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  • Directement touchée par la crise mondiale, la Turquie s’est montrée extrêmement résiliente grâce aux importantes réformes mises en oeuvre après la crise de 2001. Le choc externe négatif résultant de la tourmente financière, propagé par un effondrement soudain du commerce mondial, a été amplifié par des effets de confiance internes. Encore traumatisés par la crise bancaire de 2001, ménages et entreprises ont réduit leurs investissements et leur consommation de biens durables. Le cadre robuste de la politique macroéconomique a contribué à soutenir l’économie. Par ailleurs, le rétablissement de la confiance et la crédibilité ont été jugés plus importants qu’une relance budgétaire peut-être passagère. La reprise étant désormais bien enclenchée, une occasion unique s’offre d’engager des réformes structurelles à la faveur de la forte baisse des taux d’intérêt réels, les investisseurs internationaux ayant reconnu la solidité des paramètres fondamentaux de la Turquie. Les autorités devraient en profiter pour lancer des réformes structurelles afin d’exploiter au mieux ce choc positif. Un nouveau renforcement du cadre d’action macroéconomique s’impose pour minimiser le risque d’un scénario d’expansion-récession.

  • La Turquie a remarquablement résisté à la crise grâce à un solide cadre de politique macroéconomique et aux importantes réformes structurelles mises en oeuvre après la crise de 2001, et son PIB devrait afficher en 2010 une forte croissance.

  • L’économie turque se redresse après sa récession la plus grave de ces dernières décennies. La contraction massive du PIB tient en grande partie à l’effondrement sans précédent de la demande extérieure, aggravé en Turquie par plusieurs facteurs qui ont entamé la confiance et par les problèmes structurels de compétitivité antérieurs à la crise. Contrairement aux récessions antérieures, la Turquie a pu prendre des mesures contracycliques et les marchés de capitaux se sont montrés résilients. Durant la crise, les autorités ont réduit les taux d’intérêt sensiblement et rapidement et ont mis en oeuvre une relance budgétaire. Cette expérience véritablement nouvelle a été possible grâce à une situation macroéconomique plus satisfaisante, un cadre plus sain de politique monétaire et budgétaire et une meilleure réglementation des marchés de capitaux. Dans l’immédiat, l’enjeu est de mettre fin progressivement aux mesures de relance et de prendre en compte l’impératif de stabilité à moyen terme sans compromettre la reprise. Une fois que la croissance aura atteint son plein régime, les autorités devront probablement relever un double défi : remédier à des déséquilibres extérieurs qui s’accentuent et assurer le bon fonctionnement des marchés de capitaux. Sur le premier point, il faudra améliorer la compétitivité, accroître l’épargne intérieure, attirer davantage d’IDE et atténuer la dépendance à l’égard des importations d’énergie. Pour améliorer la situation dans un grand nombre de ces domaines, il faudra des réformes structurelles du marché du travail et des marchés de produits.

  • La Turquie, comme les autres pays émergents en croissance rapide, a sensiblement amélioré ses conditions d’intégration au marché mondial des capitaux avant et depuis la crise internationale. Les primes de risque et les taux d’intérêt des marchés émergents sont déterminés essentiellement par la situation mondiale de l’investissement et l’appétit pour le risque, mais le renforcement régulier des fondamentaux économiques au niveau national depuis 2000 a considérablement accru la crédibilité de la Turquie et réduit les coûts du capital. Par rapport à des pays de la même catégorie, la Turquie a bénéficié d’une forte diminution des primes de risque et d’un important recul des taux d’intérêt nationaux, mais le relèvement des notations de crédit a été comparativement plus lent. La balance des opérations en capital ayant été entièrement libéralisée, l’amélioration de l’accès de la Turquie au marché mondial des capitaux a de larges effets sur les conditions de l’offre de capital dans l’ensemble de l’économie. Les taux d’intérêt réels ont diminué et des fonds à échéance plus longue sont désormais disponibles pour un plus large éventail d’emprunteurs et d’utilisateurs. Ces facteurs soutiennent non seulement la reprise après la crise, mais servent aussi de base à une croissance à long terme plus soutenue et plus large. Les estimations de la présente Étude et les recherches théoriques confirment que les premiers déterminants des primes de risque et de la notation du crédit au niveau international sont notamment la situation budgétaire, la stabilité des prix, la performance en matière de commerce et de croissance, la qualité de la gouvernance et la stabilité politique. De nouvelles améliorations dans ces domaines aideront la Turquie à normaliser totalement son économie et à renforcer sa capacité d’adaptation et encourageront sa pleine participation au marché mondial des capitaux.

  • Au cours de la décennie écoulée, la Turquie a connu un processus de rattrapage rapide induit par une amélioration du cadre de la politique macroéconomique, une ouverture croissante aux échanges et aux investissements internationaux et l’esprit d’entreprise remarquable des chefs d’entreprise turcs. Pourtant, l’environnement des entreprises était défavorable, avec une réglementation restrictive des marchés des produits et du travail, mais l’économie semi-formelle ou informelle a largement contribué à l’expansion du secteur privé. La productivité a fortement progressé, mais l’utilisation de main-d’oeuvre est restée très faible, ce qui a eu des conséquences négatives pour la cohésion sociale et la croissance. Au cours de la période à venir, il ne sera pas possible d’accroître l’emploi et d’obtenir des gains de productivité plus importants sans procéder à de profondes réformes de la réglementation. Celles-ci devront principalement viser le marché du travail, où il faudra abaisser le salaire minimum, en le modulant éventuellement selon les régions, réduire les indemnités de licenciement et les cotisations sociales et mettre en place des formes de contrats d’emploi plus flexibles. Ces réformes sont à l’étude depuis longtemps, mais des obstacles politiques ont empêché leur mise en oeuvre. Pour sortir de cette impasse, il faut promouvoir une stratégie intégrée de réformes du travail et de transition vers l’économie formelle en expérimentant de nouvelles réglementations à caractère volontaire afin d’identifier les solutions les plus efficaces susceptibles d’être étendues ensuite à l’ensemble de l’économie. En outre, la Turquie doit assouplir davantage les réglementations des marchés de produits qui entravent la concurrence, en abaissant les obstacles à l’entrepreneuriat et à l’investissement direct étranger et en réduisant la présence de l’État dans le secteur des entreprises. La réalisation de ces réformes permettrait à la Turquie de connaître la prospérité au cours des prochaines décennies.