• En Amérique latine, les mécanismes de protection sociale continuent de couvrir une faible proportion des travailleurs, nettement inférieure à 50 %. Cette situation tient à la structure duale des marchés du travail dans la région : le travail informel reste substantiel et la majorité des travailleurs de ce secteur cotisent de façon irrégulière, si tant est qu’ils cotisent. Le nombre de travailleurs informels dans les couches moyennes latino-américaines est élevé. Les dispositifs de protection sociale ne parviennent même pas à atteindre la moitié des travailleurs de cette catégorie, dont beaucoup se retrouvent sans protection suffisante de l’emploi ni accès aux filets de protection sociale. Les pouvoirs publics doivent s’attaquer de toute urgence à ce problème car, avec un faible niveau d’affiliation et des cotisations irrégulières, les individus courent un grand risque de descendre sur l’échelle sociale s’ils tombent malades, perdent leur emploi ou partent à la retraite. En Amérique latine, trois caractéristiques fondamentales de la situation économique doivent orienter une réforme pragmatique de la protection sociale : un niveau élevé de travail informel, une population encore jeune, et des ressources budgétaires limitées. Pour aider les décideurs à concevoir des mesures adaptées, ce chapitre évalue les différentes réformes des pensions, notamment les mesures ex post (c’est-à-dire après départ à la retraite, comme les pensions sociales) et les mesures ex ante (c’est-à-dire durant la vie active, en particulier les régimes coordonnés à cotisations déterminées).

  • L’éducation constitue un puissant outil pour encourager la mobilité sociale ascendante. Les opportunités sont inégalement réparties en Amérique latine. Par conséquent, l’accès aux services éducatifs, aussi bien en termes quantitatifs que qualitatifs, est faible pour les couches moyennes de la région, et le niveau d’instruction des enfants issus de ces milieux semble également atteindre un pic autour de l’achèvement d’une scolarité secondaire. Ce chapitre se penche sur un ensemble de recommandations destinées à promouvoir la mobilité sociale intergénérationnelle : investir dans le développement de la petite enfance ; accroître la qualité de l’enseignement public via des mesures telles qu’une meilleure administration des établissements, un système d’évaluation moderne et un régime d’incitations plus efficace à l’intention des enseignants ; financer l’enseignement supérieur par des aides et des prêts ; mettre en place des politiques de redistribution et un soutien du revenu ; et instaurer des politiques visant à augmenter la mixité sociale à l’école.

  • Le présent chapitre analyse les liens entre les couches moyennes et la politique budgétaire. En Amérique latine, les couches moyennes sont très favorables à la démocratie, mais elles critiquent son mode de fonctionnement, essentiellement parce qu’elles sont mécontentes de la qualité des services publics de l’État. De plus, la fiscalité et les transferts ne produisent pas un effet net très marqué pour les familles des couches moyennes, lesquelles bénéficient surtout des services en nature tels que l’éducation et la santé. Si ces services sont de piètre qualité, les couches moyennes risquent de se considérer comme les perdantes de la négociation budgétaire et seront moins enclines à contribuer au financement du secteur public. Pour renforcer le contrat social, en particulier avec les couches moyennes, l’État doit améliorer la qualité des services publics et réformer la fiscalité afin d’accroître la transparence et l’efficacité de son administration.