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  • La forte croissance enregistrée entre 1993 et 1998 avait nécessité un resserrement des politiques budgétaire et monétaire lequel, conjugué à une baisse de l’investissement pétrolier, pèse depuis lors sur l’activité. Le marché du travail reste toutefois tendu dans de nombreux secteurs, bien que le taux de chômage ait légèrement augmenté pour atteindre 3.7 pour cent au début de 2002. Depuis le milieu des années 90, la progression rapide des salaires a entraîné une forte dégradation de la compétitivité. L’inflation, en revanche, est restée maîtrisée, sous l’effet d’une contraction des marges bénéficiaires, de réductions des impôts indirects et, plus récemment, de l’appréciation de la couronne. La Norvège se situant au troisième rang des exportateurs de pétrole, derrière l’Arabie Saoudite et la Russie, le niveau élevé des prix du pétrole depuis 2000 a conduit à un excédent extrêmement élevé de la balance des opérations courantes, représentant 15 pour cent du PIB en 2001...

  • La forte croissance enregistrée au cours des cinq années qui se sont achevées en 1998 a été induite par une expansion robuste du secteur privé grâce à l’amélioration de la compétitivité au début des années 90, une baisse significative des taux d’intérêt en 1993 et des investissements plus élevés dans le secteur pétrolier. Elle a nécessité un resserrement des politiques budgétaire et monétaire lequel, conjugué à une baisse de l’investissement pétrolier, a pesé sur l’activité depuis lors. Malgré une croissance modérée de la production ces dernières années, le marché du travail est resté tendu (graphique 1), entraînant une forte dégradation de la compétitivité. En outre, la Norvège étant le troisième exportateur de pétrole, derrière l’Arabie Saoudite et la Russie, sa balance des opérations courantes et le budget de l’État affichent de très gros excédents en raison du niveau élevé du prix du pétrole depuis 2000...

  • Les dépenses publiques représentent en Norvège plus de 50 pour cent du PIB continental, soit une proportion très élevée sur le plan international. Cela tient en partie à deux choix essentiels de la société norvégienne, soucieuse à la fois d’assurer une protection sociale large et universelle et de maintenir un schéma décentralisé d’aménagement du territoire : les collectivités locales fournissent un grand nombre de services publics, même dans les zones les plus excentrées, pour que la population puisse rester sur place ; et ce souvent pour un coût élevé. Toutefois, dans ce contexte, la répartition des compétences en matière de dépenses entre les différents niveaux d’administration pose également des problèmes d’efficience alors que les modalités de financement des collectivités locales ne les incitent pas fortement à maîtriser leurs dépenses. Plusieurs autres facteurs contribuent au niveau élevé des dépenses : les mécanismes d’incitation auxquels sont soumis les organismes publics et leurs agents ne favorisent pas les gains d’efficience ; les fournisseurs de services publics ne sont guère assujettis à un régime de concurrence et les signaux de prix sont peu utilisés pour freiner la demande de services publics. Jusqu’à présent, l’abondance des recettes pétrolières a atténué les tensions qui s’exercent sur les finances publiques et, l’excédent budgétaire étant à deux chiffres, il est politiquement difficile de procéder à des réformes dans le secteur public. Ce contexte économique se reflète également dans la nouvelle orientation budgétaire, qui est expansionniste à moyen et long terme. Mais des tensions se feront jour lorsque, comme il est à prévoir, les recettes pétrolières commenceront à baisser dans quelques années. C’est la forte croissance projetée de l’emploi public qui paraît en particulier intenable, puisqu’elle évince la demande de travail dans le secteur privé, pèse sur les rémunérations dans le secteur public et alourdit les dépenses budgétaires...

  • L’économie norvégienne comporte des éléments qui favorisent une forte croissance dans un contexte de niveau de vie déjà élevé, mais également des faiblesses fondamentales qui freinent singulièrement les progrès. Le revenu national par habitant restera soutenu par les recettes tirées de l’exploitation des ressources naturelles. En outre, le cadre institutionnel du Fonds pétrolier comporte un engagement à compenser de très fortes hausses des dépenses par un ajustement rapide entre secteurs exposés et secteurs protégés. D’autres aspects de l’économie norvégienne favorisent également un niveau de vie élevé. La tradition norvégienne d’intégration sociale par le travail encourage une forte participation de la population active, de sorte que seule une petite minorité de ménages ne joue pas de rôle actif dans l’économie, ce qui réduit le risque que la croissance aille de pair avec un élargissement important de l’éventail des revenus. Cela étant, la richesse pétrolière a créé des blocages au niveau de l’offre, occulté la nécessité de faire des réformes, notamment sur les marchés de produits, et encouragé le développement d’un secteur public qui manque d’incitations suffisamment fortes pour faire des gains d’efficience (chapitre II). Ce chapitre passe d’abord en revue les principaux enjeux de la croissance en Norvège puis analyse les principales évolutions sur les marchés du travail, des produits et des capitaux, ainsi que sur les questions fiscales...