• L’espérance de vie a augmenté dans tous les pays de l’OCDE ces 50 dernières années, mais cette progression a marqué le pas au cours de la dernière décennie. En outre, la pandémie de COVID‑19 a entraîné un recul de l’espérance de vie dans la plupart des pays de l’OCDE en 2020 (voir le chapitre 2 pour une analyse approfondie de l’impact du COVID‑19 sur la santé).

  • Dans tous les pays de l’OCDE et les pays partenaires, les femmes vivent plus longtemps que les hommes. L’écart était en moyenne de 5.3 ans dans les pays de l’OCDE en 2019 – l’espérance de vie à la naissance était de 83.6 ans pour les femmes et de 78.3 ans pour les hommes (). Il s’est toutefois resserré d’un an depuis 2000, en raison de gains d’espérance de vie masculine plus rapides dans la plupart des pays.

  • La surmortalité indique dans quelle mesure le nombre total de décès toutes causes confondues est supérieur aux chiffres auxquels on pourrait normalement s’attendre pour une période donnée. Ici, les décès de 2020 sont comparés à la moyenne des cinq années précédentes. Les chiffres de la surmortalité sont particulièrement utiles pour bien comprendre les répercussions du COVID‑19 dans l’ensemble des pays, car cet indicateur n’est pas influencé par les différences façons dont les pays comptabilisent les décès liés au COVID‑19, et tient compte des décès à la fois directement et indirectement imputables au virus (Morgan et al., 2020[5]). Par exemple, il y a peut-être eu davantage de décès que prévu en 2020 parce que les systèmes de santé n’ont pas été en mesure de prendre en charge d’autres pathologies. Cette situation peut dans une certaine mesure être contrebalancée par un nombre potentiellement moindre de décès dus à des accidents de la circulation et du travail, et par une réduction du nombre de décès dus à d’autres maladies infectieuses.

  • En 2019, plus de 11 millions de personnes sont décédées dans les pays de l’OCDE, soit 770 décès pour 100 000 habitants (). Les maladies du système circulatoire et le cancer étaient les deux principales causes de mortalité dans la plupart des pays. Cela s’explique par la transition épidémiologique des maladies transmissibles vers les maladies non transmissibles, qui a déjà eu lieu dans les pays à revenu élevé et qui se produit rapidement dans de nombreux pays à revenu intermédiaire (Roth et al., 2018[7]). Dans les pays de l’OCDE en 2019, les crises cardiaques, les AVC et d’autres maladies du système circulatoire ont été à l’origine d’un décès sur trois environ, et le cancer d’un décès sur quatre. Le vieillissement démographique explique en grande partie la prédominance des décès liés à des maladies du système circulatoire – leur nombre augmente régulièrement à partir de 50 ans.

  • Les indicateurs relatifs à la mortalité évitable offrent un « point de départ » général pour évaluer l’efficacité des politiques de santé publique et des systèmes de soins de santé pour ce qui est la réduction des décès provoqués par divers maladies et accidents. Cependant, une analyse plus poussée est nécessaire pour déterminer plus précisément les différentes causes des décès potentiellement évitables et définir les interventions propres à les réduire.

  • Les maladies cardiovasculaires (ou maladies du système circulatoire), les crises cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux (AVC) notamment, étaient la principale cause de mortalité dans la plupart des pays de l’OCDE en 2019, où elles comptent pour près d’un tiers des décès. Si les taux de mortalité ont diminué dans la plupart de ces pays au fil du temps, le vieillissement démographique et la hausse des taux d’obésité et de diabète risquent de freiner cette amélioration à l’avenir (OCDE, 2015[11]). De fait, avant la pandémie de COVID‑19, le ralentissement des progrès dans le domaine des maladies cardiovasculaires était l’un des principaux facteurs à l’origine de la perte de vitesse que connaissaient de nombreux pays en termes de gains d’espérance de vie (Raleigh, 2019[2]). En outre, le COVID‑19 contribuerait indirectement à accroître le nombre de décès dus à des maladies du système circulatoire, en raison des perturbations des soins intensifs, primaires et préventifs.

  • Le cancer était la deuxième cause de décès dans les pays de l’OCDE, après les maladies cardiovasculaires (ou maladies du système circulatoire) ; il était à l’origine de 24 % de la totalité des décès en 2019. Les principales causes de mortalité par cancer étaient le cancer du poumon (21 %), le cancer colorectal (11 %), le cancer du sein (15 % chez les femmes) et le cancer de la prostate (10 % chez les hommes). Ces quatre cancers représentent 44 % de tous les cancers diagnostiqués dans les pays de l’OCDE. Les taux de mortalité par cancer ont diminué dans tous les pays de l’OCDE depuis 2000, ce recul étant toutefois plus modéré, en moyenne, que pour les maladies cardiovasculaires.

  • Les maladies chroniques, comme le cancer, les problèmes respiratoires chroniques et le diabète ne sont pas seulement les principales causes de décès dans l’OCDE. Elles représentent aussi une charge de morbidité majeure chez les personnes en vie. De nombreuses maladies chroniques sont évitables moyennant la modification de facteurs de risques majeurs, comme le tabagisme, la consommation d’alcool, l’obésité et l’inactivité physique. La pandémie de COVID‑19 a également mis en relief l’impact des maladies chroniques sur les conséquences d’autres maladies. Les maladies chroniques qui représentent une charge de morbidité élevée dans les pays de l’OCDE – diabète, BPCO, maladies cardiovasculaires et cancer – ont également été associées à un risque accru de développer des formes graves du COVID‑19 et à un risque accru d’hospitalisation et de décès.

  • Des conditions de vie inadéquates, une extrême pauvreté et des facteurs socioéconomiques influent sur la santé des mères et des nouveau-nés. Des systèmes de santé performants peuvent cependant considérablement limiter le nombre de décès de nourrissons, notamment en traitant les problèmes de santé potentiellement mortels durant la période néonatale. Environ deux tiers des décès intervenant au cours de la première année de vie se produisent dans les 28 jours qui suivent la naissance (mortalité néonatale) ; ils sont essentiellement provoqués par des anomalies congénitales, la prématurité et d’autres problèmes survenus pendant la grossesse. S’agissant des décès intervenant après ces premières semaines critiques (mortalité post-néonatale), les causes sont généralement plus variées, les plus courantes étant le syndrome de mort subite du nourrisson, les anomalies congénitales, les infections et les accidents. Les taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans ont également chuté de façon spectaculaire au cours des dernières décennies, la majorité des décès survenant chez les nourrissons.

  • Une bonne santé mentale est essentielle pour mener une vie saine et productive (OCDE, 2021[19]). Au moment de la crise du COVID‑19, lorsque les habitants des pays de l’OCDE ont dû radicalement changer de mode de vie et modifier leurs façons d’apprendre et de travailler, on a observé des effets non négligeables sur la santé mentale (voir le chapitre 2 pour une analyse plus approfondie des conséquences du COVID‑19 sur la santé mentale). En mars et avril 2020, les niveaux d’anxiété et de dépression enregistrés dans la population générale étaient plus élevés dans presque tous les pays par rapport aux années précédentes (, ). La progression des troubles émotionnels n’a toutefois pas été constante pendant la crise sanitaire, ni homogène pour toutes les catégories de la population. Dans des pays tels que le Canada, la France, les Pays-Bas et le Royaume‑Uni, où l’état de santé mentale de la population a fait l’objet d’un suivi tout au long de la pandémie, les résultats se sont améliorés entre juin et septembre 2020, ce qui coïncide avec une baisse des taux d’attaque du COVID‑19 et un assouplissement des mesures d’endiguement (OCDE, 2021[20]). Les personnes qui étaient au chômage ou qui connaissaient des difficultés financières ont signalé des taux d’anxiété et de dépression plus élevés que la population générale pendant la crise du COVID‑19 ; cette tendance datait d’avant la crise, mais elle se serait accélérée dans certains pays (OCDE, 2021[20]). La santé mentale des jeunes a aussi particulièrement pâti de la pandémie, la prévalence des symptômes d’anxiété et de dépression ayant fortement augmenté, en particulier à la fin de 2020 et au début de 2021 (OCDE, 2021[21]).

  • La façon dont les individus évaluent leur propre santé donne un aperçu global de la santé physique et mentale. Ce point de vue sur la qualité de vie complète les indicateurs d’espérance de vie et de mortalité, qui mesurent uniquement le taux de survie. Par ailleurs, malgré son caractère subjectif, l’état de santé perçu est généralement un indicateur prévisionnel fiable de la mortalité et des besoins en matière de soins futurs (Palladino et al., 2016[24]).