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  • Cette Étude est publiée sous la responsabilité du Comité d’examen des situations économiques et des problèmes de développement de l’OCDE, qui est chargé de l’examen de la situation économique des pays membres.La situation économique et les politiques de la Suisse ont été évaluées par le Comité le 7 octobre 2013. Le projet de rapport a ensuite été révisé à la lumière de la discussion et finalement approuvé par le Comité plénier le 23 octobre 2013.Le projet de rapport du Secrétariat a été établi pour le Comité par Petar Vujanovic et Richard Dutu sous la direction de Peter Jarrett. La recherche statistique a été assurée par Patrizio Sicari.L’Étude précédente de la Suisse a été publiée en janvier 2012.

  • Ces dernières années, la Suisse a affiché des performances économiques satisfaisantes. Dans le même temps, elle a vu sa monnaie s’apprécier extrêmement fortement, en grande partie suite aux flux de capitaux provoqués par un effet  valeur-refuge . Ce phénomène a entraîné deux années de faible déflation et menacé l’activité économique en Suisse. Les taux d’intérêt directeurs ont ainsi été ramenés pour l’essentiel à zéro. Le  taux de change minimum  (taux plancher applicable à la valeur du franc suisse par rapport à l’euro), adopté il y a deux ans, a entraîné une expansion importante du bilan de la banque centrale. Les prix des logements ont continué d’augmenter fortement, surtout dans les endroits très recherchés, sous l’effet du faible niveau des taux d’intérêt mais aussi de contraintes du côté de l’offre et d’une demande robuste, en particulier de la part de nouveaux immigrants. Malgré le durcissement des mesures macroprudentielles, le marché du logement donne peu de signes d’apaisement.

  • La Suisse est l’un des rares pays d’Europe occidentale ayant réussi à afficher un taux de croissance positif au cours des dernières années, principalement grâce à une demande intérieure vigoureuse (, partie A). La hausse de la consommation des ménages a été portée par une forte immigration, par la confiance durable des consommateurs et par la hausse des salaires réels (parties B et C). La construction de logements est dopée par une démographie dynamique, couplée à des taux d’intérêt historiquement bas. En revanche, le taux de chômage a amorcé une lente recrudescence depuis la mi-2011 (partie D). Du fait de la forte hausse de la population, qui s’est établie en moyenne aux alentours de 1 % par an ces dernières années, la croissance exprimée par habitant paraît moins impressionnante.

  • La Suisse est dotée d’une économie florissante, et a su utiliser pleinement son capital humain et physique pour conserver un niveau de vie élevé. En outre, compte tenu de la solidité de sa situation budgétaire et de la faiblesse de sa dette publique, elle est bien placée pour réussir à obtenir une croissance durable sur le long terme. L’ouverture sur l’extérieur de l’économie est une source de dynamisme. Néanmoins, la croissance de la productivité du travail est restée en deçà de celle observée dans des pays comparables au cours des dernières décennies, et la Suisse est demeurée à bonne distance de la frontière internationale de productivité multifactorielle. L’absence de concurrence au plan national reste un obstacle de taille à la croissance, et l’intensité des échanges pourrait être améliorée. L’innovation et l’entrepreneuriat sont aussi des domaines dans lesquels le bilan de la Suisse est mitigé. Il est vrai que le niveau des dépenses de recherche-développement (R-D), tant de la part des entreprises que des administrations publiques, est élevé et que les entreprises établies en Suisse sont très actives en termes de dépôt de brevets et de marques, mais la Suisse reste à la traîne en matière d’entrepreneuriat, compte tenu du nombre limité de jeunes entreprises et des obstacles administratifs importants qui entravent la création d’entreprises. Il faut améliorer les politiques publiques, afin que les petites entreprises à forte croissance puissent plus facilement mettre sur le marché de nouveaux biens et services, et créer des emplois. Sur le long terme, l’augmentation de la population devrait rester un moteur de croissance en Suisse, sachant que l’immigration représentera l’essentiel de cette augmentation. Alors qu’en Suisse, l’intégration des immigrés sur le marché du travail est très favorable par rapport à ce qu’elle est dans d’autres pays, les mesures prises à cet effet doivent être renforcées pour que l’ensemble des ressources en main-d’œuvre disponibles puisse être utilisé pleinement. Cela implique en particulier d’adopter des mesures permettant d’améliorer les résultats scolaires de tous les immigrés récents et de leurs enfants, ainsi que les possibilités offertes aux femmes de jouer un plus grand rôle.

  • En Suisse, les femmes ont désormais un niveau de formation égal à celui des hommes. Néanmoins, des progrès restent à accomplir sur le marché du travail où l’offre de main-d’œuvre féminine et sa rémunération sont inférieures à celles des hommes. Le taux d’activité des femmes est élevé et ne cesse de croître, ce qui est contrebalancé toutefois par une forte incidence du travail à temps partiel, reflet de préférences individuelles et de facteurs qui restreignent le travail des femmes. L’insuffisance et le coût élevé des solutions de garde d’enfants, conjugués à un taux marginal d’imposition important pour les deuxièmes pourvoyeurs de revenus, dissuadent les femmes de travailler plus. L’écart net (c’est-à-dire inexpliqué) de rémunération de 7 % environ en faveur des hommes, persistant quoique en baisse, ainsi que la non-représentation des femmes parmi les dirigeants et chefs d’entreprise n’incite pas non plus ces dernières à tirer pleinement profit de leur niveau de formation élevé. Il faut donc éliminer ces obstacles en priorité, en augmentant les dépenses publiques consacrées aux structures de garde d’enfants et d’accueil parascolaire à l’échelon des cantons et des communes. Il faudrait aussi étudier la réglementation existante relative aux services de garde d’enfants pour voir s’il est possible d’élargir la gamme des prestations offertes, en termes de rapport qualité-prix. Il convient également de supprimer l’effet pénalisant implicite du mariage sur le plan fiscal, comme cela est actuellement envisagé par le Conseil fédéral. Une plus grande flexibilité dans l’aménagement du temps de travail pourrait également permettre aux femmes de réduire le coût de la conciliation entre travail et vie de famille. Ainsi, offrir aux femmes comme aux hommes la possibilité d’opter plus facilement pour des solutions comme les horaires de travail flexibles, l’annualisation des horaires, le partage de poste, le temps partiel ou le télétravail, et instituer un congé paternité et/ou un congé parental consécutif unique et non transférable pourraient aider les femmes à intégrer le marché du travail et à en sortir plus aisément. Le renforcement de la concurrence sur les marchés de produits devrait contribuer à combler l’écart de rémunération entre hommes et femmes, en remplaçant notamment certaines pratiques discriminatoires par la recherche des meilleurs talents, indépendamment du sexe. Enfin, un code de gouvernement d’entreprise en faveur d’une représentation plus égalitaire des femmes aux postes de direction et la fixation d’objectifs ambitieux pour accroître la proportion de femmes dans les conseils d’administrations, conjugués à l’adoption de la pratique  appliquer ou expliquer , ou encore l’instauration de quotas, devraient contribuer à la disparition du  plafond de verre .