• Les institutions chargées de diffuser les technologies facilitent la transmission et l’utilisation des nouvelles connaissances et méthodes pouvant aider les entreprises à adopter de nouvelles technologies de fabrication. Elles permettent également aux entreprises d’atteindre leurs objectifs, qu’il s’agisse de l’amélioration de la rentabilité de la production ou du développement des produits, de la planification stratégique et de la formation. Le présent chapitre s’intéresse aux institutions de diffusion technologique à vocation publique, ainsi qu’aux raisons de leur existence, à leur organisation et aux services qu’elles dispensent. Des études de cas décrivant des approches diverses y sont présentées – notamment les services extérieurs dédiés, les services aux entreprises axés sur la technologie, les centres de technologie appliquée, l’échange d’informations et les mesures d’incitation agissant sur la demande –, ainsi que des pratiques efficaces et un aperçu des activités. L’une des principales suggestions formulées à l’intention des pouvoirs publics souligne la nécessité de prendre davantage conscience que l’avènement généralisé de la prochaine révolution de la production passe par des institutions de diffusion technologique solides, associées à des mesures-cadres complémentaires. Les institutions chargées de diffuser les technologies doivent être encouragées à partager etaméliorer leurs pratiques, à établir des partenariats collaboratifs et à répondre à des objectifs de durabilité et de responsabilité. Une attention particulière est requise pour aider les petites et moyennes entreprises (PME) et pallier les insuffisances de l’action publique en matière de diffusion des technologies.

  • L’adhésion du public à la technologie joue pour beaucoup dans l’influence que l’innovation exerce sur la société, et elle doit donc être prise en compte dans l’élaboration des politiques qui touchent à la prochaine révolution de la production. On pense souvent, à tort, que la résistance à la technologie tient principalement au fait que le public méconnaît les avantages véritables de certaines technologies ou de l’innovation en général. La recherche en sciences sociales montre que cette résistance serait davantage due à des conflits de valeurs, à des préoccupations quant à la répartition des avantages attendus et à un manque de confiance dans les institutions de gouvernance, telles que les autorités de réglementation et les organismes techniques consultatifs. En règle générale, les pays et les innovateurs devraient, dans toute la mesure du possible, tenir compte des préoccupations et des objectifs sociaux dès le début du processus de développement. Cette exigence n’est guère facile à respecter, mais de bonnes pratiques apparaissent, qui peuvent montrer la voie à suivre. Elles consistent notamment à intégrer les flux de financement des travaux en sciences sociales et humaines, avec les sciences naturelles et physique, en utilisant des formes participatives de prospective et d’évaluation de la technologie pour dessiner les perspectives souhaitables, et en engageant les parties prenantes à des processus de communication clairement liés à l’action publique.Tout cela contribuera à instaurer la confiance et la crédibilité des systèmes d’innovation.

  • La prospective peut constituer un instrument utile face aux opportunités et aux défis de la prochaine révolution de la production. Comme le montrent les différentes études de cas présentées dans ce chapitre, elle facilite le débat et la réflexion systémique sur des scénarios d’avenir multiples et contribue à modeler le futur par la participation et l’engagement. De nature participative, elle mobilise les principaux acteurs et les invite à formuler des avis communs sur l’avenir, à débattre de leurs futurs objectifs et intérêts et à s’entendre sur des actions en accord avec leur vision collective. La prochaine révolution de la production exige des mesures rapides et proactives et une meilleure coordination entre les différents domaines d’action des politiques publiques. La prospective peut aider les responsables politiques en fournissant les fondements de politiques efficaces, en plaçant les enjeux de l’action publique dans un cadre nouveau et en traduisant les préoccupations à long terme en priorités communes. En outre, on peut avancer que la mise en œuvre des politiques est d’autant plus rapide et plus efficace que les principales parties prenantes sont associées précocement à leur élaboration. Cependant, la prospective est loin d’aboutir automatiquement à des résultats positifs : ce chapitre examine huit facteurs déterminants pour en tirer profit. En dernier ressort, face aux recommandations qui leur sont adressées, les responsables politiques doivent être prêts à agir.

  • Le présent chapitre propose une vue d’ensemble des tendances qui voient le jour, dans le domaine de la recherche-développement (R-D) industrielle, en relation avec la prochaine révolution de la production. Il s’appuie sur un travail d’analyse réalisé sur le document des politiques publiques nationales, des exercices de prospective et des stratégies de recherche de différents pays de l’OCDE ainsi que d’autres grandes économies. De ce tour d’horizon, il ressort que la convergence (des disciplines de recherche, des technologies et des systèmes), le changement d’échelle (des technologies émergentes) et la capture de la valeur économique nationale (de l’innovation industrielle) sont des thèmes qui attirent une attention croissante des pouvoirs publics. Ce qui a permis d’élargir le périmètre et des programmes de recherche industrielle et à la mission dévolue aux établissements de recherche et d’innovation, au-delà de la recherche fondamentale. Pour les mêmes raisons, les principaux acteurs des systèmes d’innovation resserrent leurs liens et se dotent d’infrastructures nouvelles (outils, technologies génériques et installations) à l’appui de la convergence et du changement d’échelle. Des études de cas portant sur un certain nombre d’initiatives choisies viendront rendre compte de la diversité des lignes d’action adoptées par les pays mais également des contextes nationaux. Ce chapitre veut tout à la fois éclairer et stimuler le débat sur la manière dontil convient de concevoir et gérer les institutions et programmes de recherche industrielle pour servir à la prochaine révolution de la production.

  • Au cours des années 2000, les effectifs du secteur manufacturier aux États-Unis ont été réduits d’un tiers, 64 000 usines ont fermé, l’investissement et la production du secteur ont reculé, et la croissance de la productivité a chuté. Le pays n’avait cessé de transférer sa production à l’étranger, et des études indiquaient que la baisse de la capacité de production nuisait à la capacité d’innovation, considérée depuis longtemps comme le principal atout économique national. Le présent chapitre examine l’origine des mesures prises par les pouvoirs publics face à ce dilemme, que l’on est convenu d’appeler « fabrication avancée ». Le chapitre retrace comment les concepts fondamentaux ont été élaborés au fil des rapports et comment un nouveau système d’innovation a été mis au point afin de renforcer le système de production. Il se penche sur le nouveau mécanisme central d’action publique – les instituts d’innovation industrielle, modèle collaboratif public-privé complexe d’élaboration de techniques et de procédés de production combiné à la formation de la main-d’œuvre. Enfin, il analyse le fonctionnement de ces nouveaux instituts, les enseignements tirés de leurs débuts et les améliorations qui pourraient permettre d’étendre leur influence. Ces nouvelles approches – qui forment un programme d’innovationindustrielle avancée – pourraient, si elles étaient mises en œuvre, contribuer au renforcement du secteur manufacturier aux États-Unis. Elles pourraient également aider à atténuer les graves perturbations sociales qu’entraîne le déclin de ces activités.

  • La République populaire de Chine (ci-après « la Chine ») est le premier contributeur à la valeur ajoutée manufacturière mondiale. Ces dernières années, de nombreuses entreprises chinoises ont considérablement progressé dans la création et l’utilisation de nouvelles technologies de production. Ainsi, la Chine est aujourd’hui le premier utilisateur mondial de robots industriels. Ces progrès sont allés de pair avec un ensemble d’initiatives majeures et d’investissements publics, dont l’un des objectifs primordiaux est d’accroître l’utilisation des technologies numériques dans le secteur de la fabrication. Le but que s’est fixé la Chine – accroître l’intensité de connaissance de sa production – va élargir l’éventail des marchés sur lesquels elle peut affronter la concurrence. Il n’en reste pas moins que la modernisation du secteur manufacturier chinois constitue un défi complexe. Les capacités technologiques demeurent très inégales entre les entreprises. L’enjeu n’est pas seulement d’accroître les investissements publics dans la science et l’innovation, mais aussi de commercialiser la recherche, d’améliorer les infrastructures, de favoriser un fonctionnement plus efficient des marchés et d’encourager l’innovation dans le secteur privé. Les pouvoirs publics doivent en outre faire face à toute une série de bouleversements connexes tels que les perturbations du marché du travail, l’importancecroissante de la cybersécurité et la nécessité de mieux coordonner les actions publiques.