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  • La vigoureuse reprise de l'activité au Chili s'est un peu essoufflée avec le ralentissement de l'économie mondiale, la baisse des prix du cuivre et la dégradation de la confiance des consommateurs dans le pays. Étant donné les incertitudes considérables qui entourent la santé de l’économie mondiale, une politique macroéconomique plus accommodante pourrait être nécessaire à court terme. Au-delà, la réduction de la pauvreté et des inégalités, qui demeurent fortes par rapport aux autres pays de l’OCDE, sera l’un des grands défis à relever, même si des progrès impressionnants ont déjà été réalisés. Les transferts redistributifs et les impôts progressifs jouent un rôle limité. Favoriser l’accès des pauvres à l’éducation et à l’emploi permettrait à un plus grand nombre de Chiliens de contribuer à une économie plus dynamique et plus productive, et donc à une amélioration du niveau de vie. Pour surmonter, à court terme, les difficultés engendrées par la situation économique mondiale et, à plus long terme, pour parvenir à une croissance plus forte et promouvoir une société plus solidaire, le Chili pourrait adopter les mesures suivantes :

  • La vigoureuse reprise qui a fait suite à la récession mondiale de 2008-09 puis au séisme et au tsunami dévastateur du début 2010 a perdu un peu de sa force sous l’effet du ralentissement économique international. On prévoit que le PIB augmentera de 6½ pour cent en 2011, pour retomber ensuite à 4 % en 2012. Pour peu que la confiance s’améliore et que l’économie mondiale relève la tête en 2012, la croissance chilienne devrait monter aux alentours de 5 % en 2013. L’écart de revenu du Chili avec les pays les plus avancés de l’OCDE demeure important, principalement du fait du retard de productivité. La pauvreté et les inégalités se situent encore, elles aussi, à des niveaux élevés par rapport aux autres pays de l’OCDE, étant donné notamment la faible capacité redistributive du système de prélèvements et de prestations (). Malgré une forte croissance économique, les inégalités se maintiennent à des niveaux élevés depuis 20 ans – nonobstant une légère amélioration ces dernières années – et la mobilité sociale entre les générations est faible. Le principal défi pour le Chili est de maintenir une croissance dynamique tout en veillant à ce que ses retombées positives soient plus également partagées dans la société. Un système éducatif plus performant et une concurrence accruesur le marché des produits seront nécessaires pour stimuler la productivité et réduire les inégalités. Aux efforts déployés pour renforcer la croissance devraient venir s’ajouter des mesures destinées à améliorer l’emploi des pauvres et à relever leur niveau de vie.

  • En dépit des impressionnants progrès accomplis, la pauvreté et les inégalités demeurent fortes au Chili par comparaison avec les autres pays membres de l’OCDE, et le système de prélèvements et de transferts ne contribue guère à améliorer la situation. Les autorités envisagent d’introduire un nouveau transfert monétaire destiné aux pauvres : Ingreso Ético Familiar. C’est une initiative qui va dans le bon sens. Cependant, au moins au début, le transfert sera modeste par rapport aux critères de la zone OCDE, et il sera ciblé très étroitement sur les familles vivant dans l’extrême pauvreté. À terme, il faudrait prévoir d’augmenter son montant et d’élargir l’éventail de ses bénéficiaires en instaurant une progressivité dans la suppression de la prestation. Il sera essentiel d’apporter aux pauvres un solide appui dans la recherche d’un emploi décent afin de les aider à sortir durablement de la pauvreté. Ingreso Ético Familiar s’accompagnera d’un programme pour l’emploi à l’intention des bénéficiaires. Ce dispositif devrait s’appuyer sur l’infrastructure existante des politiques actives du marché du travail, qu’il faudra améliorer parallèlement. Les autorités devraient renforcer les capacités des agences locales pour l’emploi et se fonder sur l’évaluation existante des programmes de formation pour ne conserver que ceux dont l’efficacité estprouvée, tout en les axant davantage sur les travailleurs peu qualifiés et les chômeurs. L’amélioration de l’indemnisation du chômage, couplée à la limitation des indemnités de licenciement, accroîtrait l’efficacité de la protection de l’emploi et contribuerait mieux à éviter le dualisme du marché du travail.

  • Si les conditions de logement se sont bien améliorées au Chili, 10 % environ de la population vivent encore dans des habitations soit surpeuplées, soit de mauvaise qualité, avec parfois un accès limité aux services de base. Il importe de poursuivre l’amélioration des conditions de logement des plus démunis pour endiguer la pauvreté et réduire les inégalités. Premièrement, il sera indispensable de mieux cibler les aides au logement afin de dégager des ressources pour ceux qui sont réellement dans le besoin. L’État devrait également repenser les subventions, qui ne s’adressent actuellement qu’aux propriétaires. En associant le versement aux locataires d’allocations sous condition de ressources et une réglementation plus équilibrée entre preneurs et bailleurs, on dynamiserait le marché locatif, renforçant par là-même la mobilité résidentielle et limitant probablement la ségrégation. Deuxièmement, un plus grand respect des quotas de logements sociaux dans le cadre des nouveaux projets de construction, couplé à des investissements dans la rénovation urbaine et les services sociaux des quartiers pauvres et à la mise en valeur des friches urbaines, pourrait aussi contribuer à réduire les inégalités. Troisièmement, des normes thermiques et énergétiques efficaces pour les bâtiments amélioreraient la qualité du parc de logements, préserveraient la santé publique et diminueraient la pollution atmosphérique. En limitantles constructions sur les lignes de fracture et les zones côtières dangereuses, on pourrait également accroître la résilience du Chili en cas de catastrophes naturelles. Quatrièmement, une fiscalité du logement ne favorisant pas les propriétaires au détriment des locataires réduirait les distorsions et rendrait le système d’imposition moins régressif. Enfin, une meilleure capacité d’adaptation de l’offre à la demande de logements garantirait la bonne adéquation entre la construction et les besoins résidentiels et éviterait la capitalisation des aides publiques dans le prix des logements.