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  • L’économie des États-Unis est entrée en récession au premier semestre de 2001, l’emploi s’inscrivant en baisse et la production industrielle poursuivant le recul amorcé au milieu de l’année 2000. Le ralentissement de l’activité a été d’assez courte durée et modéré. Sur l’ensemble de l’année 2001, le PIB réel a progressé de ¼ pour cent. Il a diminué durant les trois premiers trimestres de l’année, les entreprises ayant réduit leurs stocks et leurs dépenses en biens d’équipement face au ralentissement des dépenses des ménages. La demande s’est redressée à un rythme étonnamment rapide après les attentats du 11 septembre, mais la contraction des rémunérations a persisté jusqu’au début de cette année et le redressement du marché du travail ne s’est pas encore amorcé. Néanmoins, grâce au faible niveau auquel il s’établissait avant le ralentissement de l’activité, le taux de chômage n’a jusqu’à présent pas dépassé 6 pour cent – niveau bien inférieur à ses points hauts antérieurs et proche de ce que l’on aurait assimilé au plein emploi il y a seulement quelques années. L’inflation a nettement reculé. Le déficit de la balance des opérations courantes a pour sa part repris sa tendance à la hausse. L’affaiblissement de la conjoncture s’est accompagné d’une forte chute des bénéfices et d’une série de révélations concernant les falsifications comptables et la mauvaise gouvernance des entreprises, ce qui a lourdement pesé sur les marchés d’actions et, dans une moindre mesure, sur la valeur du dollar...

  • L’activité économique a touché son point bas au second semestre de 2001, le coup de frein donné à l’activité par les attentats du 11 septembre ayant accéléré la dégradation qui s’était préalablement amorcée. Le taux de croissance du PIB réel a diminué pendant le premier semestre de 2001 et s’est stabilisé pendant les six mois suivants, de sorte que la moyenne annuelle rapportée à celle de l’année précédente n’a été que de ¼ pour cent (graphique 1, partie A). Le ralentissement de la croissance a été modéré, aussi bien par rapport aux baisses de PIB enregistrées lors des précédentes récessions (comme par exemple au début des années 90) que par rapport à l’effondrement des cours des valeurs mobilières depuis le début de 2000 et le choc des attentats terroristes. La demande intérieure finale a marqué une forte décélération et le déstockage a nettement affaibli la production ; en revanche, le solde extérieur a moins freiné l’activité que ces dernières années (tableau 1). Bien que le recul du PIB n’ait été que de courte durée, l’utilisation des ressources a chuté : le taux de chômage a quelque peu augmenté en 2001 par rapport à son point bas de 4 pour cent en 2000 et il a marqué une progression nettement plus forte au début de 2002, tandis que la production tombait un peu en deçà de son potentiel l’an dernier (partie B). L’inflation a marqué une décélération, grâce à la baisse des prix de l’énergie et à la détente de l’inflation sous-jacente (partie C). En raison de son caractère limité, la récession n’a pratiquement pas freiné les entrées de capitaux étrangers destinées à financer la demande intérieure, et le déficit des opérations courantes est resté proche de 4 pour cent du PIB...

  • Des mesures gouvernementales avisées ont limité l’ampleur et la durée du ralentissement économique de l’an dernier. Un rapide assouplissement monétaire – à la fois avant et après les événements du 11 septembre – s’est conjugué avec une nette expansion budgétaire pour soutenir la demande des ménages et stimuler l’activité. La politique monétaire est restée très accommodante cette année. Pourtant, l’inflation sous-jacente a été modérée et orientée à la baisse, tandis que les anticipations inflationnistes ont été bien contenues. Même si la reprise est encore fragile, il faudra tôt ou tard songer à déterminer le moment et le rythme d’un retour à une orientation monétaire plus neutre. Sur le plan budgétaire, une rigueur accrue sera nécessaire, après la pléthore de mesures prises récemment pour réduire les impôts et favoriser les dépenses. En l’absence de modifications des politiques, le basculement prononcé dans le déficit au niveau fédéral et la dégradation des finances des États fédérés rendent peu probable un rétablissement des excédents budgétaires au moins durant les deux prochaines années. Des excédents seraient cependant souhaitables à la fois pour maîtriser les déséquilibres macroéconomiques à plus long terme et pour commencer de s’attaquer au problème du vieillissement démographique, qui se fera plus aigu à la fin de la décennie. Le reste de ce chapitre traite de l’évolution récente des politiques monétaire et budgétaire et des défis à relever dans ces domaines au cours de la période à venir...

  • Le système de santé des États-Unis est sans équivalent dans la zone de l’OCDE. Il ne comporte pas de programme national d’assurance et 14 pour cent de la population ne sont pas couverts, bien que les œuvres caritatives et les programmes subventionnés facilitent l’accès des 40 millions de personnes non assurées au système médical. Il absorbe une beaucoup plus large part du PIB que dans les autres pays membres (14 pour cent du PIB contre 8 pour cent en moyenne pour la zone de l’OCDE), et il est assez performant en termes de résultats cliniques. Il est aussi réactif, s’adaptant rapidement aux changements dans les attentes des consommateurs, et la majorité des Américains sont très satisfaits des soins qu’ils reçoivent. Mais le coût des soins est élevé, et de nombreux Américains risquent de se trouver un jour ou l’autre dépourvus d’assurance. Par ailleurs, comme dans les autres pays de l’OCDE, les résultats en termes d’utilisation des services et d’état de santé varient largement selon les groupes de la population. Ni le secteur public, ni le secteur privé ne sont guère arrivés à freiner la progression des dépenses sur une longue période, bien qu’à court terme les opérateurs publics soient parvenus à une certaine maîtrise des prix grâce aux systèmes de paiement prospectifs et que les opérateurs privés aient dans une certaine mesure réussi à maîtriser les volumes et les coûts grâce aux systèmes de soins coordonnés. En outre, la performance du système de santé américain au regard de divers indicateurs de l’état de santé de la population, par comparaison avec la performance observée pour les systèmes d’autres pays de l’OCDE, amène à s’interroger sur l’utilité de l’ampleur des dépenses en termes d’amélioration marginale de l’état de santé de la population, bien que des facteurs de risque sociétal jouent vraisemblablement aussi un grand rôle. Cela étant, bien qu’il y ait encore un potentiel pour améliorer le rendement des fonds investis, les améliorations obtenues sur le plan de l’état de santé de la population semblent avoir permis une hausse substantielle du revenu national (Nordhaus, 2002b)...

  • Si la phase d’expansion la plus longue jamais observée fait aujourd’hui partie du passé, les améliorations dont elle s’est accompagnée dans de nombreux domaines de l’activité économique restent acquises. La fermeté du marché du travail, jointe à des gains de productivité importants, a entraîné une nette amélioration des perspectives d’emploi des travailleurs les moins qualifiés et d’autres groupes ayant des liens distendus avec le marché du travail, en particulier les mères élevant seules leurs enfants. L’expansion économique a renforcé les effets des mesures destinées à encourager l’exercice d’une activité professionnelle – comme le crédit d’impôt pour revenus d’activité (Earned Income Tax Credit – EITC) et d’autres réformes fondamentales des programmes de protection sociale datant du milieu des années 90 –, entraînant ainsi un accroissement des taux d’activité et des revenus et une baisse des taux de pauvreté. Cette évolution contraste avec la détérioration des conditions de vie qu’avaient connue les groupes défavorisés pendant la phase d’expansion des années 80. Même dans certains domaines souvent considérés comme indépendants de la situation macroéconomique, la criminalité notamment, de nets progrès ont été enregistrés au cours de la décennie, et la vigueur de l’activité économique et les mesures mises en œuvre – aussi bien sur le plan économique que sur d’autres plans – y ont largement contribué. Cela étant, il y a certains aspects du marché du travail, du système éducatif et des relations internationales qui demandent à être améliorés...