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  • Cette Étude est publiée sous la responsabilité du Comité d’examen des situations économiques et des problèmes de développement, qui est chargé de l’examen de la situation économique des pays membres.

  • L’économie hongroise est confrontée à d’importants vents contraires. Le ralentissement de l’activité mondiale et les turbulences sur les marchés de capitaux ont précipité une économie déjà fragile et lourdement endettée vers la récession. Néanmoins, des politiques nationales controversées ont également contribué à l’incertitude en sapant la confiance des consommateurs, des entreprises et des marchés. L’urgence absolue est de stabiliser l’économie. En outre, il est essentiel de renforcer la crédibilité et la prévisibilité des politiques intérieures afin d’établir des conditions favorables à la croissance et à la hausse des revenus. Un accord avec les organisations multilatérales contribuerait à rétablir la confiance et faciliterait l’assainissement indispensable des finances publiques. Il allégerait également le poids de la dette en devises en stabilisant le taux de change. Le deuxième défi consiste à renouer avec une croissance saine en vue de pérenniser la reprise. Cet objectif implique de résorber la dette des ménages sans pénaliser les banques pour éviter un resserrement du crédit. Enfin, il faut impérativement rehausser la croissance potentielle : augmenter les taux d’activité et améliorer les résultats en termes de santé sont deux moyens d’y parvenir.

  • La Hongrie est confrontée à une exacerbation des tensions sur les marchés de capitaux. Les taux d’intérêt à long terme et les taux des contrats d’échange sur risque de défaut concernant les titres de la dette publique ont sensiblement augmenté depuis le printemps 2011 (, parties A et B). La notation de la dette souveraine a été dégradée à investissement spéculatif et plusieurs adjudications de titres de dette ont échoué pour tout ou partie au second semestre 2011, ce qui suscite une grande incertitude alors que le pays va avoir d’importants besoins de refinancement en 2012 et 2013 (, partie D). De plus, le cours de change de la monnaie nationale s’est fortement déprécié, ce qui alourdit la dette en devises (, parties F et C). Pour mieux stabiliser les marchés, le gouvernement a demandé une aide financière de précaution à l’Union européenne (UE) et au Fonds monétaire international (FMI) et la banque centrale a relevé son taux directeur de 50 points de base à deux reprises en novembre et décembre 2011 pour le porter à 7 %.

  • Malgré une grave récession en 2009 et une faible croissance au cours des années suivantes, la situation budgétaire de la Hongrie est meilleure que celle de beaucoup de pays de l’OCDE. Néanmoins, le solde sous-jacent a commencé à se dégrader en 2010 et 2011. Conscient du problème, le gouvernement a lancé au printemps 2011 un dispositif ambitieux de redressement budgétaire, appelé plan Széll Kálmán, qui est centré à bon escient sur la réduction des dépenses publiques. La conjonction de ce plan et de mesures substantielles d’augmentation des recettes prises ensuite devrait permettre de retrouver la voie de l’ajustement budgétaire en 2012 et 2013. Toutefois, il reste difficile d’assurer la viabilité de la dette publique hongroise face à la persistance de la crise de la dette souveraine dans de nombreuses économies européennes, car les variations de l’opinion des marchés pourraient porter le coût de son service à un niveau intenable. Dans ces conditions, il est nécessaire d’employer plusieurs leviers pour renforcer la crédibilité du redressement budgétaire. Il convient d’abord de réévaluer la stratégie de gestion de la dette en tirant les leçons de la crise actuelle : la part des emprunts de l’État libellée en devises étrangères devra probablement être fortement réduite. Ensuite, il faut faire porter davantage l’effort d’assainissement sur les charges et s’abstenir d’augmenterles impôts qui introduisent des distorsions. Enfin, le cadre budgétaire doit être amélioré en rendant les règles moins procycliques, mais aussi en donnant plus de poids et de soutien politique au Conseil budgétaire grâce à un renforcement de ses moyens d’analyse et à l’élargissement de sa mission ; il faudra aussi supprimer son pouvoir de veto sur le budget.

  • La production de prêts n’a pas redémarré à l’issue de la crise du fait d’une combinaison de facteurs liés à l’offre et la demande. Les banques sont suffisamment capitalisées à court terme, mais elles diminuent leur levier financier en réduisant leur dépendance aux financements transnationaux. La capacité du secteur financier à offrir des crédits a de plus été bridée par une nouvelle taxe élevée, une interdiction de fait des prêts hypothécaires en devises, des incertitudes quant aux financements futurs émanant des maisons mères et une limitation des droits des créanciers. Jusqu’à récemment, les nouvelles mesures de restructuration des prêts ne permettaient pas d’aider les ménages confrontés à de réelles difficultés de remboursement, et réduisaient la solvabilité des banques. L’accord intervenu à la mi-décembre 2011 entre les autorités et le secteur bancaire est une évolution encourageante dans la perspective d’un meilleur partage des charges. Si elle s’avérait nécessaire, la recapitalisation des banques devrait passer par un relèvement du niveau des fonds propres afin de ne pas amputer les portefeuilles de prêts. À long terme, la demande de crédit se voit freinée par des taux de marge élevés, ce qui milite en faveur d’une concurrence accrue. La montée en puissance des marchés de capitaux a également subiles conséquences de la nationalisation de fait des fonds de pension obligatoires, qui jouent un rôle essentiel dans l’accumulation de l’épargne à long terme. La réglementation des fonds de pension obligatoires et volontaires doit mettre l’accent sur l’harmonisation et la transparence dans un souci d’efficacité économique. Il faudrait assurer une véritable coopération entre les organismes de réglementation prudentielle macro et microéconomique dans la pratique et renforcer l’indépendance économique de l’autorité de surveillance du secteur financier. La coopération entre les autorités de réglementation nationales et étrangères devrait désormais tenir compte des risques systémiques en Hongrie. Enfin, l’indépendance effective de la banque centrale doit être garantie.

  • L’une des priorités immédiates des pouvoirs publics consiste à faire reculer rapidement le chômage afin de limiter les problèmes sociaux et de réduire les risques d’une montée du chômage structurel. Pour y parvenir, il est indispensable d’adopter des politiques du marché du travail plus actives, capables de soutenir la demande de main-d’œuvre. Le programme de travaux publics doit rester temporaire et être davantage axé sur la formation, tandis que le salaire minimum ne doit pas être de nouveau revu à la hausse. Des réformes structurelles fondamentales sont nécessaires à moyen terme pour que le taux d’activité de la Hongrie ne figure plus parmi les plus bas de la zone OCDE. Il s’agit d’un enjeu majeur dans le contexte du vieillissement rapide de la population. Les pouvoirs publics ont commencé à restructurer le système d’impôts et de prestations afin d’augmenter les incitations au travail et l’offre de main-d’œuvre. Néanmoins, ils devront consentir des efforts supplémentaires pour veiller à ce que le marché du travail ne laisse personne de côté. En effet, plusieurs catégories de population sont fortement sous-représentées sur le marché du travail, comme les travailleurs faiblement qualifiés, les jeunes, les seniors, les femmes en âge de procréer, les handicapés et les Roms. Des mesures structurelles s’imposent pour développer l’emploi à temps partiel et d’autres formes d’emploiflexibles, réformer les politiques familiales, faciliter l’insertion professionnelle des handicapés, adapter le système éducatif aux besoins du marché du travail, accroître le niveau de qualifications et de compétences à tous les âges, renforcer les incitations à la poursuite de l’activité à un âge avancé et lutter contre la discrimination à l’égard des Roms.

  • D’après les dernières données disponibles, qui vont jusqu’en 2009, l’état de santé de la population hongroise est l’un des plus médiocres des pays de l’OCDE, y compris ceux où le revenu par habitant est similaire. Si ce résultat s’explique en partie par la situation socio-économique de la population et par les risques inhérents à son mode de vie, il découle également du manque d’efficacité relatif du système de santé, dont les ressources sont assez faibles : en 2009, le total des dépenses de santé représentait 7.4 % du PIB, soit moins que dans les autres pays de l’OCDE présentant des niveaux similaires de revenu par habitant. En dépit d’un nombre important de prestations, dont témoignent, par exemple, les consultations médicales et les sorties d’hôpital, la qualité médiocre des services de santé et la nécessité d’une réaffectation des ressources vers des secteurs où elles pourraient contribuer au mieux à l’efficacité du système montrent qu’il est urgent de procéder à des réformes pour faire face aux défis immédiats : endiguer l’exode des professionnels de la santé, réorganiser les capacités de soins, harmoniser les incitations proposées aux prestataires et aux patients, et améliorer l’accès aux services de santé. À moyen terme, l’enjeu consiste à augmenterles ressources disponibles, de manière à améliorer sensiblement les résultats au plan sanitaire. Compte tenu de la faiblesse relative des mécanismes permettant de réglementer la qualité et d’éviter les prestations superflues, il est également crucial de renforcer encore l’efficience du système.