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  • La Hongrie est confrontée à l’une des plus graves récessions observées parmi les pays de l’OCDE. En dépit de l’aide financière apportée par les institutions internationales, la politique macroéconomique a dû conserver une orientation restrictive. La situation se stabilise, mais l’ampleur de la récession laissera des marques profondes. Des réformes structurelles décisives vont devoir être mises en oeuvre à l’avenir pour ramener l’économie sur une trajectoire de croissance viable. Le transfert de la charge fiscale des revenus du travail vers la consommation a notablement contribué à réduire les distorsions économiques. La réforme des retraites, qui permettra d’accroître l’offre de travail, doit être poursuivie. Afin de renforcer la productivité, il importe de promouvoir des politiques propices à l’innovation. Il est par ailleurs indispensable de mettre au point un ensemble équilibré de mesures économiques pour relancer la croissance. Il faut poursuivre l’assainissement des finances publiques, tout en évitant de prendre des mesures excessivement procycliques si la situation économique se dégrade de façon plus prononcée que prévu. À mesure que l’activité se redressera, la banque centrale devra continuer à assurer une bonne communication avec les marchés de capitaux, de manière à éviter de compromettre la stabilité financière en cas de brusque revirement de la confiance des marchés.

  • La Hongrie a connu l’une des récessions les plus prononcées parmi les pays de l’OCDE, son produit intérieur brut (PIB) réel devant accuser, selon les prévisions, un recul deux fois plus marqué que la moyenne de l’OCDE en 2009. Son économie a été lourdement pénalisée par l’effondrement des échanges commerciaux, tout comme les autres économies en transition de la région, mais les effets de la crise mondiale ont été aggravés par une vive dégradation de la confiance des investisseurs dans les actifs libellés en forints. Il s’en est suivi une forte dépréciation de la monnaie en octobre 2008, qui a conduit les autorités à demander aux institutions internationales une aide financière. Des crédits s’élevant au total à 20 milliards d’euros ont été accordés en novembre 2008 par le Fonds monétaire international (FMI), l’Union européenne (UE) et la Banque mondiale. Le niveau élevé des emprunts en devises et le manque de viabilité de la situation budgétaire sont les causes principales de la perte de confiance des investisseurs étrangers. Les prêts en devises se sont multipliés sous les effets conjugués de plusieurs facteurs qui se sont mutuellement renforcés. Sur le plan de la demande de crédit, les emprunts ont été encouragés par l’écart persistant et important entre les taux d’intérêt hongrois et ceux des pays d’Europe occidentale, par la stabilité relative de la monnaie et par les anticipations de convergence. Sur le plan de l’offre de crédit, les banques ont donné la faveur aux prêts en devises en raison de l’insuffisance de l’épargne intérieure en forints, ainsi qu’en raison d’hypothèses excessivement optimistes concernant la convergence. En conséquence, les ménages et les entreprises ont de plus en plus contracté des emprunts en devises, notamment en francs suisses. La dette extérieure totale atteignait environ 120 % du PIB à la fin de 2008, contre moins de 50 % pour la Pologne et 40 % pour la République tchèque. Au plus fort de la crise financière (octobre 2008), le montant brut des réserves de change est devenu inférieur à l’encours de la dette à court terme en devises calculée sur la base de l’échéance résiduelle. Or, les autorités n’avaient plus guère de marge de manoeuvre pour venir en aide aux investisseurs privés, en raison du niveau élevé de la dette publique et du déficit budgétaire encore important.

  • La Hongrie est confrontée à l’une des plus graves récessions observées parmi les pays de l’OCDE. Le niveau élevé de la dette libellée en devises a entraîné une perte de confiance des marchés, et l’impossibilité de financer le déficit public en faisant appel au marché, conjuguée à la faiblesse des réserves de change, a conduit les autorités à demander l’assistance financière d’organisations internationales. Dans un contexte de grande instabilité des taux de change, il a fallu mener une politique macroéconomique rigoureuse en dépit d’une grave récession. Pour la banque centrale, la défense du forint a parfois dû l’emporter sur le ciblage de l’inflation. Sur le plan budgétaire, les dépenses discrétionnaires ont fait l’objet de coupes claires. La crise a servi de déclencheur à des réformes structurelles décisives, dont une vaste réforme fiscale, une réforme des retraites et la mise en place d’un Conseil budgétaire et de règles budgétaires. À la faveur de la reprise mondiale, la politique monétaire a été assouplie et les autorités ont en partie laissé jouer les stabilisateurs automatiques. Éviter un dérapage budgétaire majeur, surtout pendant l’année électorale de 2010, devrait concourir à rétablir la confiance et à stabiliser l’économie. L’ampleur de la récession ne manquera pas de laisser son empreinte sur la capacité de production. Pour stimuler la croissance potentielle et résorber les écarts d’efficience (entre régions, entreprises et groupes de la population active), il importe donc de poursuivre les réformes structurelles dans les domaines du marché du travail, de l’enseignement, de l’entrepreneuriat et de l’innovation. À cet égard, le transfert de charge fiscale du travail vers la consommation intervenu en 2009 a utilement contribué à la réduction des distorsions économiques. La réforme des retraites et le raccourcissement du congé de maternité, qui auront une incidence positive sur l’offre de travail, doivent être maintenus. Les politiques actives du marché du travail doivent être mieux coordonnées. Quant aux mesures touchant les marchés de produits, elles doivent davantage soutenir l’innovation. Enfin, la poursuite de l’assainissement des finances publiques devrait contribuer à un meilleur dosage des mesures adoptées, tout en ouvrant la voie à des réductions d’impôts favorables à la croissance.

  • Le défi auquel se trouve confrontée la Hongrie est de restaurer sa crédibilité après avoir accusé de lourds déficits persistants. Les efforts déployés ces dernières années ont été très fructueux. Le déficit budgétaire a été nettement réduit et, malgré la récession, l’assainissement des finances publiques a raffermi la confiance des investisseurs étrangers. Il fallait néanmoins que l’ajustement budgétaire à court terme s’accompagne de mesures à même d’améliorer durablement la situation des finances publiques, ce qui a été fait, avec l’adoption en 2009 d’une réforme des retraites et d’une loi de responsabilité budgétaire, mettant en place un Conseil budgétaire et des règles budgétaires. Mais la tâche n’est pas terminée. Certaines réductions de dépenses, notamment du côté des rémunérations dans le secteur public, pourraient être difficiles à mettre en oeuvre. Par le passé, l’assainissement budgétaire a reposé à la fois sur la réduction des dépenses et l’augmentation des recettes. En conséquence, et malgré l’importante réforme fiscale qui a débuté au second semestre de 2009 et s’est poursuivie en 2010, les taux marginaux d’imposition restent élevés, ce qui a des effets négatifs sur le marché du travail et sur la croissance. Pour l’avenir, il faut que le gouvernement enraye la croissance des dépenses publiques et accroisse l’efficience de l’administration afin d’alléger l’« empreinte » du secteur public sur l’économie et de permettre des baisses d’impôts. L’administration publique et la santé sont les principaux domaines où l’effort devrait être intensifié. Il faudrait que le gouvernement fasse en sorte que le Conseil budgétaire puisse jouer un rôle prééminent, et une certaine expérience sera nécessaire avant d’envisager toute modification substantielle des règles budgétaires. Enfin, il faudra poursuivre les efforts déployés en vue d’atténuer les effets de distorsion résultant de la fiscalité, en réduisant encore les coins fiscaux et en donnant plus de poids à la taxation du patrimoine, notamment au niveau des collectivités locales.

  • La crise mondiale a révélé des faiblesses du système financier hongrois qui mettent en péril la stabilité financière. Les risques excessifs pris par les banques et les ménages ont été masqués par la relative stabilité du taux de change, l’attente d’une adoption rapide de l’euro et l’abondance inhabituelle du crédit sur les marchés internationaux. Quand le crédit est devenu plus rare et plus cher, l’économie intérieure a été touchée de multiples façons. La forte dépréciation du forint a beaucoup alourdi l’endettement des ménages, tandis que les banques ont souffert de l’assèchement de la liquidité, notamment sur le marché des contrats d’échange contre franc suisse. L’une des principales leçons de la crise est la nécessité de modifier les modalités des prêts aux ménages : il faut conjuguer une plus grande protection des emprunteurs et une réglementation plus rigoureuse des prêteurs. Un développement de la concurrence sur le marché bancaire disciplinerait aussi le comportement des prêteurs. Il convient de renforcer la surveillance financière en donnant davantage de pouvoirs à l’autorité compétente pour empêcher les pratiques abusives et la prise de risques excessifs. Il faut aussi créer un meilleur système d’alerte rapide pour le suivi et l’évaluation des risques systémiques, dans lequel l’instance plus formelle que constitue le Conseil de stabilité financière jouerait un rôle déterminant.

  • Les grandes réformes structurelles qui ont suivi la période communiste ont doté la Hongrie d’un système d’enseignement qui devrait en principe déboucher, compte tenu de nombre de ses caractéristiques, sur de bons résultats et une utilisation efficiente des ressources. De fait, en proportion du PIB, les coûts sont voisins de la moyenne de l’OCDE, tandis que les jeunes élèves obtiennent des résultats supérieurs à la moyenne dans les évaluations internationalement comparables. Mais ces performances relativement satisfaisantes se dégradent avec l’âge. Les élèves de 15 ans n’obtiennent que des résultats moyens aux épreuves du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA), et la proportion d’adultes ayant fait des études supérieures, bien qu’en hausse, est encore faible. Phénomène plus préoccupant, le système scolaire ne prépare pas de façon adéquate les jeunes sortant de l’école, en particulier ceux issus de milieux défavorisés, à entrer dans le monde du travail. Encourager un plus grand nombre de familles défavorisées à préscolariser plus longtemps leurs enfants, repousser l’âge auquel les élèves doivent choisir le type d’enseignement secondaire qu’ils veulent suivre et relever le niveau de la formation professionnelle permettrait d’améliorer la situation, de même qu’un effort soutenu pour rehausser la qualité moyenne des enseignants. L’existence de fortes primes salariales pour les adultes qui ont fait des études supérieures, alors que le nombre de diplômés est relativement faible, donne à penser que l’enseignement supérieur devrait être développé et que les étudiants devraient contribuer davantage au financement de leurs études.