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  • Le grand séisme du 11 mars 2011 qui a dévasté l’est du Japon est le plus puissant jamais enregistré au Japon. Le pays connaît aujourd’hui la pire catastrophe de son histoire depuis la guerre. Nous sommes profondément attristés par les énormes pertes humaines et exprimons nos plus sincères condoléances à tous ceux que cette tragédie vient de frapper. L’OCDE travaillera en étroite collaboration avec les autorités japonaises dans les mois qui viennent et est disposée à les assister dans la mesure de ses moyens en ces moments difficiles.

  • Le grand tremblement de terre qui a dévasté l’est du Japon le 11 mars 2011, le plus puissant jamais enregistré au Japon, a déclenché un tsunami et provoqué d’énormes pertes en vies humaines ainsi que des dégâts économiques de grande ampleur. Ces effets ont été exacerbés par les dommages subis par les centrales nucléaires et thermiques, qui ont entraîné une baisse sensible de la production d’électricité. S’il est encore trop tôt pour évaluer pleinement l’impact de la catastrophe, il est probable que les dommages subis par le stock de capital physique seront plus importants que ceux causés par le séisme de Hanshin-Awaji (Kobé), lesquels ont représenté, selon les estimations, 2 % du PIB annuel. La première des priorités aujourd’hui est de faire face à la grave situation d’urgence humanitaire.

  • Après la profonde récession de 2008-09, l’économie japonaise s’était redressée grâce aux exportations et aux mesures de relance budgétaire. À la suite d’une perte de vitesse à la fin de 2010, elle semblait renouer avec l’expansion au début de 2011, grâce à un redémarrage des exportations et à une amélioration de la situation sur le marché du travail, lorsque le Japon a été victime du Grand tremblement de terre de l’est du Japon, pire catastrophe qu’il ait connue depuis la guerre. Le séisme et le raz de marée qui l’a suivi ont entraîné des pertes énormes en vies humaines, ainsi que des dommages extrêmement importants en termes de stock de capital physique, représentant de 3.3 % à 5.2 % du PIB d’après les premières estimations officielles. Les conséquences négatives à court terme de la catastrophe sur l’activité économique s’estomperont probablement par la suite, à mesure que les efforts de reconstruction stimuleront l’investissement privé et public. La Banque du Japon devrait maintenir une orientation expansionniste jusqu’à ce que la déflation soit interrompue. De plus, il serait possible d’améliorer le cadre de politique monétaire en relevant la fourchette d’inflation jugée compatible avec la stabilité des prix. Bien que la politique monétaire ait un rôle important à jouer pour soutenir l’expansion économique durant la période d’assainissement budgétaire à venir, la croissance de la production dépendra surtout des réformes structurelles qui seront mises en oeuvre pour accélérer la productivité du travail et accroître les apports de main-d’oeuvre.

  • Avec une dette publique brute supérieure à 200 % du PIB, le Japon est entré en territoire inconnu sur le plan budgétaire. La correction nécessaire après des années de montée de l’endettement exigera des efforts amples et durables. Il faudra assigner une haute priorité à un programme pluriannuel d’assainissement budgétaire précis et crédible, prévoyant à la fois des coupes dans les dépenses et des augmentations de recettes, pour préserver la confiance des agents économiques et empêcher une hausse des taux d’intérêt. Compte tenu de l’ampleur de l’ajustement du solde budgétaire nécessaire pour simplement stabiliser le ratio d’endettement en 2020 – de l’ordre de 10 points de PIB – il est important de commencer à assainir les finances publiques dès que possible, tout en tenant compte de la nécessité de reconstruire les régions dévastées par le séisme qui s’est produit au large du Tohoku. La taxe sur la consommation devrait être la principale source de recettes supplémentaires, car son taux est bas et son impact sur l’activité économique moins négatif que celui d’autres impôts. Les mesures prises sur le plan fiscal devraient s’accompagner d’une réforme de la sécurité sociale qui permette de limiter les augmentations de dépenses, notamment en matière de soins de santé, et de remédier aux problèmes soulevés par le système de retraite. Étant donné la forte détérioration de la situation budgétaire du Japon depuis l’effondrement de la bulle spéculative en 1990 et l’ampleur sans précédent de son problème budgétaire, un cadre budgétaire solide est important pour renforcer la crédibilité d’un programme budgétaire à moyen terme. Pour améliorer ce cadre, il serait possible notamment de mettre en place une budgétisation pluriannuelle, de donner des fondements juridiques plus solides aux objectifs budgétaires et de créer un organe objectif indépendant du processus d’élaboration des politiques.

  • La Nouvelle stratégie de croissance a pour objectif de stimuler la demande et l’emploi par le biais de la réforme de la réglementation et de mesures budgétaires. Elle met l’accent sur des enjeux fondamentaux, notamment le changement climatique et le vieillissement de la population, qui peuvent devenir des sources de croissance. La situation budgétaire du Japon étant délicate, il est primordial de coordonner les dépenses liées à la stratégie avec le plan budgétaire à moyen terme, en partie en privilégiant la réforme de la réglementation. Ces mesures devraient intéresser l’ensemble de l’économie, et non être limitées aux sept volets définis dans la stratégie. S’agissant de ces derniers, pour promouvoir efficacement l’innovation verte, il faudra utiliser des instruments fondés sur le marché pour instituer une tarification du carbone, de préférence dans le cadre d’un système obligatoire et complet d’échange de droits d’émission, afin d’encourager l’investissement privé, parallèlement à diverses autres mesures. Pour parvenir à une intégration économique plus étroite avec l’Asie, il importe de réduire le soutien à l’agriculture de manière à faciliter la multiplication des accords commerciaux bilatéraux et régionaux, tout en éliminant les obstacles à l’entrée des investissements directs étrangers et des travailleurs étrangers. Des mesures destinées à accroître le capitalrisque favoriseraient la création d’entreprises innovantes.

  • Le Japon obtient d’excellents résultats aux tests du PISA, mais il est néanmoins important d’améliorer encore les performances de l’enseignement afin de soutenir la croissance face au vieillissement rapide de la population. Les pouvoirs publics devraient accroître les investissements dans les services d’éducation et d’accueil des jeunes enfants, et regrouper les centres d’accueil et les maternelles pour en améliorer la qualité, tout en préservant une certaine diversité entre les types d’établissements. Il importe également de rendre l’enseignement supérieur plus efficace, notamment en renforçant la concurrence et l’internationalisation, afin de développer le capital humain et d’augmenter la contribution des universités à l’innovation. Compte tenu des graves difficultés budgétaires du pays, il est nécessaire de lancer des réformes visant à améliorer l’efficacité des dépenses unitaires d’éducation, lesquelles dépassent (dépenses privées et publiques confondues) la moyenne de l’OCDE. Le niveau élevé des dépenses privées d’éducation, qui représentent un tiers de l’ensemble, fait peser une lourde charge sur les familles – ce qui freine la natalité – et crée des inégalités en termes de perspectives et de retombées de l’enseignement. Réduire le recours aux instituts privés de soutien scolaire après la classe, appelés juku, contribuerait à diminuer les coûts pour les ménages et à renforcer l’égalité des chances.

  • Les pratiques traditionnellement suivies au Japon sur le marché du travail, bénéfiques aussi bien pour les travailleurs que pour les entreprises en période de forte croissance, ne sont plus de mise dans un contexte de ralentissement de la croissance économique et de vieillissement rapide de la population. Au vu de la tendance à la hausse de l’emploi non régulier, des réformes sont nécessaires pour mettre fin au dualisme du marché du travail et encourager une participation plus intense des femmes, des travailleurs âgés et des jeunes à la vie active. Une démarche globale visant à améliorer la couverture sociale des travailleurs non réguliers et les programmes de formation qui leur sont destinés, à empêcher qu’ils fassent l’objet d’une discrimination et à réduire la protection effective de l’emploi dont bénéficient les travailleurs réguliers permettrait de renforcer la flexibilité du marché du travail et le capital humain. Les réformes devraient en outre contribuer à améliorer l’équité entre les différents segments de la population active. Pour attirer davantage les femmes vers la vie active, il convient d’éliminer les mécanismes financiers qui jouent contre le travail, en créant des emplois plus conciliables avec la vie de famille et en développant les services de garde d’enfants. L’intégration des seniors sur le marché du travail doit être renforcée en favorisant leur maintien en activité et en supprimant l’âge de départ obligatoire à la retraite. Il faut également offrir aux jeunes une formation professionnelle plus efficace.