d’autres économies de marché émergentes, il va connaître un vieillissement démographique bien plus rapide que les actuelles économies avancées. L’accroissement démographique devrait donc se ralentir en longue période, ce qui se traduira, parallèlement, par une moindre progression de la population en âge de travailler. L’impact de ce processus de vieillissement sur l’épargne dépendra de toute une série de facteurs, notamment de l’efficacité des politiques sociales. En plus d’alourdir la charge pesant sur les finances publiques, le vieillissement accroîtra la part des dépenses de retraite et de santé dans la composition des dépenses publiques. Le pays va par ailleurs compter de plus en plus sur ses ressources pétrolières. Sa production pétrolière a régulièrement progressé depuis 2003, mais celle provenant des gisements de pétrole antésalifères fera du Brésil un des dix principaux exportateurs de pétrole du monde. La position extérieure nette et l’augmentation de la production de pétrole paraissent avoir entraîné une hausse du taux de change d’équilibre, et le pays a bénéficié d’une amélioration considérable des termes de l’échange, mais les signes de désindustrialisation sont encore très limités.Les politiques de redistribution des revenus et d’éducation, ainsi que les politiques environnementales, touchent à des domaines essentiels dans lesquels les réformes contribueront à maintenir le développement économique sur la voie de la viabilité à long terme. La réduction de la pauvreté et des inégalités est sans doute le domaine dans lequel le Brésil a le plus nettement progressé ces dix dernières années, en grande partie grâce à Bolsa Familia, programme ciblé de transferts monétaires conditionnels, dont les ressources devraient être revues à la hausse. Le Brésil doit s’en tenir aux grands principes qui ont fait le succès de sa politique récente en matière d’éducation, mais une plus forte mobilisation en vue d’améliorer la qualité de l’enseignement et de réduire les taux d’abandon scolaire dans le secondaire lui permettrait de rattraper plus rapidement les niveaux de formation des pays de l’OCDE.La réduction des émissions de gaz à effet de serre est une priorité de l’action publique et le pays a réussi à ralentir radicalement le rythme de la déforestation ces dernières années. Il parviendra, de ce fait, à atteindre ses objectifs de réduction des émissions avant l’échéance de 2014. Étant donné l’importance que revêt la déforestation pour les politiques climatiques, les autorités doivent persévérer dans leurs efforts. Elles doivent, en outre, accorder une attention particulière à la rationalité environnementale des investissements dans les infrastructures et tenir compte de cet aspect pour la sélection des projets dans le cadre du Programme d’accélération de la croissance.