Résumé

L’économie a été durement touchée par la pandémie, mais le processus de rattrapage du revenu par habitant s’est poursuivi. Les mesures d’endiguement et les restrictions initiales ont été levées au milieu de l’année 2021, mais l’envolée consécutive du nombre de cas de contamination à la suite d’une vaccination lente a débouché sur un état d’urgence de trois mois et une brève suspension d’activités économiques, ralentissant le rythme de la croissance récente. Les aides budgétaires ciblées sont prudemment maintenues, tandis que des restrictions liées à la pandémie sont toujours appliquées. L’augmentation du taux de vaccination devrait réduire la nécessité de ces restrictions.

La reprise devrait s’accélérer (Tableau 1). Au printemps 2021, l’économie avait retrouvé son niveau de production de la fin de 2019. Le rebond de la croissance est généralisé, tiré par le rattrapage de la demande de consommation, l’investissement public financé par l’Union européenne (UE) et les exportations. L’inflation s’est également nettement redressée en raison de l’envolée des prix de l’énergie, d’autres chocs d’offre au niveau mondial et des hausses de salaires observées dans le pays.

Néanmoins, les risques qui entourent la croissance sont orientés de manière prédominante à la baisse, les plus importants étant liés à la pandémie ainsi qu’aux tensions géopolitiques et commerciales mondiales. En outre, d’autres chocs d’offre négatifs pourraient se traduire par la persistance d’une inflation élevée au-delà du court terme.

Le gouvernement entend à juste titre alléger le fardeau que fait peser la pandémie sur les ménages et les entreprises vulnérables. Néanmoins, compte tenu de la poursuite d’une politique monétaire expansionniste dans la zone euro et de l’afflux de financements de l’UE, il est crucial que la politique budgétaire menée à court terme n’accentue pas les risques de surchauffe. En outre, étant donné la multitude d’objectifs exigeant des ressources budgétaires, une stratégie budgétaire crédible est nécessaire pour préparer la Lettonie aux défis liés au vieillissement démographique et au climat, et pour stabiliser la dette à un niveau viable.

La démographie est le principal facteur qui influe sur les perspectives de croissance à moyen terme. La population diminue depuis trois décennies (Graphique 1), en raison d’un solde migratoire négatif, d’une fécondité faible et d’une espérance de vie courte (quoiqu’en augmentation). À l’avenir, la poursuite de la réduction de la population entraînera de nouvelles pertes dans les bénéfices de l’agglomération et accentuera les problèmes budgétaires, dans un contexte de dégradation du taux de dépendance des personnes âgées et de distribution déjà relativement inégale des revenus et des patrimoines. Elle pèsera également sur le marché du travail, compte tenu de la diminution et du vieillissement de la population active.

Malgré l’amélioration tendancielle des taux d’activité et d’emploi, la situation du marché du travail pourrait être encore améliorée. L’ampleur de l’économie informelle et la sous-déclaration des salaires se traduisent par des pertes de possibilités de formation, de droits à pension et de recettes fiscales. Le gouvernement est en train de préparer un plan d’action pour lutter contre l’économie informelle, qui comprend des mesures bienvenues de renforcement de l’application des lois ; il faudrait aussi réduire les coins fiscaux. La part du chômage de longue durée dans le chômage total est supérieure à la moyenne des pays de l’OCDE. Il faudrait y remédier en accroissant les dépenses actives pour l’emploi, notamment les dépenses consacrées à des formations professionnelles d’une durée raisonnable (Graphique 2). Les autorités doivent continuer de s’attacher à remédier aux stéréotypes sexistes et à faire appliquer les dispositions législatives contre la discrimination, pour réduire l’écart de rémunération grandissant entre hommes et femmes, qui figure parmi les plus élevés de l’UE.

Le système d’impôts et de transferts pourrait contribuer davantage à atténuer les inégalités de revenu et de patrimoine. Les efforts déployés récemment pour lutter contre la pauvreté, qui est particulièrement forte parmi les personnes âgées, devraient être renforcés. De même, le système de protection sociale reste minimal, ce qui laisse à penser qu’il faudrait rehausser le revenu minimum garanti.

Des modifications concernant les retraites, les soins de santé et le secteur du logement pourraient sensiblement améliorer les conditions de vie. La pauvreté, conjuguée au vieillissement et à la diminution de la population, rend la situation particulièrement problématique dans ces domaines de l’action publique.

Les taux de remplacement assurés par les pensions de vieillesse sont modestes et, en vertu des règles actuelles, ils diminueront dans l’avenir. Les autorités doivent prendre des mesures complémentaires pour améliorer l’adéquation des retraites en encourageant les individus à allonger leur vie active, notamment en relevant l’âge de la retraite parallèlement à l’allongement de l’espérance de vie dans l’avenir.

La faiblesse de l’espérance de vie souligne la nécessité d’accroître les dépenses de santé (Graphique 3). Les dépenses de santé par habitant de la Lettonie sont inférieures de moitié environ à la moyenne de l’OCDE. En conséquence, la satisfaction des besoins médicaux repose dans une large mesure sur des paiements directs des ménages. À cet égard, il serait utile d’élargir la couverture du système public d’assurance et d’abaisser le plafond du reste à charge des patients. Il faudrait atténuer le manque de praticiens en continuant d’augmenter leurs salaires et en rendant les carrières médicales plus attractives.

L’efficience du réseau hospitalier devrait être réexaminée, et davantage de ressources devraient être affectées à la prévention, aux soins primaires et à domicile, à la prise en charge des troubles mentaux et aux soins de longue durée, qui sont tous insuffisamment financés. Recourir davantage au numérique et former le personnel infirmier pour qu’il puisse assumer de plus nombreuses fonctions contribueraient à améliorer la qualité des soins.

L’état de santé de la population laisse à désirer en raison d’une consommation excessive d’alcool, du tabagisme et de régimes alimentaires inadaptés. Pour promouvoir des modes de vie plus sains, il est crucial de relever certains droits d’accises et de mieux informer les citoyens sur les effets bénéfiques qu’auraient une modification de leurs habitudes alimentaires et une pratique accrue d’exercices physiques. Un étiquetage de mise en garde sur les produits alimentaires mauvais pour la santé serait également utile à cet égard.

Les personnes défavorisées pâtissent de mauvaises conditions de logement, notamment parce qu’elles vivent dans des habitations surpeuplées. Mesuré en proportion du PIB, l’investissement dans l’immobilier résidentiel, en particulier dans la construction de logements neufs, est le plus bas de la zone OCDE depuis de nombreuses années. Les allocations de logement sont modestes et leur répartition laisse à désirer. Les marchés du logement locatif sont étroits, et caractérisés par un parc de logements sociaux très limité, ce qui réduit la mobilité de la main-d’œuvre et l’attractivité de la Lettonie pour les investisseurs étrangers potentiels. Il est donc crucial de réaliser les objectifs du Plan de développement national en matière de logement, notamment en étoffant l’offre de logements sociaux et abordables et en améliorant les systèmes de chauffage des habitations.

Malgré certains progrès, les pouvoirs publics devraient s’employer plus énergiquement à rendre la croissance économique verte et durable. Les émissions de gaz à effet de serre (GES) par habitant continuent d’augmenter, et la pollution de l’air par les particules fines pèse lourdement sur l’état de santé de la population.

La Lettonie s’est engagée à réduire ses émissions de GES de 65 % par rapport à leur niveau de 1990 d’ici à 2030. Cela ne va cependant guère au-delà d’une compensation des augmentations postérieures à l’an 2000. De ce point de vue, réduire et supprimer à terme le régime d’imposition favorable du gaz naturel et du gazole automobile (tout en protégeant les pauvres contre les effets de ces mesures) apporteraient une pierre à l’édifice. Les pouvoirs publics devront aussi s’efforcer d’accroître la part des énergies renouvelables et d’intégrer les marchés régionaux de l’électricité et du gaz.

La pollution de l’air est essentiellement due à la mauvaise qualité des systèmes de chauffage et des chaudières industrielles. Un durcissement des règles applicables à ces équipements s’impose donc. Les activités agricoles constituent la principale source de pollution diffuse de l’eau, les engrais ayant des effets négatifs sur la qualité de l’eau. Il faudrait remédier au problème de la persistance d’eaux usées non traitées en fusionnant les compagnies régionales des eaux. Enfin, la diminution de la population offre la possibilité d’accroître la proportion du territoire couverte par des zones protégées.

Les pressions démographiques et le ralentissement du processus de convergence des revenus soulignent la nécessité de s’appuyer davantage sur l’investissement, l’innovation et les compétences en vue d’accélérer la croissance de la productivité.

Des progrès ont été réalisés en matière de lutte contre la corruption et le blanchiment de capitaux, ce qui devrait favoriser une augmentation de l’investissement. Néanmoins, la confiance dans les pouvoirs publics est faible et les pots-de-vin sont toujours considérés comme courants. Cela dit, l’organisme public compétent s’est vu accorder des ressources supplémentaires considérables, et le Comité d’experts sur l’évaluation des mesures de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme (MONEYVAL) a jugé que les dispositifs de la Lettonie étaient conformes ou en grande partie conformes dans toutes les dimensions examinées. Le plan d’action destiné à faire reculer l’économie souterraine que s’apprête à adopter le gouvernement doit aussi être effectivement mis en œuvre.

L’investissement est entravé par une offre de crédit insuffisante. Bien que les grandes banques soient bien portantes, les conditions de crédit sont restrictives. De nombreux ménages sont confrontés à des contraintes de crédit, et l’accès aux financements – ainsi que leur coût et les garanties exigées – constitue un obstacle de taille à l’investissement des entreprises. Les autorités doivent approfondir les marchés financiers, créer une culture de l’investissement, en commençant par améliorer les connaissances financières, et transposer pleinement la directive de l’UE sur la restructuration et l’insolvabilité, notamment en simplifiant les procédures de restructuration de dettes de sociétés par le biais de procédures extrajudiciaires et hybrides. Il serait également utile que les établissements non bancaires, notamment les entreprises de technologie financière (FinTech), jouent un plus grand rôle.

Mettre l’accent sur les exportations est la meilleure stratégie de croissance que puisse adopter la Lettonie, compte tenu de ses perspectives démographiques. Or, ses résultats à l’exportation ont été relativement faibles au cours des dernières décennies (Graphique 4). Cela tient peut-être à la structure sectorielle de l’économie lettone, qui reste dominée par des entreprises de faible et de moyenne-faible technologie, ainsi qu’à l’augmentation persistante des coûts de main-d’œuvre réels. Le gouvernement devrait s’employer à promouvoir les exportations lettones de produits plus complexes en favorisant l’innovation, en renforçant les compétences des travailleurs et en améliorant l’environnement des entreprises.

L’insuffisance des compétences numériques de base et les taux élevés d’abandon des études dans l’enseignement supérieur laissent entrevoir un déficit de compétences de la main-d’œuvre. Cela vaut également pour le manque de possibilités de formation assurée par l’employeur et de formation des adultes de manière plus générale. Les jeunes sont trop peu nombreux à poursuivre des études dans le domaine des sciences, des technologies, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM). Pour y remédier, on pourrait notamment laisser davantage de latitude aux établissements d’enseignement en matière de rémunération de leurs effectifs afin qu’ils puissent recruter des enseignants de qualité, accorder des aides financières plus importantes aux étudiants du supérieur, et mettre en place un fonds pour la formation fondé sur un dialogue social tripartite.

Il est tout aussi important d’améliorer le système d’innovation. Les conditions-cadre de l’innovation laissent à désirer : l’adoption des technologies numériques par le secteur privé est limitée, la qualité des établissements d’enseignement supérieur est médiocre, les titulaires de doctorat sont rares, et les dépenses de recherche-développement (R-D) mesurées en proportion du PIB sont faibles, notamment celles des entreprises. Depuis la réforme de 2018 de l’impôt sur les sociétés, le régime d’imposition des activités de R-D est le même que celui appliqué à n’importe quel autre investissement ; il conviendrait de réexaminer ce régime compte tenu de la faiblesse persistante de la R-D. La Lettonie devrait également permettre à ses chercheurs universitaires de récolter une partie des fruits de leurs inventions.

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