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  • Cette Étude est publiée sous la responsabilité du Comité d’examen des situations économiques et des problèmes de développement (Comité EDR), qui est chargé de l’examen de la situation des pays membres.La situation économique et les politiques du Japon ont été évaluées par le Comité le 25 février 2013. Le projet de rapport a ensuite été révisé à la lumière de la discussion et finalement approuvé par le Comité plénier le 21 mars 2013.Le projet de rapport du Secrétariat a été établi pour le Comité par Randall S. Jones, Satoshi Urasawa et Myungkyoo Kim sous la direction de Vincent Koen. Lutécia Daniel a apporté une aide à la recherche.L’Étude précédente du Japon a été publiée en avril 2011.

  • Après avoir subi deux chocs de grande ampleur, la crise financière mondiale de 2008 et le grand séisme qui a frappé l’est du pays en 2011, le Japon est entré en récession pour la troisième fois en cinq ans. Le ratio de la dette publique n’a cessé d’augmenter depuis deux décennies, et il dépasse aujourd’hui 200 % du PIB. Un assainissement vigoureux et prolongé s’impose donc pour rétablir la viabilité budgétaire, ce qui représente le principal défi stratégique du pays. Néanmoins, cela risque en même temps de ralentir la croissance du PIB nominal, ce qui compliquera encore l’ajustement budgétaire. En conséquence, il est fondamental d’en finir avec la déflation et de doper le potentiel de croissance pour que le Japon puisse sortir de sa mauvaise passe budgétaire. À cet égard, la détermination du nouveau gouvernement à redynamiser l’économie en suivant une démarche en trois volets associant politique monétaire audacieuse, politique budgétaire souple et stratégie de croissance, est des plus encourageantes.

  • Le séisme de grande ampleur qui a frappé l’est du Japon en 2011, la plus grande catastrophe qu’ait connu le pays depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, a fait environ 20 000 victimes et causé d’énormes dommages matériels. Après le tremblement de terre et le tsunami, la reprise, initialement forte, a marqué le pas à la mi-2012, inscrivant la production à un niveau inférieur de 2½ pour cent au niveau record enregistré en 2008, avant la crise économique et financière mondiale (). Le Japon a connu trois récessions en cinq ans. Le principal défi va consister pour lui à asseoir durablement la croissance et la viabilité budgétaire après ces deux chocs.

  • Le violent tremblement de terre survenu dans l’est du Japon en mars 2011 est la pire catastrophe que ce pays ait connue depuis la guerre. Le processus de reconstruction mis en route au lendemain de cette tragédie met en exergue quelques-unes des difficultés auxquelles est confronté le Japon en matière de réformes structurelles. Les surmonter devrait permettre de redynamiser l’économie, d’une part en faisant de la région du Tohoku un modèle pour l’agriculture japonaise, d’autre part en réorganisant le secteur de l’électricité. Les aides considérables dont bénéficie l’agriculture entraînent des distorsions, et pèsent sur les consommateurs et les contribuables ; cela nuit au dynamisme du secteur agricole et complique l’adhésion du Japon à des accords commerciaux généraux, de portée bilatérale ou régionale, qui renforceraient son potentiel de croissance. Il faut en priorité recentrer le soutien à l’agriculture sur des aides découplées de la production, et réduire progressivement les mesures aux frontières. L’énergie nucléaire ayant un rôle moins important depuis l’accident de Fukushima, le Japon doit accélérer le développement des énergies renouvelables, ce qui impose de fixer un prix élevé et homogène pour le carbone. Il faut également rendre le secteur de l’électricité plus concurrentiel, ce qui implique d’atténuer la position dominante des dix monopoles régionaux, en dissociantla propriété des activités de production et de transport d’électricité, et en augmentant les capacités d’interconnexion, tout en mettant en place une tarification en temps réel.

  • Avec une dette publique brute de plus de 200 % du PIB, le Japon est confronté à une situation budgétaire totalement inédite. Pour remédier à deux décennies de déficits budgétaires, il faudra donc non seulement une forte croissance du PIB nominal, mais aussi un effort d’assainissement ample et durable des finances publiques, dans le cadre d’un plan pluriannuel détaillé et crédible de réduction des dépenses et d’augmentation des recettes. S’agissant des dépenses, la priorité doit aller aux réformes destinées à contenir les dépenses liées au vieillissement, et l’impôt sur la consommation devra constituer la principale source de recettes supplémentaires puisqu’il a une incidence moins négative sur l’activité économique que les autres impôts. Le plan devra tabler sur un excédent budgétaire primaire suffisant pour stabiliser le ratio d’endettement d’ici 2020. Il faudrait aussi améliorer le cadre de la politique budgétaire afin de renforcer la confiance dans les finances publiques du Japon et d’empêcher une remontée rapide des taux d’intérêt. La hausse de l’impôt sur la consommation devra s’accompagner de dépenses sociales bien ciblées, parmi lesquelles notamment un crédit d’impôt sur les revenus du travail, afin d’empêcher une aggravation des inégalités et de la pauvreté.