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  • Après une profonde récession, associée à un fort ralentissement de l’activité au niveau mondial, le Mexique connaît une solide reprise, avec une croissance du PIB de 5½ pour cent en 2010 et de 4½ pour cent en 2011. La progression des exportations devrait se ralentir après le rebond exceptionnel de 2010, mais la reprise ne devrait pas s’en ressentir grâce à la remontée de la demande intérieure. Plusieurs indicateurs du marché du travail se sont améliorés, mais le chômage ne recule que lentement. Le Mexique a déjà commencé de retirer les mesures de relance budgétaire de 2009 et accru les impôts pour calmer les inquiétudes des marchés quant à l’évolution des finances publiques. Si la reprise se poursuit comme prévu, les autorités devraient mettre en oeuvre dans leur intégralité les mesures qu’elles ont prévues pour réduire le déficit budgétaire en limitant les dépenses. Étant donné que l’inflation a baissé, la politique monétaire peut soutenir la reprise par le maintien des taux à un bas niveau à court terme.

  • Grâce aux améliorations passées du cadre de la politique macroéconomique et de la surveillance financière, le Mexique a bien résisté à la récession mondiale de 2008-09 sans connaître de crises budgétaires ou financières –– ce qui est une amélioration notable par rapport aux épisodes précédents. La reprise économique a jusqu’ici été dynamique. Néanmoins, la récession a été profonde. Le pays doit donc continuer d’adapter ses politiques macroéconomiques et structurelles de façon à être mieux à même de faire face aux chocs futurs. Les recettes pétrolières, qui représentent un tiers environ des recettes budgétaires, sont très instables, en raison surtout des fluctuations de prix, et les perspectives d’évolution de la production sont incertaines, même si la situation sur ce front s’est améliorée par rapport aux années précédentes.

  • Les améliorations du cadre macroéconomique intervenues au cours des deux dernières décennies et la réglementation prudente du système financier ont contribué à réduire l’instabilité de la production au Mexique par rapport aux autres pays de l’OCDE, encore que la forte récession de 2008-09 ait mis en évidence une volatilité encore prononcée. La règle budgétaire a contribué à équilibrer le budget fédéral et à maintenir à un bas niveau l’endettement public, tout en renforçant la crédibilité, mais elle devrait être renforcée pour permettre la constitution d’un volant d’actifs financiers plus important pour faire face aux chocs. Bien que la production se soit fortement contractée au début de 2009, l’inflation effective et escomptée est restée supérieure à l’objectif, en partie parce que les rigidités des marchés des produits et du travail réduisent la flexibilité des prix. Les possibilités de réaction sur le front monétaire ont ainsi été limitées. Le système bancaire a bien résisté à la récession de 2008-2009, mais la contraction du crédit a été plus marquée que dans les autres pays de l’OCDE, en raison notamment du cycle d’expansion et de ralentissement qui a caractérisé le crédit à la consommation avant la récession.

  • Étant donné la lenteur de la croissance et l’ampleur des inégalités, le Mexique a besoin d’investir dans les infrastructures, l’éducation et les politiques sociales et il a accru ses dépenses dans tous ces domaines. Cet effort a été financé sans difficulté grâce aux réformes fiscales de 2007 et 2009 ainsi qu’à la fermeté des cours pétroliers ces dernières années. Les recettes pétrolières, qui représentent environ un tiers des recettes budgétaires sont très volatiles, en raison notamment des variations des prix, et les perspectives d’évolution de la production sont très incertaines, encore que les incertitudes soient moindres que les années précédentes. Le Mexique a le ratio recettes fiscales/PIB le plus faible des pays de l’OCDE et de la plupart des pays d’Amérique latine, même si l’on prend en compte les recettes liées au pétrole. L’État devrait améliorer l’efficacité de ses dépenses.

  • La croissance de la productivité a été insuffisante au cours des deux dernières décennies pour assurer la convergence du niveau de vie au Mexique avec la moyenne des pays de l’OCDE. Pour stimuler la productivité et accélérer le rattrapage, il sera essentiel d’engager des réformes structurelles dans les domaines de la réglementation relative aux entreprises, de la politique de la concurrence et de l’éducation. L’OCDE travaille avec le Mexique dans l’ensemble de ces domaines pour mettre au point des stratégies de réforme. Il faudrait poursuivre les efforts déployés pour alléger les contraintes réglementaires auxquelles sont soumises les entreprises, y compris celles qui viennent de se créer. Une meilleure coordination du processus de rationalisation de l’administration en cours s’impose aux niveaux fédéral et des États. La réforme prévue du droit de la concurrence, qui aurait pour effet de renforcer l’application de la loi sur les ententes, devrait être votée dans son intégralité.

  • Le secteur informel est relativement ample au Mexique par rapport à la situation observée généralement dans les pays de l’OCDE. Cette situation est en partie le symptôme d’un développement limité et d’une faible productivité, mais elle peut aussi dans une certaine mesure en être la cause, étant donné que les entreprises informelles restent petites pour dissimuler leurs activités et ne disposent que d’un accès limité aux services rendus par les administrations publiques qui sont sources de gains de productivité, tels que la protection des droits de propriété et la formation. Une stratégie globale à long terme, centrée sur l’éducation, est nécessaire pour que le Mexique puisse concrétiser son potentiel en matière de productivité et lutter contre l’économie informelle. Réduire les coûts de l’appartenance au secteur formel de l’économie, tout en renforçant les avantages qui en découlent et les coûts du non-respect du droit du travail et de la législation fiscale, constituera une composante importante de cette stratégie. Pour y parvenir, il faudra assouplir le droit du travail, alléger encore les obligations réglementaires des entreprises et repenser le système de sécurité sociale afin de le rendre plus attractif pour les travailleurs faiblement rémunérés et limiter les coûts, en améliorant l’efficience des prestations de services.