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  • La Suède a contribué à la réputation du modèle nordique, selon lequel un revenu par habitant élevé et des marchés ouverts vont de pair avec la cohésion sociale. La récession actuelle et les répercussions de la crise financière mondiale posent un défi crucial aux responsables des politiques, qui s’efforcent de définir le dosage le plus approprié de mesures visant les marchés de capitaux et de réponses monétaires et budgétaires. À plus longue échéance, les principaux enjeux pour l’économie suédoise sont les suivants : définir la trajectoire appropriée de la politique budgétaire, compte tenu des amples excédents structurels actuels et des tensions budgétaires futures ; s’attaquer aux éléments du système fiscal qui engendrent le plus de distorsions ; améliorer l’enseignement et réduire le taux élevé de chômage chez les jeunes ; rehausser la productivité grâce à la privatisation. Le présent chapitre expose ces grands défis et examine les progrès des politiques publiques sur des aspects évoqués par les Études précédentes, dans le cadre d’une évaluation de la croissance à moyen terme fondée sur l’offre de travail potentielle et sur la croissance de la productivité.

  • Le cadre actuel de la politique budgétaire a été introduit après la crise du début des années 90, en tant que partie intégrante d’une politique macroéconomique orientée vers la stabilité. L’objectif simple mais clair de maintenir un excédent a permis d’assurer l’assainissement budgétaire, mais le moment est sans doute venu d’affiner la stratégie budgétaire pour préserver sur le long terme la bonne situation des finances publiques. Le présent chapitre passe en revue les résultats obtenus avec le cadre actuel et propose que les objectifs budgétaires se fondent plus clairement sur les considérations de viabilité à long terme et d’équité intergénérationnelle. Il est essentiel de savoir quelles pressions budgétaires sont prévisibles pour l’avenir et dans quelle mesure différentes politiques peuvent être utilisées pour y faire face : préfinancement, augmentation de l’utilisation de la main-d’oeuvre, amélioration de l’efficacité dans la prestation de services publics, par le biais de la concurrence et de la liberté de choix des utilisateurs, et rééquilibrage des financements publics et privés.

  • Depuis quelques années, la Suède mène une politique ambitieuse de réduction des prélèvements obligatoires : alors qu’en proportion du PIB, ceux-ci y atteignaient le plus haut niveau de la zone OCDE, la situation se normalise peu à peu. Cela étant, de nouvelles réformes seront sans doute nécessaires. À partir d’un seuil de revenu à peine supérieur au salaire moyen à plein temps, la fiscalité totale sur les revenus du travail (total des cotisations sociales, impôts sur le revenu et impôts sur la consommation) atteint encore 70 %. Il est probable que cette situation explique en partie la faible durée moyenne du travail et qu’elle nuit à l’entrepreneuriat, à la formation du capital humain et à l’embauche ou à la rétention de travailleurs étrangers très qualifiés. De même, les impôts sur les sociétés pourraient devenir un handicap de plus en plus sérieux étant donné la mobilité du capital. S’appuyant sur une étude récente de l’OCDE intitulée Taxation and Economic Growth, le présent chapitre analyse le système fiscal suédois et le besoin de nouvelles réformes dans ce domaine, en mettant l’accent sur les aspects du système qui revêtent le plus d’importance du point de vue de la croissance à moyen terme.

  • Le marché du travail de la Suède fonctionne bien pour les travailleurs permanents, mais l’insertion des jeunes sur ce marché laisse à désirer. Le taux de chômage des jeunes est quatre fois plus élevé que celui des adultes d’âge très actif, ce qui tient à la fois aux insuffisances du système d’enseignement et à certains traits propres au marché du travail suédois. Les résultats obtenus par les élèves vers la fin de la scolarité obligatoire sont supérieurs à la moyenne en ce qui concerne la compréhension de l’écrit, mais pas en mathématiques ni en sciences. Au niveau des études secondaires, le programme est fragmenté et les jeunes ayant suivi l’une des filières de l’enseignement professionnel en sortent apparemment dépourvus de compétences importantes : ils ne sont donc pas « employables ». Il s’agit d’une situation problématique, le marché du travail se caractérisant par un salaire minimum élevé, fixé dans le cadre de conventions collectives, et des règles de protection de l’emploi rigoureuses : ceux qui ont une faible productivité ont peu de chances de trouver du travail, et les employeurs réfléchissent avant d’embaucher des jeunes dont les compétences sont souvent difficiles à évaluer, en particulier des jeunes issus de l’immigration. Dans ce chapitre sont passées en revue les propositions formulées il y a peu en vue de réformer le système d’enseignement. Sont aussi examinés les moyens susceptibles de compléter les récentes mesures de réforme du système d’imposition et de prestations pour donner un réel attrait à la recherche d’un emploi sans dissuader les jeunes de commencer et d’achever leurs études supérieures plus tôt.

  • Depuis de nombreuses années, l’actionnariat public est relativement étendu en Suède, même dans des secteurs où, traditionnellement, des entreprises privées opèrent dans les conditions du marché. Récemment toutefois, la privatisation a été inscrite parmi les priorités de l’action publique. Les données tirées de l’expérience montrent que la privatisation se traduit par une amélioration des performances des entreprises et une accélération de la productivité. Cela étant, les avantages qui en découlent dépendent d’une intensification de la concurrence : la privatisation n’est pas une condition suffisante. Les auteurs du présent chapitre passent ces éléments en revue et examinent quelles sont les mesures qu’il conviendra de prendre ensuite. La récente tourmente sur les marchés de capitaux exigera peut-être le report de certaines opérations, mais d’une manière générale la privatisation devrait se poursuivre. Une fois la première vague de cessions achevée, il faudra combiner poursuite des privatisations et libéralisation du marché tout en étudiant d’autres méthodes permettant d’assurer le soutien des pouvoirs publics en cas de défaillance du marché ou bien dans les domaines où des objectifs sociaux restent d’actualité.