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  • Des fondamentaux sains et une gestion macroéconomique énergique ont permis d’amortir la récession économique mondiale, qui a néanmoins atteint le Chili avec la forte dégradation des termes de l’échange et l’effondrement du commerce mondial. La politique monétaire judicieuse et la politique budgétaire prudente appliquées pendant les années de vive expansion ont permis de prendre des mesures de relance macroéconomique décisives. Ce facteur, s’ajoutant au rebond des prix du cuivre – principale exportation du Chili – et à la reprise du commerce mondial, a contribué à un redressement de l’activité. L’économie est en train de sortir de la récession, mais le chômage devrait se maintenir dans un premier temps à un niveau élevé, tandis que l’inflation restera sans doute faible. La politique macroéconomique devrait donc rester stimulante dans l’immédiat. Si la reprise devient plus vigoureuse, comme on le prévoit, il faudrait supprimer progressivement les mesures de relance afin d’inscrire la croissance sur une trajectoire à moyen terme durable et non inflationniste.

  • La vive expansion économique du Chili a été stoppée net par la crise financière mondiale au milieu de 2008, et les échanges se sont effondrés. Malgré des fondamentaux solides, le Chili a été sévèrement touché par la crise, notamment en raison de sa haute dépendance à l’égard des prix des produits de base. La production s’est fortement contractée, au même rythme qu’après la crise asiatique, et une faible déflation a été observée. Cependant, la récession a été de courte durée. L’activité économique a redémarré au milieu de 2009, à la faveur du rebond des prix à l’exportation et d’un programme hardi de relance macroéconomique. Grâce à une gestion macroéconomique prudente dans le passé, le Chili a pu financer aisément une forte relance budgétaire, et les anticipations inflationnistes relativement stables ont permis une réduction draconienne des taux d’intérêt. La croissance de l’activité et de l’emploi semble devoir reprendre en 2010 et atteindre des taux supérieurs au potentiel en 2011, mais le taux de chômage restera probablement élevé et l’écart négatif de production demeurera sans doute important. À moins que la reprise ne se révèle nettement plus vigoureuse que prévu, les politiques monétaire et budgétaire devront continuer de soutenir l’activité pendant une bonne partie de 2010. Le resserrement qui suivra devra être adapté au rythme de la reprise. Le Chili devra prendre soin de ne pas lever trop vite les mesures de relance, afin notamment d’éviter que le chômage ne perdure comme il l’avait fait après la crise asiatique.

  • La règle budgétaire en vigueur au Chili a assuré une forte protection contre les évolutions défavorables de l’économie mondiale, en rendant possible une relance anticyclique substantielle, sans perturber les marchés financiers, et en contribuant à relancer l’activité. Ce chapitre suggère des moyens de renforcer encore la résilience de l’économie face aux chocs, en durcissant la règle budgétaire pendant les fortes poussées du prix du cuivre et en dégageant une marge pour l’assouplir davantage en cas de récession sévère. Un nouveau renforcement de la composante assurance du système d’indemnisation du chômage augmenterait le rôle des stabilisateurs automatiques, tout en permettant de mieux apparier les demandes et les offres d’emploi et de protéger plus efficacement les chômeurs. Une réduction des indemnités de licenciement diminuerait l’incitation des employeurs à privilégier les emplois à court terme pour éviter de payer ces indemnités. Elle pourrait aussi atténuer la forte dualité du marché du travail, qui s’accompagne d’une proportion très élevée d’emplois à court terme et informels. En s’orientant vers la reprise et vers une élévation continue du niveau de vie, le Chili devra satisfaire une demande croissante de services publics et oeuvrer à l’avènement d’une société plus équitable. Pour réduire la pauvreté et l’inégalité, le Chili a mis en oeuvre des programmes de dépenses sociales de dimension relativement modeste par rapport aux pays de l’OCDE, mais bien ciblés ; beaucoup d’entre eux ont été récemment étoffés, parallèlement à une hausse des crédits d’éducation réservés aux enfants pauvres. Limiter certaines des dépenses fiscales les plus régressives et les moins efficientes pourrait concourir à financer ces augmentations de charges ou à centrer davantage les subventions correspondantes sur les ménages à bas revenu.

  • Le déclin de la croissance de la productivité observé depuis la fin des années 90 ralentit le processus de rattrapage. Des réformes structurelles visant à renforcer la concurrence, l’entrepreneuriat et l’innovation ouvriraient largement la voie à un raffermissement de cette croissance. Il convient désormais de mettre concrètement en oeuvre les récentes réformes de la politique de la concurrence visant à consolider l’application de la législation sur les ententes. Il faut doter le Procureur économique national de ressources suffisantes et, peut-être, revoir de nouveau le plafond – déjà relevé il y a peu – des amendes frappant les auteurs d’ententes. L’entrepreneuriat doit être renforcé grâce à l’allègement de la réglementation qui pèse sur la création d’entreprise et à la simplification des procédures de faillite. Les toutes dernières réformes du cadre de la politique de l’innovation sont une bonne chose, mais il faudra assortir les pôles sectoriels prioritaires de procédures de suivi adaptées et de clauses d’extinction du soutien de l’État.

  • La progression des niveaux d’instruction au Chili est impressionnante. Pourtant, malgré des améliorations récentes, les résultats – mesurés dans le cadre du PISA – doivent encore rattraper ceux des pays de l’OCDE, et il faut aussi s’employer à résoudre les problèmes d’équité. Les enseignants auront dans ces domaines un rôle capital. Le Chili doit s’efforcer d’attirer des personnes qualifiées vers le métier d’enseignant et de soutenir les initiatives visant à améliorer leur formation initiale et en cours d’emploi. Il faut également renforcer les mécanismes d’assurance qualité. Depuis longtemps, le Chili recourt largement à la concurrence pour assurer la qualité des établissements scolaires, mais cette méthode n’a eu que des résultats limités, en partie à cause de règles du jeu très inégales entre écoles publiques et privées concernant la sélection des élèves, le recrutement des enseignants et le mode de financement. Le Chili a commencé à s’attaquer à ces problèmes en interdisant la sélection des élèves jusqu’à la 6e année de scolarité. Le nouveau dispositif national d’assurance qualité, fondé sur une évaluation indépendante des résultats, est en cours de mise en oeuvre et viendra utilement compléter l’ensemble. Enfin, il faudra aider les élèves en difficulté encore plus que les autres si le Chili veut améliorer les résultats scolaires moyens et renforcer l’équité dans le même temps. Les pouvoirs publics ont entrepris récemment des réformes d’envergure pour investir davantage en faveur des enfants de familles modestes. Ces ressources supplémentaires peuvent contribuer à obtenir des progrès considérables.