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En douceur vers de meilleurs choix d’intégrité

Écrit par : Gabriella Elanbeck, L'Observateur de l'OCDE
Dernière mise à jour : 2 mars 2020

OCDE

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La plupart des individus croient certainement prendre leurs décisions en toute intégrité. Pourtant, un certain nombre d’éléments probants sur les comportements révèlent qu’il n’en est rien. Nous avons rarement conscience de dévier des normes éthiques car justifications et autres jugements partiaux modifient notre perception de ce qui constitue un manquement à l’intégrité.

Les dirigeants élaborent généralement des politiques de lutte contre la corruption fondées sur l’idée que les décisions humaines sont rationnelles et que, par exemple, elles visent une fin plus noble que des réalités tristement prosaïques. Mais une meilleure approche consisterait à intégrer la nature faillible ou irrationnelle de l’homme à l’élaboration des politiques publiques.

Si les modèles décisionnels rationnels conduisent à une action des pouvoirs publics qui favorise le contrôle et les sanctions, les politiques fondées sur l’approche comportementale visent à inciter en douceur à une réflexion morale chez l’individu et à une dynamique collective pour susciter de meilleurs choix comportementaux et éthiques. Le Secrétariat à la Fonction Publique du Mexique, en coopération avec le Centre de Recherches et d’Enseignements économiques (CIDE), s’est ainsi livré à une expérience. Il a envoyé différents types de courriels, rappelant aux fonctionnaires de déclarer les cadeaux dont ils avaient bénéficié. Résultat : le nombre de cadeaux déclarés pendant la période de Noël, comparé à celui des années précédentes et au groupe de contrôle n’ayant pas reçu de messages, a augmenté. Cependant, les messages qui rappelaient leurs obligations juridiques aux agents publics et en appelaient à leur impartialité et à leur honnêteté se sont révélés plus efficaces que ceux qui évoquaient des sanctions ou les déclarations d’autres agents.

L’approche comportementale peut également mettre en lumière les problèmes qui relèvent du partage de la responsabilité au sein d’un système d’intégrité. Quand la responsabilité est largement divisée, chacun se sent moins fautif en cas de faute collective : on est moins coupable à plusieurs ! Par exemple, un individu qui passe un test tout en sachant que tous les autres candidats s’entraident se trouvera désavantagé s’il ne triche pas. Il peut alors penser qu’il n’a pas vraiment le choix. Il faut identifier de telles situations et y mettre un terme en intervenant de l’extérieur et en faisant appliquer strictement les règles.

De tout temps, l’élaboration des politiques publiques a ignoré les comportements naturels, en d’autres termes pas toujours rationnels, de l’humain. Or, les éclairages comportementaux pourraient nous donner le coup de pouce nécessaire pour mettre les politiques d’intégrité et de lutte contre la corruption sur la bonne voie et les rendre non seulement plus efficaces, mais aussi plus humaines.

©L’Observateur de l’OCDE, T3 2018

Références

OCDE (2018), Behavioural Insights for Public Integrity: Harnessing the Human Factor to Counter Corruption, Examens de l’OCDE sur la gouvernance publique, Éditions OCDE, Paris, En douceur vers de meilleurs choix d’intégrité https://doi.org/

ttps://www.oecd-ilibrary.org/fr/governance/behavioural-insights-for-public-integrity_9789264297067-en ttps://www.oecd-ilibrary.org/fr/governance/behavioural-insights-for-public-integrity_9789264297067-en

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