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  • L’économie néo-zélandaise a ralenti en 2005, après six années d’une expansion soutenue, de l’ordre de 4 % en moyenne par an, et l’activité est restée molle en 2006. Mais on n’observe encore guère de signes d’excédents de capacité, et le marché du travail se montre dynamique pour le moment. Néanmoins, une série de déséquilibres interdépendants se sont développés dans l’économie et n’ont commencé à se résorber que très lentement. La forte croissance du revenu des ménages et les entrées continues d’immigrants ont stimulé les ventes de logements et induit des pressions à la hausse sur les prix immobiliers. Pour répondre à l’augmentation consécutive de la demande de financements hypothécaires, les banques ont emprunté à l’étranger, ce qu’ont facilité une liquidité mondiale abondante et une faible aversion au risque. Tandis que le secteur public affiche un taux d’épargne élevé, celui des ménages est nettement négatif et l’endettement de ces mêmes ménages a grimpé en flèche pour avoisiner 160 % du revenu disponible, chiffre plus élevé que dans la plupart des autres pays de l’OCDE. Le résultat final a été un déficit du compte courant de 9% du PIB à la fin de l’année 2006. Bien que l’inflation globale se soit nettement ralentie, grâce à la baisse du prix du pétrole, le dynamisme persistant de la demande intérieure a limité les progrès en matière de réduction des pressions inflationnistes sous-jacentes.

  • Nous examinerons dans le présent chapitre les principaux défis que la Nouvelle- Zélande va devoir relever pour atteindre son objectif d’amélioration des niveaux de vie. Dans le court terme, l’économie doit trouver une trajectoire de croissance plus durable et la tâche de stabilisation qui incombe à la Banque centrale serait plus aisée si le gouvernement adoptait une politique plus neutre du point de vue budgétaire en 2007 et 2008. L’utilisation de la main-d’oeuvre est remarquable, mais la croissance tendancielle de la productivité reste faible dans l’ensemble de l’économie. Le pays a accumulé d’importants engagements nets extérieurs, le déficit des opérations courantes atteint des niveaux très élevés et l’épargne des ménages s’est fortement contractée. Une augmentation de l’épargne des ménages pourrait accroître le revenu national futur tandis qu’une accumulation accrue d’actifs financiers aiderait les ménages à lisser leur consommation tout au long de leur vie. L’État est actuellement un épargnant net mais les prévisions budgétaires à long terme du Trésor indiquent que des ajustements devront être opérés à terme sur le plan des dépenses et/ou des recettes afin d’assurer la viabilité des finances publiques. Sur cette toile de fond, les pensions publiques et les politiques relatives aux autres revenus des retraités, les marchés financiers et la conception du système fiscal peuvent chacun jouer un rôle déterminant en aidant le pays à maximiser son revenu national et donc ses possibilités de consommation sur le long terme. Il faudra également veiller à ce que plusieurs réformes structurelles soient menées à bonne fin, et il reste encore à élaborer des mesures pour s’attaquer au problème du changement climatique.

  • La Nouvelle-Zélande est confrontée au vieillissement de sa population, à quoi s’ajoutent des doutes sur sa capacité à continuer de solliciter massivement l’épargne étrangère dans l’avenir. Le régime public de retraite (New Zealand Superannuation) est simple et bien conçu, mais l’augmentation du pourcentage de pensionnés engendrera une hausse des coûts, même si le New Zealand Superannuation Fund contribuera à régulariser cette progression, grâce à un préfinancement partiel. On pourrait réduire les dépenses futures en ajustant l’indexation des taux de prestation et/ou en relevant l’âge d’ouverture des droits, et un mécanisme pourrait être envisagé pour mutualiser le risque budgétaire associé à l’allongement de l’espérance de vie. Les ménages ont accumulé un volume assez faible d’actifs financiers et un nombre relativement réduit d’adultes en âge de travailler sont couverts par des régimes de retraite agréés. Le dispositif KiwiSaver, qui entrera en vigueur en juillet 2007, encourage la participation aux plans d’épargne d’entreprise volontaires, grâce à l’affiliation automatique des nouveaux salariés. Les cotisations patronales ont été exonérées d’impôts jusqu’à un certain plafond. Cela devrait favoriser l’épargne-retraite, même si les dispositions du KiwiSaver relatives au logement risquent de ne pas inciter les ménages à diversifier leur patrimoine en investissant dans d’autres actifs. Enfin, tous les régimes de retraite se traduisant par un blocage de l’épargne comparable à celui du KiwiSaver devraient bénéficier d’un régime fiscal identique de façon à éviter les effets de substitution.

  • Les marchés de capitaux néo-zélandais, dominés par le secteur bancaire, sont relativement modestes pour la zone OCDE malgré l’absence d’obstacle réglementaire manifeste à leur développement. Le pays fait appel depuis des années aux marchés internationaux de capitaux pour financer ses investissements, même si les banques ont canalisé une proportion significative des entrées de capitaux étrangers vers le secteur des prêts hypothécaires ces dernières années. La liquidité du marché intérieur des obligations a été limitée par la réduction de la dette publique ainsi que par le prélèvement applicable aux émetteurs agréés, qui dissuade les entreprises d’émettre des obligations sur le marché intérieur. Favoriser le développement de marchés obligataires plus actifs permettrait d’élargir l’éventail des possibilités offertes en matière de gestion des risques et de levée de fonds. Néanmoins, il ne semble guère établi que les entreprises néo-zélandaises pâtissent d’un déficit systématique de financement, et l’étroitesse du marché des obligations de sociétés s’explique sans doute en partie par la faible proportion de grandes entreprises privées. Certaines améliorations pourraient être apportées au cadre réglementaire des instruments d’épargne. La structure de gouvernance des organismes de placement collectif doit être renforcée, et une approche plus rigoureuse des obligations d’information en matière d’honoraires et de frais permettrait d’accroître leur transparence et leur comparabilité. Enfin, les efforts déployés en vue d’améliorer les connaissances financières de la population et les projets d’intégration de l’éducation financière dans les programmes scolaires sont bienvenus.

  • Après les réformes radicales entreprises au cours des années 80, le système fiscal néo-zélandais, fondé sur l’imposition du revenu global, est considéré depuis longtemps comme l’un des plus efficients de la zone OCDE. À l’avenir, le pays aura besoin d’un système fiscal qui permette à l’économie de continuer à élever le niveau de vie tout en favorisant l’épargne et l’investissement et en résistant aux pressions imputables à la mobilité géographique croissante des travailleurs et des capitaux. Dans ces conditions, il importera de définir des orientations précises pour les réformes du système fiscal. Deux options générales, au moins, méritent d’être envisagées : adapter le système en préservant le principe de l’imposition du revenu global ou adopter un système dual d’imposition du revenu. Les réformes futures du système fiscal devront être compatibles avec l’approche qui sera finalement retenue. En tout état de cause, il faudra remédier à un certain nombre de limitations qui caractérisent les bases d’imposition actuelles.