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  • Le Chili continue d’enregistrer de bons résultats, même en comparaison des pays les plus performants de la zone OCDE. L’activité s’est un peu relâchée en 2006, essentiellement sous l’effet de facteurs ponctuels plutôt que de faiblesses structurelles, mais elle a rebondi avec vigueur au premier semestre de 2007. La gestion macroéconomique demeure exemplaire, comme en témoignent la baisse de l’endettement public, une croissance avoisinant son potentiel et une inflation qui reste faible en dépit d’une hausse récente. Le cadre de l’action gouvernementale – qui associe des instruments permettant d’économiser le surcroît de recettes lié à la conjoncture et au cycle des prix du cuivre à un dispositif de ciblage de l’inflation et un régime de change flexible – s’appuie sur des règles qui favorisent l’activité à un moment où les prix du cuivre atteignent des niveaux records. De fait, l’activité économique est maintenant beaucoup plus apte à résister aux fluctuations erratiques des prix des produits de base que ce n’était le cas lors des cycles précédents. Les autorités ont l’intention de tirer parti de cette situation pour lancer un vaste programme de réformes structurelles dans des domaines qui vont de la réglementation au renforcement de la protection sociale, notamment en procédant aux améliorations indispensables du système de sécurité sociale. L’OCDE partage le point de vue des autorités selon lequel des politiques macroéconomiques saines conjuguées à la poursuite des réformes structurelles sont essentielles pour accroître durablement et préserver le potentiel de croissance de l’économie et réduire ainsi plus rapidement l’écart de revenu qui subsiste entre le Chili et les pays de l’OCDE. Une croissance vigoureuse et durable dans les années à venir serait également un atout important pour continuer à faire reculer la pauvreté et pour améliorer la répartition des revenus encore très déséquilibrée que l’on observe au Chili.

  • La performance économique du Chili demeure vigoureuse. La croissance s’est accélérée depuis 2003, et l’économie en mesure de faire face aux effets des fluctuations des cours du cuivre, grâce à une politique économique solide associant un taux de change flottant, un ciblage de l’inflation et une règle budgétaire qui a permis au Chili de réduire progressivement sa dette publique au point de se trouver aujourd’hui en position créditrice. Une croissance soutenue et durable sera indispensable pour réduire l’écart de revenu encore important par rapport à la zone OCDE, faire reculer la pauvreté et améliorer la répartition des revenus. Mais, pour permettre à ce processus de convergence de se poursuivre à l’avenir, il faudra mener une action plus déterminée, notamment en prenant des initiatives de réforme soutenues pour renforcer le potentiel de croissance à long terme de l’économie.Cet impératif fondamental appelle des mesures dans trois grands domaines structurels : l’efficience des dépenses publiques au titre de certains programmes sociaux, l’emploi non déclaré et l’économie informelle, et le taux d’activité des groupes sous-représentés, notamment les femmes et les jeunes. Les initiatives dans ces domaines se renforcent mutuellement et complètent les mesures recommandées dans l’Étude de 2005, lesquelles concernaient surtout les moyens de stimuler le potentiel d’innovation des entreprises et de consolider le cadre réglementaire dans les industries de réseau.

  • Respectant la règle d’excédent budgétaire structurel, appliquée depuis 2001, le gouvernement a pu maintenir une orientation budgétaire anticyclique dans un contexte de hausse des prix du cuivre, tout en réduisant progressivement la dette publique. La politique monétaire s’appuie sur un cadre associant le ciblage de l’inflation à un taux de change flexible. Une loi de responsabilité budgétaire, adoptée en septembre 2006, a encore renforcé le dispositif macroéconomique en conférant un caractère législatif à la règle budgétaire et en réglementant l’utilisation des économies budgétaires. Une réforme complémentaire des retraites est actuellement examinée par le Congrès, son but étant de consolider le régime fondé sur la solidarité et d’encourager l’épargne retraite. Les autorités s’efforcent également d’améliorer le système fiscal afin d’éliminer les obstacles au développement du secteur financier et du secteur des entreprises. Les dépenses publiques devraient beaucoup augmenter pour les programmes sociaux, l’accent étant mis sur le développement social. Le principal enjeu macroéconomique est de préserver le cadre d’action qui a été si bénéfique pour le Chili durant la forte hausse récente des prix du cuivre, tout en tempérant les revendications d’augmentation des dépenses publiques sociales et en conservant un secteur public dimensionné au plus juste dans un environnement de faible fiscalité et de faible endettement.

  • Les autorités prévoient d’augmenter à moyen terme les dotations budgétaires consacrées à divers programmes sociaux dans les secteurs de l’éducation, de la santé et du logement. Elles devront veiller à l’efficience de ces dépenses supplémentaires, afin qu’elles se traduisent par une amélioration proportionnelle des résultats sur le plan social. Les indicateurs de santé de la population montrent que la situation est relativement bonne au Chili par rapport à des pays comparables de la zone OCDE et d’Amérique latine. Elle est en revanche moins favorable dans le secteur de l’éducation, où les résultats dans le secondaire et le supérieur restent faibles, malgré une progression sensible au fil des années, et où la performance telle que la mesurent les notes obtenues à des tests normalisés du type PISA est également médiocre. D’autre part, même s’il est difficile de faire des comparaisons avec les pays de l’OCDE, le Chili se trouve encore confronté à une importante pénurie de logements. Face à ces défis, il lui faudra redoubler d’effort pour : i) réduire les disparités de résultats qui existent actuellement entre les établissements selon l’origine des élèves, grâce au dispositif de chèques-éducation « différenciés » ainsi qu’à de nouvelles mesures propres à améliorer la qualité de l’enseignement et de la gestion ; ii) mieux partager les risques entre les assureurs publics et les assureurs privés tout en élargissant la couverture de l’assurance maladie à des pathologies plus diverses dans le cadre du plan AUGE ; et iii) continuer à réduire le déficit de logements tout en améliorant la qualité du parc social et de son environnement pour les catégories les plus pauvres de la société.

  • L’activité informelle résulte souvent de contre-incitations liées au niveau élevé des taux d’imposition et à un cadre réglementaire restrictif, tant sur le marché du travail que sur les marchés de produits. Environ 20 % des Chiliens âgés de 15 ans et plus et travaillant au moins 20 heures par semaine n’avaient pas de contrat de travail en 2006. En même temps, on estime que près de 11 % des activités soumises à la taxe sur la valeur ajoutée n’ont pas été déclarées en 2005. Même si le système fiscal du Chili ne pèse pas excessivement sur le secteur formel, il est possible de rendre la réglementation des marchés de produits moins lourde pour les entreprises et d’assouplir le code du travail, surtout en ce qui concerne les contrats à durée indéterminée et l’affectation du temps de travail. Dans la mesure où les entreprises du secteur informel emploient aussi une maind’oeuvre non déclarée, il est possible d’élaborer des politiques en vue de s’attaquer à l’activité informelle, associées aux mesures visant à stimuler l’offre de contrats de travail officiels. Le Chili renforce actuellement son filet de sécurité sociale en mettant en place une assurance chômage et une réforme des systèmes existants d’assurance maladie et de pensions. Une question importante qui se pose est celle de savoir si une protection sociale plus étendue créera des incitations à l’activité formelle assez puissantes pour compenser les coûts additionnels que ces programmes contributifs entraînent. 

  • Le taux d’activité de la population chilienne est faible par comparaison avec la plupart des pays de la zone OCDE, surtout parmi les femmes et les jeunes. Dans le cas des femmes, l’offre de main-d’oeuvre a augmenté régulièrement avec le temps dans les classes d’âge de forte activité et au-delà, tandis qu’elle restait relativement stable chez les hommes. En ce qui concerne les jeunes, les taux d’activité sont orientés à la baisse, principalement du fait des progrès de la scolarisation, surtout chez les hommes, alors qu’ils restent assez faibles et stables chez les femmes. Le principal enjeu dans ce domaine est de renforcer l’offre de travail des femmes, à la fois dans les classes d’âge de forte activité et chez les jeunes, afin de mieux utiliser le facteur travail et de le mettre au service de la croissance à long terme. Cela suppose essentiellement que l’on supprime du code du travail les contraintes qui pèsent sur la répartition du temps de travail et que l’on développe l’offre de services de garde d’un coût abordable pour les mères de jeunes enfants. Le niveau d’instruction étant l’un des principaux déterminants de l’activité, des mesures qui tendraient à renforcer l’accumulation de capital humain dans l’ensemble de la population auraient également leur utilité.