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  • L’économie suédoise a aujourd’hui amorcé une reprise, après le ralentissement plutôt bref mais prononcé de 2001, au cours duquel la croissance est tombée à 1¼ pour cent. Les principales causes de cet accès de faiblesse ont été l’essoufflement de la demande mondiale, en particulier pour les produits et services des télécommunications, ainsi qu’une érosion de la confiance des consommateurs induite par le dégonflement de la bulle boursière. Ces éléments mis à part, les conditions macroéconomiques sont restées généralement dynamiques, à la faveur d’une nette progression du revenu disponible des ménages, du bas niveau des taux d’intérêt, d’une hausse modérée des prix des logements et de la faiblesse du taux de change. Conjugués au raffermissement de la confiance des consommateurs et du commerce mondial vers le début de l’année, ces facteurs ont suscité une reprise de la consommation et des exportations, tandis que l’investissement est resté morose au début de cette année. A l’amorce de la reprise, la situation de la Suède est dans l’ensemble saine, même si l’inflation sous-jacente dépasse nettement le taux de 2 pour cent fixé comme objectif, tandis que les comptes des administrations publiques et des opérations courantes affichent de solides excédents, l’épargne privée étant toutefois relativement faible...

  • L’économie suédoise a accusé un net ralentissement en 2001. A 1¼ pour cent, l’expansion de la production s’est établie très en deçà de son potentiel, estimé entre 2¼ et 2½ pour cent. Après une croissance supérieure à 3½ pour cent en 2000, la décélération a été plus marquée que dans la zone euro. La consommation privée avait déjà beaucoup faibli vers le milieu de 2000 et elle est restée atone pendant toute l’année 2001. La dégradation de la confiance des consommateurs, surtout après l’éclatement de la bulle sur le marché boursier, a joué un rôle important dans ce contexte. Par la suite, le fléchissement de la demande mondiale n’a fait qu’accentuer encore davantage le tassement de l’activité, notamment en raison de la spécialisation du pays dans la production de biens et de services liés aux technologies de l’information et des communications (TIC). Ces facteurs mis à part, l’environnement macroéconomique est resté propice à la croissance. Les politiques budgétaire et monétaire ont conservé une orientation expansionniste, tandis que la hausse des prix de l’immobilier et une ample dépréciation du taux de change ont également contribué à stimuler l’activité. Malgré une certaine stabilisation ces derniers temps, la confiance des consommateurs et des entreprises se redresse depuis la fin de 2001 et, comme en témoignent désormais divers indicateurs de la demande et de la production, notamment les exportations, la production industrielle et les ventes au détail, une reprise est engagée. Le ralentissement de l’activité qui s’est produit en 2001 est allé de pair avec une baisse conjoncturelle des gains de productivité, mais la croissance de l’emploi s’est aussi beaucoup affaiblie, surtout lorsqu’on la mesure par les heures travaillées (graphique 1). Le taux de chômage a cessé de reculer, mais il n’a pas augmenté comme cela s’est vu ailleurs et il demeure inférieur à son niveau structurel estimé par l’OCDE. Ainsi, avec un taux de chômage se chiffrant actuellement à 4 pour cent de la population active, la Suède aborde la reprise avec un marché du travail relativement tendu...

  • L’orientation des politiques macroéconomiques a été extrêmement favorable à la croissance. Les mesures de détente budgétaire décidées par les autorités représentent 1¾ pour cent du PIB en 2002 et font suite à une stimulation de même ampleur l’an dernier. Les taux d’intérêt nominaux sont restés faibles en 2001, et comme il s’est produit dans le même temps une accélération de l’inflation accompagnée d’une dépréciation de 8 pour cent du taux de change effectif par rapport à 2000, les taux d’intérêt réels sont tombés à des niveaux très bas dans le courant de l’année. Toutefois, la baisse des cours des actions a sans doute largement atténué l’effet que la faiblesse des taux d’intérêt et la dépréciation du taux de change pouvaient avoir sur la situation financière globale et, partant, sur la production. Depuis lors, les conditions monétaires se sont un peu durcies, car la monnaie s’est appréciée jusqu’au printemps et les taux d’intérêt ont augmenté...

  • En Suède, la couverture sociale offerte par l’État providence est très étendue et un large éventail de services publics sont gratuits ou presque. Il en résulte inévitablement des dépenses publiques importantes et une redistribution très prononcée des revenus et de la consommation. En dépit de la charge économique que ces choix imposent aux contribuables (voir chapitre IV), le système dans son ensemble semble bénéficier d’un large appui. Néanmoins, compte tenu des défis auxquels la Suède va devoir faire face (voir encadré 4), il importe de déterminer dans quelle mesure il serait possible de réformer le cadre institutionnel régissant les dépenses publiques et la conception des politiques publiques afin d’atténuer les problèmes que va soulever le financement de la protection sociale à l’avenir...

  • L’impulsion donnée par les réformes structurelles à l’amélioration des performances économiques a, semble-t-il, perdu de sa vigueur. Cela peut refléter une certaine lassitude à l’égard des réformes, après la vague de changements opérés depuis la crise économique du début des années 90. Le taux de croissance annuel de la productivité totale des facteurs avait augmenté d’environ ½ point de pourcentage à la fin des années 90, stimulant ainsi la croissance de la production potentielle. Une remontée du rythme d’expansion du stock de capital et du niveau d’activité tendanciel de la main-d’œuvre peut être partiellement attribuée à la libéralisation des marchés de produits et de capitaux, à quoi s’ajoute une flexibilité accrue des marchés du travail après les précédentes mesures prises pour libérer l’économie. Cependant, les taux d’expansion économique exceptionnellement vigoureux et en définitive non soutenables de la fin des années 90 ont peut-être fait paraître moins pressante la nécessité de déployer de nouveaux efforts pour corriger les rouages de l’économie qui ne sont pas encore particulièrement efficaces. Remédier à ces carences aidera le pays à contrer plus efficacement l’impact de l’évolution démographique sur le niveau de vie futur...