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  • Des politiques macroéconomiques et structurelles efficaces ont permis à l’économie turque de connaître une reprise vigoureuse après la crise mondiale : la croissance y a avoisiné 9 % en 2010-11, accompagnée de la création de nombreux emplois. Néanmoins, au cours de ce processus, le déficit des paiements courants s’est creusé pour atteindre environ 10 % du PIB, tandis que l’inflation des prix à la consommation a dépassé 10 %. Le ralentissement économique qui se manifeste depuis la mi-2011 contribue à résorber ces déséquilibres extérieurs et intérieurs, mais à un rythme modéré compte tenu de la hausse des prix internationaux de l’énergie. Pour ramener le déficit actuel des paiements courants à un niveau plus tenable et respecter l’objectif de 5 % d’inflation, il faut agir à la fois sur les leviers de la politique macroéconomique et de la politique structurelle, et la Turquie a pris des premières mesures en ce sens. Ces mesures jetteront également les bases d’améliorations durables du niveau de vie à plus long terme.

  • Les politiques macroéconomiques et structurelles devraient se concentrer sur le maintien de l’économie sur une trajectoire de croissance viable et équilibrée. Il est essentiel de préserver la compétitivité à court et long termes.

  • La Turquie a beaucoup souffert de la crise mondiale, mais moins longtemps que le reste de la zone OCDE, et son redressement a été beaucoup plus marqué. La demande intérieure est rapidement repartie à la hausse, et la croissance a atteint 9.2 % en 2010 et 8.5 % en 2011 (). L’emploi a remarquablement bien résisté pendant la crise, grâce à un ensemble de nouvelles incitations à l’emploi (OCDE/OIT, 2011). L’emploi dans l’industrie a décliné en 2009 mais a ensuite rapidement rebondi, tandis que la hausse tendancielle s’est poursuivie dans l’agriculture, la construction et les services ().

  • Des politiques macroéconomiques et structurelles efficaces ont permis à l’économie turque de sortir rapidement et de façon dynamique de la crise mondiale, avec une croissance annuelle moyenne proche de 9 % en 2010-11. Néanmoins, le déficit de la balance des opérations courantes s’est creusé pour atteindre près de 10 % du PIB en 2011, alors que la hausse des prix à la consommation a dépassé les 10 %. Le déficit extérieur, dont l’ampleur est problématique, constitue une source de vulnérabilité. Cela vaut également pour le taux d’inflation à deux chiffres, même s’il est en partie imputable à des facteurs transitoires. Ces déséquilibres sont révélateurs de problèmes de compétitivité et d’une pénurie d’épargne intérieure. Il faut y remédier en s’appuyant à la fois sur les politiques macroéconomiques et structurelles. Ces derniers temps, les autorités monétaires se sont efforcées de réduire l’instabilité des flux de capitaux, mais l’inflation est restée forte et fluctuante. Une plus grande importance doit être attachée à l’objectif d’inflation. L’orientation budgétaire reste à peu près satisfaisante, mais pourrait devoir être resserrée, au besoin, pour compléter la politique de restriction monétaire et contribuer au maintien du taux de change réel sur une trajectoire viable. Une croissance plus équilibrée reposant sur une compétitivité renforcée et une augmentation de l’épargne passe, entre autres, par une hausse du taux d’activité, une accélération de la réduction de l’économie informelle, un renforcement de la croissance de la productivité, une amélioration de l’éducation financière et la mise en place d’une palette plus attrayante d’instruments d’épargne. Une amélioration de l’environnement des entreprises stimulerait l’investissement direct étranger, ce qui permettrait une couverture plus saine des besoins de financement extérieur.

  • La Turquie a le potentiel pour parvenir à une croissance solide et durable et créer des emplois, mais des réformes s’imposent dans différents domaines – marché du travail, éducation et marchés de produits – pour que ce potentiel puisse se concrétiser. Le rattrapage industriel des régions d’Anatolie a largement tiré la croissance de ces dernières années, même si la région de Marmara, à l’ouest, a elle aussi été très dynamique. Parallèlement, la diversification des exportations vers le Moyen-Orient et l’Afrique a soutenu l’expansion. Accompagnant ce processus, la participation au marché du travail est repartie à la hausse, mais environ un tiers des nouveaux emplois peu qualifiés ont été créés dans l’économie informelle et dans les entreprises exposées à la concurrence des économies émergentes moins avancées. Le soutien à une croissance vigoureuse sur plus longue période nécessite donc de faire avancer un certain nombre de réformes structurelles propices à des gains de productivité dans chaque secteur et assurant une affectation des ressources là où leur productivité est optimale. Tout d’abord, la réglementation du marché du travail, rigide, doit évoluer de façon à encourager la création d’emplois dans l’économie formelle. Ensuite, il faut aller plus loin encore dans les réformes de l’éducation, de l’enseignement préscolaire à l’enseignement supérieur et à la formation professionnelle, pour dynamiser la croissance et favoriser les créations d’emplois dans le secteur formel. Enfin, la mise en œuvre de réformes des marchés de produits, notamment dans les industries de réseau, devrait permettre de libérer des gains de productivité dans ces secteurs et insuffler une dynamique au reste de l’économie. Différents scénarios de croissance à l’horizon 2030 montrent comment les avancées sur ces différents fronts peuvent être vecteurs de gains de productivité et amener à une amélioration durable du niveau de vie.