• L’un des principaux objectifs du présent Manuel est de présenter une méthode intégrée et cohérente de la mesure du capital, englobant les différentes mesures des stocks (bruts, nets et productifs) ainsi que les mesures pertinentes des flux économiques (investissement, amortissement et services du capital).

  • La principale relation économique entre la perspective du revenu et celle de la production est la valeur actualisée nette : sur un marché qui fonctionne, la valeur de stock d’un actif est égale au flux actualisé des avantages futurs attendus de cet actif, comme on le sait au moins depuis Walras (1874) et Böhm-Bawerk (1891). Par avantages, on entend ici le revenu ou la valeur des services du capital qu’engendre l’actif en question.

  • À ce stade, nous n’avons envisagé que le cas où il existe un seul actif, ce qui est irréaliste car, dans la pratique, les seules données qui existent concernent des classes et cohortes d’actifs. Une classe d’actifs est un groupe d’actifs similaires défini, par exemple, selon une nomenclature de produits. Une cohorte d’actifs existe lorsqu’un investissement dans un grand nombre d’unités d’un même actif est réalisé au cours d’un exercice comptable donné. Même si plusieurs actifs identiques sont achetés en même temps, il est peu probable qu’ils soient tous déclassés au même moment.

  • L’amortissement désigne la perte de valeur d’un actif ou d’une classe d’actifs à mesure du processus de vieillissement. L’amortissement est un concept de flux et, à ce titre, partage avec les autres flux appréhendés par les comptes nationaux plusieurs caractéristiques clés, telles que les principes d’évaluation. Du point de vue économique, la description qui convient le mieux à l’amortissement est qu’il est une somme que l’on déduit du revenu afin de tenir compte de la perte de valeur du capital due à l’utilisation des biens d’équipement dans le cadre de la production3. La définition en tant que valeur consommée dans le cadre de la production explique aussi le fait que l’expression « consommation de capital fixe » (CCF) a été employée comme synonyme de l’amortissement dans le SCN 1993. De même, les comptes nationaux des États-Unis emploient le terme « consommation de capital ».

  • Le stock des actifs issus d’années antérieures et corrigés de l’amortissement est le stock net de capital ou de patrimoine. Ce stock net est évalué comme si un bien d’équipement (neuf ou d’occasion) avait été acquis à la date de clôture d’un bilan. Le stock net est conçu de manière à afficher la richesse du propriétaire d’un actif à un instant précis. C’est pourquoi la notion de stock de « patrimoine », qui semble plus parlante que celle de stock « net » parce qu’il existe d’autres types de mesures nettes du capital, telles que le stock de capital productif, est nette des pertes d’efficacité des biens d’équipement dues à leur vieillissement. Le stock net est ce qui apparaît au bilan des acteurs institutionnels.

  • Le stock d’un type d’actifs donné résultant d’exercices antérieurs et corrigé de la diminution de son efficacité productive est le stock de capital productif.9 Ainsi, les stocks productifs sont directement liés à la quantité de capital et à sa dimension productive. Les stocks de capital productif sont une étape intermédiaire de la mesure des services du capital. On suppose que le flux des services du capital, c’est-àdire l’apport réel de capital dans la production, est proportionnel au stock productif d’une classe d’actifs donnée. Si le facteur de proportionnalité est constant, le taux de variation des services du capital sera égal au taux de variation du stock de capital productif10. Le même taux de variation constitue la composante des volumes lorsqu’on ventile la variation de la valeur totale des services du capital aux prix courants entre ses composantes prix et volume. On peut également considérer le stock productif d’un type d’actif donné comme le volume actuel et futur des services du capital qui est incorporé dans ces actifs. La notion de stock productif n’a de sens que quand on éclate un type d’actif donné entre ses composantes. Une fois que le stock productif de chaque actif est combiné avec le prix des services correspondants qui sont tirés du capital (par unité de stock productif), la valeur que l’on obtient représente le flux des services du capital. C’est cette variable qui est pertinente pour l’agrégation entre les divers types d’actifs

  • Dans un processus de production, le travail, le capital et les facteurs intermédiaires sont combinés pour aboutir à un résultat. Sur le plan conceptuel, de nombreuses facettes du facteur capital présentent une analogie directe avec le facteur travail. Les biens d’équipement sont considérés comme des vecteurs des services du capital constituant l’apport effectif dans le processus de production. Les services du capital sont donc la mesure appropriée du facteur capital aux fins de l’analyse de la productivité et de la production. Or les comptes nationaux ne fournissent actuellement aucun indicateur de la valeur, du prix ou du volume des services du capital.