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  • Avec ses 7 milliards d’habitants, le monde se trouve confronté en 2012 à des défis économiques et sociaux extrêmement complexes. Si la protection de l’environnement et la conservation des ressources naturelles continuent de figurer parmi les grandes priorités de l’action publique, de nombreux pays doivent aussi faire face à une croissance économique en berne, des finances publiques sous haute tension et des taux de chômage élevés. Un changement culturel profond s’impose pour s’attaquer à ces défis qui ne sauraient attendre, et se réorienter vers des sources de croissance plus  vertes  et innovantes et des modes de consommation plus durables.

  • Durant les dernières décennies, les activités humaines ont engendré une croissance économique sans précédent qui a favorisé l’élévation du niveau de vie. Alors que la population mondiale augmentait de plus de 3 milliards de personnes, la taille de l’économie mondiale a plus que triplé depuis 1970. Si cette croissance a permis à des millions de personnes de sortir de la pauvreté, elle a été inégalement répartie et s’est révélée très dommageable pour l’environnement. Le patrimoine naturel s’est appauvri et continue de s’appauvrir, et la pollution de l’environnement porte déjà atteinte aux services qu’il fournit. Pour répondre aux besoins de 2 milliards de personnes supplémentaires d’ici à 2050 et améliorer le niveau de vie de tous, il nous faudra être capable de gérer et de restaurer le patrimoine naturel dont dépend toute vie. Si nous n’y parvenons pas, les conséquences seront lourdes, en particulier pour les populations défavorisées, et compromettront à terme la croissance économique et le développement des générations futures.

  • Ce chapitre décrit le contexte dans lequel s’inscrivent les Perspectives de l’environnement de l’OCDE, explique la méthode utilisée – en particulier le système des feux de signalisation – et décrit la structure du rapport. Il est axé sur les quatre défis environnementaux repérés par des  feux rouges  – le changement climatique, la biodiversité, l’eau et les effets de la pollution sur la santé – désignés comme les enjeux les plus pressants dans les prochaines décennies. Les Perspectives de l’environnement présentent une analyse d’envergure mondiale, mais les recommandations d’action s’adressent surtout aux pays de l’OCDE et aux grandes économies émergentes que sont le Brésil, la Russie, l’Inde, l’Indonésie, la Chine et l’Afrique du Sud (les BRIICS). Elles effectuent des projections pour analyser les tendances économiques et environnementales des prochaines décennies, en associant un cadre de modélisation économique d’équilibre général (le modèle ENV-Linkages de l’OCDE) et un cadre de modélisation complète de l’environnement (suite de modèles IMAGE de l’Agence d’évaluation environnementale des Pays-Bas, PBL). Le scénario de référence des Perspectives de l’environnement indique au moyen de projections simplifiées à quoi pourrait ressembler le monde en 2050 si les évolutions socio-économiques et environnementales et les politiques actuelles étaient maintenues et qu’aucune politique nouvelle n’était adoptée pour protéger l’environnement. Pour procéder à des comparaisons avec le scénario de référence, les Perspectives présentent aussi les résultats de simulations ( et si… ) qui modélisent les effets potentiels des politiques mises en place face aux grands problèmes d’environnement. Cette édition des Perspectives a été établie pour la réunion des ministres de l’Environnement qui s’est tenue à l’OCDE en mars 2012 et constitue la contribution de l’Organisation à la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio + 20) en juin 2012. Elle doit être lue en parallèle avec la Stratégie de l’OCDE pour une croissance verte, Vers une croissance verte.

  • Après une description des évolutions démographiques actuelles et des projections correspondantes du scénario de référence (concernant notamment la croissance et la structure de la population, y compris le vieillissement, et l’urbanisation), ce chapitre expose les tendances et les projections économiques, en particulier la croissance économique (PIB, consommation, composition sectorielle) et ses facteurs que sont le travail et le capital. Ces projections tablent sur une convergence conditionnelle progressive des niveaux de revenu par tête des différents pays. Dans la dernière section sont examinés deux aspects qui relient directement les tendances économiques aux pressions environnementales : l’utilisation de l’énergie (mix énergétique entre énergies fossiles, renouvelables et nucléaire) et l’utilisation des terres (en particulier agricoles). Les principales évolutions socio-économiques projetées dans ce scénario de référence des Perspectives de l’environnement servent de base aux projections environnementales des autres chapitres. Dans ce chapitre, les projections mondiales sont organisées par grands ensembles géographiques, ou régions : les pays de l’OCDE, les économies émergentes – à savoir le Brésil, la Russie, l’Inde, l’Indonésie, la Chine et l’Afrique du Sud (les BRIICS) – et le reste du monde.

  • Ce chapitre analyse les implications pour l’action publique du défi du changement climatique. Les engagements de réduction des émissions qui ont été pris à Copenhague/Cancún sont-ils suffisants pour stabiliser le climat et limiter à 2 °C la hausse de la température moyenne mondiale ? Dans la négative, quelles en seront les conséquences ? Quelles autres trajectoires de croissance pourraient permettre de stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre (GES) à 450 ppm, niveau qui permettrait d’avoir 50 % de chance de maintenir la hausse des températures à un niveau inférieur à 2 °C ? Quelles politiques sont nécessaires, et quels en seront les coûts et avantages pour l’économie ? Comment le monde peut-il s’adapter au réchauffement qui a déjà commencé ? Pour mieux comprendre ces questions, ce chapitre s’intéresse tout d’abord à l’évolution, d’ici à 2050, des émissions et des concentrations de GES (dont celles liées à l’utilisation des terres), des températures et des précipitations selon le scénario de référence des Perspectives de l’environnement (c’est-à-dire en cas de politiques inchangées). Il passe ensuite en revue les politiques climatiques actuelles. La plupart des pays recourent à des panoplies d’instruments comprenant une tarification du carbone (taxes carbone, systèmes de plafonnement et d’échange des droits d’émission, réforme des subventions aux combustibles fossiles), d’autres mesures destinées à améliorer l’efficacité énergétique, des approches axées sur l’information et des politiques de l’innovation en faveur des technologies propres. Ce chapitre examine ensuite les nouvelles mesures qui devraient être prises, en comparant différents scénarios d’atténuation au scénario de référence. Sont ainsi considérés plusieurs scénarios de stabilisation des concentrations de GES à 450 ppm et 550 ppm faisant intervenir différentes options technologiques : capture et stockage du carbone, sortie du nucléaire et utilisation croissante de biocarburants ; liaison des marchés du carbone ; et différentes règles d’attribution des permis d’émission. Ce chapitre s’achève en expliquant pourquoi l’atténuation du réchauffement planétaire exigera d’adopter des politiques transformatives pour concilier l’action à court terme et les objectifs climatiques à long terme, en soupesant les coûts et les avantages de chaque option. Des politiques d’adaptation bien maîtrisées dans le temps seront également indispensables pour limiter les dommages causés par les changements climatiques déjà amorcés.

  • Le recul de la biodiversité représente l’un des principaux défis environnementaux auxquels est confrontée l’humanité. Malgré des progrès ici et là, la biodiversité mondiale s’appauvrit et devrait continuer de s’appauvrir selon les projections. La poursuite des tendances actuelles pourrait avoir des conséquences néfastes profondes pour le bien-être des individus et leur sécurité, ainsi que pour la croissance économique. Ce chapitre commence par récapituler les bienfaits considérables et la valeur souvent cachée de la biodiversité et des écosystèmes dont elle fait partie intégrante. Il examine ensuite l’évolution de plusieurs indicateurs de la biodiversité – abondance moyenne des espèces (AME), espèces menacées, superficie forestière (déboisement) et stocks halieutiques marins – et les conséquences qu’aurait la poursuite des tendances actuelles jusqu’en 2050 selon le scénario de référence des Perspectives de l’environnement de l’OCDE. Puis, il propose un tour d’horizon des moyens d’action envisageables pour assurer la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité, qui vont des approches réglementaires aux instruments économiques tels que les paiements pour services écosystémiques. Plusieurs scénarios tablant sur des politiques plus ambitieuses sont ensuite analysés, entre autres pour examiner les conséquences qu’aurait la réalisation de l’Objectif d’Aichi adopté dans le cadre de la Convention sur la diversité biologique, qui consiste à porter la superficie du réseau d’aires protégées à au moins 17 % des terres émergées du globe d’ici à 2020. Le chapitre se penche également sur les synergies possibles et les arbitrages à prévoir entre la poursuite des objectifs climatiques (au travers de différents scénarios en matière de bioénergies et d’utilisation des terres, par exemple) et la protection de la biodiversité. Il se termine par une analyse des principaux besoins de mesures supplémentaires en faveur de la biodiversité et de la façon dont ils s’articulent avec le programme d’action plus général en faveur de la croissance verte.

  • Partout sur la planète, les besoins quotidiens en eau suscitent une concurrence toujours plus vive entre les villes, les agriculteurs, les industries, les fournisseurs d’énergie et les écosystèmes. En l’absence de gestion adaptée, le prix à payer peut être élevé – non seulement du point de vue financier, mais aussi en termes d’occasions manquées, d’atteintes à la santé et de dommages causés à l’environnement. Faute de profondes réformes et d’améliorations notables de la gestion de l’eau, d’ici à 2050 la situation risque fort d’empirer, les ressources disponibles devenant plus incertaines. Ce chapitre récapitule les pressions qui se font le plus fortement sentir sur l’eau et les principales mesures prises en conséquence. Il commence par évoquer les difficultés et évolutions actuelles, et la manière dont elles pourraient orienter les perspectives de l’eau en 2050. Sont passés en revue les problèmes de rivalité (entre l’irrigation, l’industrie, la production d’électricité, les villes et l’environnement) et de surexploitation (des eaux de surface et souterraines), le stress hydrique, les catastrophes liées à l’eau (inondations, par exemple), la pollution de l’eau (éléments nutritifs – azote et phosphore – provenant des terres agricoles ou transportés par les eaux usées, notamment) et les rejets dans les mers, ainsi que le manque d’accès aux services d’eau et d’assainissement (au sens des Objectifs du Millénaire pour le développement – OMD). S’ajoute un examen des instruments de gestion en vigueur (tels que les droits sur l’eau et la tarification) et des possibilités qui s’offrent d’améliorer les perspectives de l’eau par des mesures plus ambitieuses. Le chapitre aborde les nouveaux enjeux de la politique de l’eau. Une attention particulière est accordée au rôle déterminant de l’eau dans la croissance verte ; aux relations entre l’eau, l’énergie et l’alimentation ; aux mécanismes d’allocation de l’eau qui préservent des écosystèmes sains ; et aux sources d’eau alternatives (réutilisation). Dans chaque cas, la gouvernance, les instruments économiques, l’investissement et la mise en place d’infrastructures ont leur importance. Tous participent aux réformes de la politique de l’eau, dans les pays de l’OCDE et à l’échelle mondiale.

  • Ce chapitre examine les répercussions actuelles et prévues sur la santé de quatre facteurs environnementaux essentiels, à savoir la pollution de l’air (l’accent est mis sur les décès prématurés résultant de l’exposition à des particules en suspension dans l’air extérieur et à l’ozone troposphérique, ainsi qu’à la pollution de l’air intérieur), l’insalubrité de l’eau et le défaut d’assainissement (y compris dans le contexte des Objectifs du Millénaire pour le développement pertinents), les produits chimiques (risques chimiques, exposition) et le changement climatique (en mettant l’accent sur l’incidence du paludisme). Pour chacun de ces thèmes, le chapitre commence par décrire les tendances actuelles, puis brosse le tableau possible à l’horizon 2050 en l’absence de politique nouvelle (c’est le scénario de référence des Perspectives de l’environnement), et se clôt sur les interventions publiques nécessaires. La pollution de l’air, l’insalubrité de l’eau, le défaut d’assainissement et les produits chimiques dangereux exercent des contraintes non négligeables sur la santé humaine, et notamment sur celle des personnes âgées et des jeunes. Si certaines évolutions mondiales (l’accès à des sources d’eau améliorées, par exemple) sont positives, d’autres – comme la pollution de l’air en milieu urbain et le défaut d’accès à l’assainissement de base – restent synonymes de risque grave pour la santé humaine. En outre, les effets cumulés du changement climatique aggravent la charge de morbidité mondiale. Ces risques nécessitent des mesures d’atténuation ambitieuses et flexibles (normes, taxation des carburants, essais et évaluations de produits chimiques, achats publics verts, échange et plafonnement de droits et de permis d’émissions, politique des transports, etc.), ainsi que de nouveaux investissements dans les services concernant l’eau et l’assainissement. Il faut évaluer et traiter les risques identifiés, mais aussi faire preuve de vigilance et de réactivité face aux nouveaux risques émergents qui menacent la santé humaine et sont mal appréhendés (comme par exemple les perturbateurs endocriniens et les nanomatériaux manufacturés).

  • Le travail d’analyse qui sous-tend les Perspectives de l’environnement de l’OCDE prend appui sur deux cadres de modélisation qui ont été couplés : i) le modèle économique ENV-Linkages ; et ii) une série de modèles environnementaux rattachés au cadre d’évaluation intégré IMAGE (Integrated Model to Assess the Global Environment) créé par l’Agence d’évaluation environnementale des Pays-Bas (PBL). La présente annexe propose une description synthétique de ces modèles et, pour l’approfondir, des liens vers des sites Internet. Les méthodes d’analyse et les outils employés dans les Perspectives de l’environnement de l’OCDE sont décrits plus précisément dans la documentation disponible à l’adresse www.oecd.org/environment/outlookto2050.