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  • L’économie sort lentement d’une profonde récession qui aura des conséquences durables. Si, en termes de PIB réel, cette récession est comparable à celles qu’ont connues les autres économies avancées de l’OCDE, elle a entraîné une augmentation beaucoup plus marquée du chômage et une détérioration plus prononcée des finances publiques, l’une et l’autre largement structurelles. En Espagne, les effets de la crise mondiale ont été aggravés par une expansion insoutenable de la demande intérieure, sous l’impulsion de l’investissement en logements et de l’investissement des entreprises, aboutissant à un endettement croissant du secteur privé. Bien que les autorités aient mené une politique budgétaire et financière relativement prudente avant la crise, la confiance des investisseurs s’est dégradée pendant celle-ci et la reprise pourrait s’en ressentir dans la mesure où les marges sur les emprunts souverains restent élevées. Néanmoins, après la publication des résultats des tests de résistance auxquels les banques ont été soumises et à la suite des initiatives énergiques prises par les autorités, les conditions de financement se sont améliorées.

  • Après avoir connu une croissance rapide pendant une décennie, en 2008 l’Espagne est entrée dans une récession d’une gravité et d’une durée sans précédent. La contraction de la production a été du même ordre que dans les autres pays européens, mais elle a entraîné une hausse massive du chômage. La récession a accéléré l’ajustement du déficit de balance courante qui s’était accumulé sous l’effet de la forte expansion de l’endettement du secteur privé, lequel avait permis de financer un niveau élevé des investissements productifs et immobiliers. Une lente reprise s’est amorcée au premier semestre 2010, mais la croissance semble devoir rester molle en raison des nouveaux ajustements nécessaires dans le secteur du logement et du niveau élevé de la dette privée. Le chômage devrait par conséquent rester élevé. Comme l’assainissement des finances publiques pèsera lui aussi sur la reprise dans le court terme, il est indispensable de redonner confiance aux agents économiques nationaux et internationaux.

  • L’Espagne est sortie récemment d’une profonde récession provoquée par la crise mondiale. La croissance semble néanmoins devoir rester peu soutenue étant donné que l’économie doit encore corriger une partie des déséquilibres apparus dans le secteur privé avant la crise en dépit d’une politique budgétaire prudente au niveau macroéconomique. La forte expansion de l’endettement privé, qui reflétait le dynamisme de l’investissement des entreprises ainsi que le développement excessif de la construction de logements, a conduit à un déficit substantiel du compte des opérations courantes, en cours de correction. Pour rééquilibrer l’économie et stimuler la croissance potentielle, il faudra engager de véritables réformes, surtout sur les marchés du travail et des produits. En particulier, une stimulation accrue de la concurrence dans le secteur des services pourrait contribuer à réduire les prix et à renforcer la compétitivité. En matière de logement, les politiques mises en oeuvre sont largement parvenues à éliminer les distorsions fiscales en faveur de l’accession à la propriété et à abaisser les obstacles qui caractérisaient le marché locatif, ce qui pourrait faciliter l’ajustement du marché du travail tout en contribuant à la résorption du parc de logements vacants. Cependant, les autorités devraient éviter de développer le parc de logements sociaux et donner la préférence à des allocations soumises à conditions de ressources. La restructuration et la réforme des caisses d’épargne ont permis d’améliorer leur résilience, mais il y aurait lieu de réduire encore le rôle des administrations régionales dans leur gestion.

  • Le gouvernement espagnol a présenté dernièrement un ensemble ambitieux de mesures d’assainissement des finances publiques. Dans le cas où les objectifs budgétaires ne seraient pas atteints, les autorités devront se tenir prêtes, comme cela a été annoncé, à prendre des mesures supplémentaires, qui pourraient consister à assujettir davantage de produits et de services au taux ordinaire de la taxe sur la valeur ajoutée. Ces mesures pourraient aussi servir à financer la réduction d’une partie des cotisations patronales de sécurité sociale. Une fois que la consolidation budgétaire sera suffisamment avancée, une nouvelle réforme du système fiscal devra être envisagée en vue de mettre davantage l’accent sur les impôts qui favorisent la croissance. L’Espagne se trouve aussi confrontée à une augmentation spectaculaire des dépenses publiques liées au vieillissement, due pour l’essentiel aux retraites. Le relèvement de deux ans de l’âge légal de la retraite proposé par le gouvernement est une mesure qui va dans le bon sens mais des réformes plus poussées du système de retraite seront nécessaires pour contenir l’accroissement des dépenses. Il conviendrait de revoir les règles relatives aux soldes budgétaires des différents niveaux d’administration afin d’inciter les autorités régionales à dégager des excédents budgétaires plus importants lorsque l’activité économique est supérieure au potentiel.

  • Après avoir connu une croissance régulière de l’emploi durant les années 90, l’Espagne a accusé la plus forte hausse du chômage de tous les pays de l’OCDE pendant la crise. Les problèmes structurels du marché du travail ont amplifié les pertes d’emplois résultant de la crise, qui ont été bien plus lourdes que dans les autres économies de l’OCDE. Les indemnités de licenciement très élevées obtenues de facto par les titulaires de contrats permanents ont créé des rigidités et abouti à un dualisme du marché du travail qui a des effets négatifs sur l’emploi et la productivité. Le système de négociation collective des salaires a empêché les entreprises de s’adapter aux chocs macroéconomiques et donc d’en atténuer l’impact sur l’emploi. La législation de réforme du marché du travail devrait permettre de réduire la protection excessive dont bénéficie l’emploi permanent, mais certaines incertitudes subsistent quant à la façon dont ce texte sera interprété par les tribunaux. Ces dispositions permettent plus aisément aux entreprises de ne pas appliquer les conventions collectives de haut niveau. Le taux élevé d’abandon des études au premier cycle de l’enseignement secondaire explique pour beaucoup le très fort chômage qui sévit chez les jeunes. Élargir l’accès des jeunes à la formation serait un moyen efficace de les tenir à l’écart d’un marché du travail déprimé. Enfin, il y aurait lieu d’améliorer l’efficacité des activités de placement, notamment au travers des services publics de l’emploi, et ce d’autant plus que les contraintes budgétaires actuelles obligent à faire un meilleur usage des ressources consacrées aux politiques actives du marché du travail. La réforme récente autorise les entreprises à but lucratif à offrir des services de placement, mais il faut aller plus loin. Dans cette optique, il faudrait soumettre les services publics régionaux de l’emploi à des évaluations de performance et inciter davantage les chômeurs indemnisés à rechercher un emploi.

  • L’Espagne fait un usage intensif de ses ressources naturelles en eau, surtout en agriculture, grâce aux très nombreux barrages qu’elle a mis en place. L’extraction de ces ressources a dans une large mesure atteint ses limites, d’autant qu’elles devraient continuer de diminuer sensiblement à l’avenir sous l’effet du changement climatique, notamment dans les régions sèches du pays. Les coûts d’exploitation à grande échelle d’autres formes d’approvisionnement en eau, comme le dessalement et le recyclage de l’eau, restent bien supérieurs aux tarifs payés aujourd’hui par les consommateurs. Dans ces conditions, le gouvernement a admis la nécessité de recentrer la politique de l’eau sur la gestion de la demande, pour faire en sorte que les ressources disponibles soient affectées aux usages les plus efficients et prioritaires. Il existe d’importants gisements d’économies d’eau, en particulier dans l’agriculture où le rendement de l’eau d’irrigation est souvent faible. Le gouvernement a subventionné l’adoption de techniques d’irrigation plus efficientes, pour un coût budgétaire considérable, ce qui a contribué à une légère réduction de la consommation d’eau d’irrigation ces dernières années. Néanmoins, le bas niveau des prix de l’eau, conjugué à l’attribution gratuite des concessions, fait encore obstacle à une utilisation efficiente des ressources en eau. Les prix de l’eau devront encore augmenter afin de refléter pleinement les coûts de fourniture du service, ainsi que le coût de rareté et les coûts environnementaux des prélèvements d’eau. Pour une meilleure prise en compte de la rareté de l’eau, il conviendrait entre autres d’adopter progressivement des instruments économiques tels que la mise aux enchères des concessions et d’éliminer certains obstacles aux échanges de concessions entre les usagers. Une régulation par comparaison des compagnies des eaux contribuerait à accroître l’efficience des services de distribution d’eau et de traitement des eaux. De nouvelles mesures s’imposent pour mettre fin aux prélèvements souterrains excessifs, à commencer par une meilleure surveillance et l’instauration de redevances sur les prélèvements d’eau dans les aquifères surexploités.