• Les ressources financières que consacre un pays à la santé, celle à la fois des individus et de la population dans son ensemble, ainsi que leur évolution au cours du temps, dépendent de nombreux facteurs démographiques, sociaux et économiques, mais aussi des structures de financement et d’organisation du système de santé.

  • La proportion de dépenses d’un pays en biens et services de santé par rapport aux dépenses totales dans l’économie peut varier dans le temps, en fonction des différences de croissance des dépenses de santé par rapport à la croissance économique globale. Tout au long des années 90 et au début des années 2000, les dépenses de santé dans les pays de l’OCDE ont généralement augmenté plus rapidement que le reste de l’économie, ce qui a abouti à une hausse presque continue des dépenses de santé rapportées au PIB. Après une période d’instabilité pendant la crise économique, la proportion moyenne est demeurée relativement stable ces quelques dernières années, avec l’alignement de la croissance de ces dépenses sur celle de l’économie dans tous les pays de l’OCDE.

  • Les variations des dépenses de santé par habitant peuvent être dues à des différences de prix des produits et des services de santé, ainsi qu’à des différences de « volume », c’est-à-dire de la quantité de soins utilisés par les individus. En éclairant les responsables sur les raisons de ces écarts, la décomposition des dépenses de santé en prix et volume les oriente dans leur choix de mesures à mettre en place pour améliorer le rapport qualité-prix. Les options ne seront pas forcément les mêmes selon les facteurs à l’origine du niveau élevé de dépenses.

  • Divers régimes, obligatoires ou volontaires, assurent la couverture du coût des soins de santé. Les régimes publics, organisés au niveau national, au niveau régional ou pour des catégories de population particulières, donnent automatiquement droit aux soins aux individus en fonction de leur lieu de résidence. Ils constituent la principale source de financement des dépenses de santé dans plusieurs pays de l’OCDE. L’autre mécanisme le plus répandu est celui des régimes d’assurance maladie obligatoire (publics ou privés) qui couvrent la majeure partie des dépenses de santé des assurés. Malgré une couverture de santé quasi universelle dans bon nombre de pays de l’OCDE, une part importante, mais très variable, des dépenses de santé est supportée par les paiements directs des ménages, sous forme de paiements indépendants ou de participation aux coûts. Enfin, parmi les autres types de financement discrétionnaire de la santé, l’assurance maladie volontaire, sous ses diverses formes, peut apporter une contribution de taille au financement des soins de santé dans certains pays.

  • Les différents régimes de financement utilisés pour acheter les biens et services de santé (voir indicateur « Dépenses de santé par dispositif de financement ») doivent collecter des recettes. Ils s’appuient pour cela sur différentes sources. L’analyse des flux financiers allant des sources jusqu’aux régimes permet de mieux comprendre les mécanismes fondamentaux du financement des services de santé et la charge globale qui pèse sur les différents secteurs de l’économie.

  • Le niveau de dépenses des différents services de santé dépend de plusieurs facteurs, dont la répartition des soins entre les prestataires et les priorités établies, les besoins de la population et les coûts des intrants. Les soins hospitaliers et ambulatoires représentent la majeure partie de ces dépenses, soit en moyenne environ 60 % de l’ensemble des dépenses de santé des pays de l’OCDE (). Une autre part représentant 20 % des dépenses de santé est consacrée aux biens médicaux (principalement les produits pharmaceutiques), tandis qu’une part croissante se rapporte aux soins de longue durée (environ 14 % en 2017). Le reste est alloué à l’administration et à la gouvernance générale du système de santé, ainsi qu’à la prévention.

  • Les modalités de l’offre de soins ont une forte incidence sur les dépenses consacrées aux différents biens et services. Les biens et services de santé sont fournis par un large éventail d’établissements, des hôpitaux et des cabinets médicaux aux pharmacies, voire aux ménages qui prennent soin de membres de la famille. L’analyse des dépenses de santé par prestataire, en parallèle avec leur répartition par fonction, peut être particulièrement utile pour obtenir une vue plus détaillée de l’organisation des systèmes de santé (voir indicateur « Dépenses de santé par type de service »).

  • Les secteurs de la santé et des soins de longue durée demeurent certes très dépendants de la main-d’œuvre, mais le capital est lui aussi un important facteur de production des services de santé. Le niveau d’investissement d’un pays dans de nouveaux dispositifs de santé, dans les derniers équipements diagnostiques et thérapeutiques et dans les technologies de l’information et de la communication (TIC) peut avoir une incidence déterminante sur la capacité d’un système de santé à satisfaire les besoins de la population et à contribuer ainsi à l’amélioration des résultats. Par exemple, le manque d’équipement IRM et de scanners (voir indicateur « Technologies médicales ») peut se répercuter sur les capacités de dépistage précoce de certaines maladies. Le niveau de dépenses en capital a toutefois tendance à davantage fluctuer d’une année à l’autre que les dépenses courantes au titre des services de santé. Les décisions d’investissement dépendent en effet beaucoup plus de la conjoncture et des choix politiques ou commerciaux, mais aussi des besoins futurs et des niveaux d’investissement précédents. Lorsqu’ils décident d’investir dans les infrastructures, les responsables publics doivent non seulement évaluer soigneusement les coûts à court terme, mais aussi les avantages potentiels à court, moyen et long termes. À l’instar des autres secteurs d’activité, un manque d’investissement dans le présent peut entraîner une accumulation de problèmes et de coûts futurs au fur et à mesure de la détérioration des équipements et des dispositifs.

  • Dans tous les pays de l’OCDE, les dépenses de santé augmentent plus rapidement que la croissance économique depuis plusieurs décennies. Ces dépenses supplémentaires ont contribué à améliorer les résultats sur le plan de la santé et constituent une source importance de croissance économique et d’emplois. Cependant, la viabilité financière est de plus en plus préoccupante, étant donné que ces dépenses sont financées par des fonds publics dans la majorité des pays (OCDE, 2015[1]). Les projections de croissance des dépenses de santé peuvent donner aux pays une indication de la rapidité et de l’ampleur possibles de l’augmentation de ces dépenses par rapport à la croissance économique générale, ou par rapport à la population du pays (Lorenzoni et al., 2019[2]).