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  • Le produit intérieur brut (PIB) de la Grèce se serait accru, d’après les estimations, de plus de 4 % en 2003 et en 2004, dépassant ainsi largement non seulement la moyenne de l’Union européenne (UE), mais aussi celle de l’OCDE pour la quatrième année consécutive. La baisse prononcée des taux d’intérêt nominaux et réels qui avait précédé l’entrée dans la zone euro en janvier 2001 a été amplifiée par la réforme des marchés financiers, et la forte expansion de l’investissement qui a suivi a entraîné une augmentation marquée de la productivité. La consommation privée a été soutenue par une expansion vigoureuse du crédit, peu développé au départ. Cependant, la croissance de l’emploi n’a été que modérée et le chômage structurel demeure élevé. La vigueur de l’activité au cours de la période récente est surtout imputable à la demande intérieure, en particulier au dynamisme du secteur de la construction et de celui des services, stimulés notamment par les préparatifs des Jeux olympiques et financés par le déficit. L’audit budgétaire réalisé en 2004 a révélé que le déficit a été sous-estimé de 2 points de PIB environ depuis 1997 et le taux d’endettement de 6 à 8 points. Le déficit révisé pour 2004 s’inscrit à 6 % du PIB. Comme la reprise de l’économie mondiale semble devoir se poursuivre au cours des prochaines années, la croissance va probablement rester supérieure à la moyenne de l’UE, en dépit d’importantes mesures d’assainissement budgétaire. Cependant, puisque l’économie grecque continue de dépasser son potentiel, l’écart d’inflation vis-à-vis de la zone euro ne se résorbera sans doute pas suffisamment pour éviter une nouvelle érosion de la compétitivité, qui pourrait à un moment ou à un autre entraîner un net fléchissement de la croissance. 

  • Du point de vue de la croissance du PIB réel, l’économie grecque a enregistré de bon résultats ces dernières années et a mieux surmonté le ralentissement international de l’activité que la plupart des pays de l’OCDE. Cependant, cela s’est fait au prix d’un déficit budgétaire qui s’est énormément creusé et d’un taux élevé d’endettement public. Une des principales difficultés pour les responsables de la politique économique sera donc de contenir les déficits publics afin de respecter les obligations européennes et de se préparer à faire face aux pressions sur les dépenses qui apparaîtront après 2015 en raison du vieillissement de la population et d’un système public de retraite qui n’est pas viable sur le plan actuariel et qui, jusqu’à présent, n’a guère subi de réformes. Le coût croissant du système public de santé ajoutera encore aux pressions sur le budget de l’État. Les autorités auront aussi beaucoup à faire pour atteindre leur objectif de réduction de l’écart de niveau de vie entre la Grèce et l’Union européenne, qui s’est creusé de la fin des années 70 au milieu des années 90 pour se resserrer depuis lors. Pour combler l’important écart de revenu par habitant qui subsiste, il faudra : i) mobiliser les énormes réserves existantes de main-d’oeuvre par des réformes complètes du marché du travail, notamment en ce qui concerne les systèmes d’éducation et de formation ; ii) maintenir les gains de productivité à un niveau élevé pendant une longue période, essentiellement en supprimant l’intervention encore généralisée des pouvoirs publics dans le processus économique et en instaurant une culture de la concurrence sur les marchés de produits ; et iii) préserver la stabilité macroéconomique tout en améliorant la compétitivité internationale par la suppression de l’écart d’inflation qui persiste avec la zone euro.

  • La politique budgétaire rencontre des difficultés aussi bien à court terme qu’à moyen terme car, comme on a pu s’en rendre compte récemment, les finances publiques se sont fortement dégradées. Le dernier Programme de stabilité et de croissance envisage de ramener le déficit des administrations publiques de 6 % du PIB en 2004 à moins de 3 % en 2006, ce qui exige une correction de grande ampleur sur deux ans. La dette publique reste obstinément élevée, à environ 110 % du PIB, alors même que de vives pressions démographiques se feront sentir après 2015. Il faut surtout limiter les dépenses primaires – en établissant des priorités – et enrayer la fraude fiscale, en ramenant le déficit budgétaire aux niveaux visés dans le Programme de stabilité et en ouvrant des possibilités de baisse d’impôts et d’augmentation des dépenses dans les secteurs qui contribuent le plus à la croissance. Il faudra aussi prendre des initiatives décisives pour améliorer l’efficience administrative, et réformer le système de santé de façon à assurer sa viabilité financière. Des réformes s’imposent pour simplifier le système fiscal, de manière à ce qu’il fausse moins l’allocation des ressources, n’aboutisse pas à une répartition inéquitable de la charge fiscale et ne crée pas des coûts d’administration de l’impôt élevés et de respect des obligations fiscales. Autre défi à long terme pour la Grèce : la profonde évolution démographique de ces prochaines décennies, qui nécessitera un vaste réaménagement du système de retraite pour empêcher toute déstabilisation des finances publiques. L’enjeu principal est de garantir la viabilité financière du système public de retraite sans mettre en péril les revenus des personnes âgées et sans nuire à la capacité productive de l’économie. On trouvera à la fin de ce chapitre (encadré 2.6) un résumé des recommandations de politique budgétaire.

  • Dans ce chapitre sont examinées les politiques structurelles qui amélioreraient les performances à long terme de la Grèce en matière de productivité et contribueraient à accélérer la convergence sur le plan économique et social avec les autres pays membres de l’UE. Ce chapitre se concentre sur un certain nombre de domaines clés particulièrement importants pour une progression rapide de la productivité car ils offrent des possibilités non négligeables d’harmonisation avec les meilleures pratiques internationales. Ces domaines sont les suivants : réforme de la politique de la concurrence, promotion d’une économie fondée sur le savoir, libéralisation des marchés de produits, en particulier dans les secteurs de l’énergie, des télécommunications et du transport, mesures favorisant l’entrepreneuriat, et mise en oeuvre d’un régime de gouvernement d’entreprise de meilleure qualité. Le chapitre se termine par un encadré (encadré 3.3) qui résume les progrès récents dans les réformes structurelles ainsi que les principales recommandations pour la suite de l’action des pouvoirs publics.

  • Le présent chapitre examine un certain nombre de caractéristiques du marché du travail qui se répercutent tout particulièrement sur les taux d’activité et les taux d’emploi, dont l’accroissement permettrait d’améliorer la performance économique à long terme de la Grèce et contribuerait à accélérer la convergence économique et sociale avec les autres États membres de l’Union européenne. Ces caractéristiques sont les suivantes : flexibilité du système salarial, coûts de main-d’oeuvre non salariaux, dispositions relatives à la protection de l’emploi, mobilité de la maind’oeuvre, politiques actives du marché du travail et capital humain. Le chapitre s’achève par un encadré (encadré 4.3) qui résume les progrès accomplis au cours de la période récente dans les réformes du marché du travail ainsi que les principales recommandations concernant les actions à mener.

  •  En Grèce, les migrations ont toujours constitué un phénomène de premier plan : les Grecs ont émigré massivement pendant plusieurs décennies après la Seconde Guerre mondiale et le pays connaît un afflux considérable d’immigrants depuis 1990. Le cycle d’émigration suivi de migrations de retour importantes peut être considéré comme un signe du passage de la Grèce d’une économie rurale à une économie urbaine, bien que les facteurs politiques aient également joué un grand rôle. Les immigrants ont été nombreux à arriver dans les années 90, au point d’avoir probablement porté à plus de 10 % la part des étrangers dans la population totale et d’avoir augmenté la population active de 5 à 10 %. Compte tenu des rigidités du marché du travail formel en Grèce, l’existence d’un secteur informel non négligeable constamment en quête de main-d’oeuvre à bas salaires a permis aux immigrants clandestins de trouver des emplois en nombre alors même que le chômage structurel de la population grecque refusait de baisser. Tout en mettant en évidence les effets que peuvent avoir des interventions sur le marché du travail comme la fixation d’un salaire minimum trop élevé, à savoir la limitation des débouchés professionnels pour les travailleurs faiblement qualifiés, l’immigration clandestine a réduit le coût économique de ces restrictions en permettant au moins à certains Grecs de progresser dans la hiérarchie des emplois et en accroissant la production et la rentabilité d’un certain nombre de secteurs. Moins les autorités appliquent de pénalités aux employeurs d’immigrants clandestins – pénalités qui, en principe, sont sévères mais, en pratique, semblent rester lettre morte le plus souvent – plus ces avantages économiques sont importants.