• La plupart, mais non la totalité, des mesures de stock et de flux abordées dans ce Manuel concerne des objets non financiers « produits » (actifs fixes et stocks) qui sont inclus dans la formation brute de capital telle qu’elle est définie dans les comptes nationaux. Les actifs non financiers produits sont soit issus du processus de production, soit importés.

  • La méthode de l’inventaire perpétuel (MIP) est celle qui est employée le plus fréquemment pour la mesure des stocks et des flux d’actifs fixes. Elle repose sur l’idée simple selon laquelle les stocks sont des flux cumulés d’investissement corrigés de leur perte d’efficacité et des déclassements. Le graphique cidessous décrit le schéma de base de son application.

  • La fonction ancienneté-efficacité d’un actif décrit l’évolution de son efficacité productive à mesure qu’il vieillit. La forme spécifique de la fonction ancienneté-efficacité relève de l’analyse économétrique pour laquelle on manque d’éléments de preuve solides, si bien qu’on leur substitue souvent des hypothèses plausibles. La fonction ancienneté-efficacité d’un actif reflète les pertes d’efficacité dues à son usure et à certains effets sur sa durée de vie utile. Par exemple, si la durée de vie utile d’un actif est raccourcie par son obsolescence -- par exemple parce que l’augmentation du prix de l’énergie sur longue période ou la dérive des salaires réels fait qu’il n’est pas rentable d’utiliser cet actif au-delà d’un certain nombre d’années -- sa durée de vie utile maximale, qui est un paramètre de la fonction ancienneté-efficacité, peut s’en trouver affectée. L’obsolescence pourrait imposer le déclassement d’un actif, ce qui signifie que la fonction ancienneté-efficacité est inchangée jusqu’à la date du déclassement, à laquelle elle tombe à zéro.

  • Dans le présent document, la consommation de capital fixe, ou amortissement, est définie comme la perte de valeur d’un actif due à sa détérioration physique (usure) et à l’obsolescence normale. L’amortissement est un concept de valeur qu’il y a lieu de distinguer des concepts de quantité tels que la fonction ancienneté-efficacité qui appréhende les pertes d’efficacité productive d’un actif. Il existe plusieurs moyens de déterminer les paramètres d’amortissement, à savoir...

  • La précision des estimations du stock de capital découlant de la MIP dépend de façon cruciale de la durée de vie utile des actifs, c’est-à-dire de la durée pendant laquelle un actif fait partie du stock de capital, qu’il appartienne à l’acheteur initial de cet actif ou à un autre utilisateur qui l’a acheté d’occasion. On remarquera qu’ici la durée de vie utile d’un actif est comprise dans son acception économique26, et non physique ou technique. Cette précision a son importance parce qu’elle implique que la durée de vie des actifs peut évoluer au fil du temps en raison de simples considérations économiques, et ce même s’ils n’ont subi aucune modification physique. En fait, la durée de vie économique est l’une des manifestations de l’obsolescence : la décision de mettre un actif au rebut est motivée par l’apparition d’un nouvel actif, éventuellement plus productif et/ou moins cher, qui rend obsolète le modèle précédent.

  • Quelle que soit la manière dont on applique les mesures des services du capital et des stocks de capital, les données sur les investissements sont cruciales. Ces données doivent être ventilées par type d’actifs et en fonction de l’activité économique. Cette décomposition, qui doit être aussi détaillée que les données le permettent, doit distinguer en particulier les biens d’équipement dont le prix d’achat suit une tendance différente. De même, la ventilation par branche est importante si l’on croit que la composition par actif varie fortement d’une branche à l’autre et/ou que des branches différentes doivent satisfaire à des taux de rentabilité exigée et appliquent des taux d’amortissement différents et qu’elles ne paient pas leurs biens d’équipement au même prix.

  • A ce stade, on doit disposer des éléments suivants : un profil ancienneté-prix et âge-efficience pour des cohortes de types d’actifs particuliers, un profil d’amortissement résultant d’une transformation directe du profil ancienneté-prix et des séries chronologiques de formation brute de capital fixe en prix constants ainsi que les déflateurs correspondants. A l’aide de ces éléments, il est relativement facile de calculer le stock net de capital, la valeur de l'amortissement, le stock de capital productif et le stock de capital brut. Mais nous avons jusqu’à présent négligé un point pratique : la fréquence des calculs. Dans l’essentiel de l’analyse qui précède, nous avons fait référence à « une période » ou à « un an », ce qui sous-entend que la périodicité annuelle a servi de base implicite à la présentation des données. De fait, ce rythme annuel représente la fréquence type des mesures du stock de capital retenue par les bureaux nationaux de statistique. Bien sûr, il existe une comptabilité nationale trimestrielle, dont l’importance n’a fait que croître ces dernières années. Même si les bilans économiques sont établis une fois par an, des mesures des flux, telles que les amortissements, doivent avoir leur place dans les comptes trimestriels et leur calcul dépend des mesures du stock de capital. En outre, un aspect central de la mesure des services du capital réside dans la possibilité d’une ventilation complète de la partie recettes des comptes nationaux en mesures de prix et de volumes et la ventilation prix-volumes à un rythme trimestriel doit constituer au moins un objectif à moyen terme. En principe, il est possible – et théoriquement suffisant – de présenter un modèle de calcul trimestriel, ainsi que les formules appropriées de dérivation des données annuelles à partir des variables trimestrielles. Dans de nombreux pays, cette méthode risque toutefois d'être irréalisable pour des raisons de disponibilité des données. Aux fins du présent Manuel, nous ne aventurerons pas dans une présentation des mesures trimestrielles et seulement de brèves références seront faites ci-après aux calculs dont la fréquence est inférieure à un an. Sauf indication contraire, les périodes mentionnées seront réputées correspondre à une année.

  • Dans la première partie du présent Manuel (voir section 8.3), on a étudié les fondements conceptuels du calcul des taux de rendement. Deux approches principales (ex post, taux endogènes et ex ante, taux exogènes) sont présentées dans les ouvrages techniques et présentent chacune des avantages et des inconvénients. Cette section fournira davantage de détails sur les trois moyens de calculer les taux de rendement.

  • A ce stade, l’essentiel de l’analyse s’est concentré sur un type unique d’actif. De nombreux concepts sont effectivement mieux véhiculés de cette manière, mais l’agrégation joue un rôle important dans la traduction chiffrée des concepts de stock de capital productif, de services du capital, de stock de capital net et de composition du capital.

  • Dans sa classification des actifs, le SCN établit une distinction entre les logements et les autres bâtiments et immeubles dans la catégorie des actifs produits et les terrains en tant qu'actifs non produits. Les autres bâtiments et immeubles sont à leur tour répartis entre bâtiments à usage non résidentiel, autres bâtiments et amélioration des terrains. Bien que les terrains constituent un actif non produit, ils sont largement reconnus par les chercheurs en économie comme un facteur de production, et donc comme un actif engendrant un flux de services du capital dans la production.