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  • La grave crise bancaire et monétaire qui a marqué la fin de 2000 et le début de 2001 a fait capoter le programme triennal de stabilisation fondé sur le taux de change, 14 mois seulement après son lancement. La parité à crémaillère a été abandonnée et la monnaie a été mise en flottement le 22 février 2001. Elle s’est aussitôt dépréciée d’un tiers vis-à-vis du dollar, et des deux tiers pour finir. Un nouveau programme a été présenté dès le mois de mai 2001, et son contenu a été précisé et affiné pendant les derniers mois de l’année et jusqu’au début de 2002...

  • Après la grave crise financière et la profonde récession qui ont marqué l’année 2001, l’objectif des autorités turques est d’engager le pays sur la voie d’une reprise durable tout en prenant des mesures propres à remédier aux causes profondes de la crise. Parmi les facteurs responsables, accumulés au cours de la précédente décennie, figurent notamment la fragilité du système bancaire, les lacunes de l’ajustement structurel des finances publiques, ainsi que les effets de contagion des crises financières d’autres pays....

  • Au cours des dernières décennies, l’économie turque a connu de courtes poussées de croissance suivies par des crises financières, puis par des mesures de stabilisation visant à relancer l’activité. Les taux moyens de croissance se sont inscrits en baisse, et les taux sur douze mois sont devenus de plus en plus instables. De plus, la Turquie est désormais le seul grand pays émergent qui n’a pas réussi à maîtriser véritablement l’inflation. Ces médiocres résultats sont imputables à des rigidités structurelles omniprésentes, à la faiblesse des dépenses publiques et au peu de crédibilité de l’action des pouvoirs publics, ainsi qu’à l’existence d’un secteur bancaire fragilisé et mal supervisé, caractérisé par un faible ratio de fonds propres et des positions ouvertes en devises à court terme....

  • La faiblesse du système bancaire a été le principal facteur à l’origine de la crise qui a mis un terme au programme de stabilisation de décembre 1999 et a conduit à une nouvelle série de mesures recommandées par le FMI. Les règles sur lesquelles s’est appuyée la tentative de désinflation par le biais du taux de change, assimilables à un système de caisse d’émission, ont exacerbé le manque de concordance entre monnaies et échéances dans le système bancaire, le rendant très vulnérable aux variations de la confiance des investisseurs internationaux après la mi-2000. Il est peu probable que le nouveau programme soit couronné de succès et qu’une reprise durable s’installe si le système bancaire ne fait pas l’objet d’une réforme en profondeur, aussi difficile que cela puisse être en période de crise...

  • Au cours des vingt dernières années, la Turquie a fait d’importants efforts pour ouvrir son économie à la concurrence internationale et pour intégrer ses secteurs productif et financier aux marchés internationaux. Elle a cependant omis d’entreprendre un effort de réforme d’ampleur comparable au plan institutionnel. Le secteur public a continué d’exercer une influence forte et directe sur l’économie, principalement par le biais de son contrôle sur les entreprises économiques d’État (EEE) et les banques d’État. Ces institutions se sont vues confier des tâches redistributives qui n’étaient généralement pas financées par le budget de l’État, leur compétitivité se trouvant par là-même compromise sur des marchés de plus en plus ouverts...