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  • La plupart des citoyens des pays de l’OCDE sont préoccupés par les inégalités élevées et croissantes et par le manque d’égalité des chances. En effet, ces dernières décennies, l’écart de revenu entre riches et pauvres s’est creusé et la mobilité sociale a stagné dans un grand nombre de pays de l’OCDE, comme le montrent les analyses approfondies menées ces dernières années par l’OCDE. Les inégalités comptent-elles ? Comment les gens perçoivent les disparités économiques et la mobilité sociale est le sixième rapport d’une série de publications phares de l’OCDE sur les tendances, les origines et les conséquences des inégalités, et les solutions pour y remédier. Les rapports Croissance et inégalités (2008) et Toujours plus d’inégalité (2011) analysaient les principales caractéristiques et causes de la hausse des inégalités. Dans Tous concernés (2015), les données élargies indiquaient que la hausse des inégalités pesait sur la croissance économique en réduisant les perspectives des plus démunis. L’ascenseur social en panne (2018) mettait en lumière les phénomènes de « planchers adhérents » et de « plafonds adhérents » qui limitent la mobilité sociale et les perspectives d’ascension dans les foyers aux revenus faibles et modérés incapables de progresser sur l’échelle de la société. Le rapport le plus récent de cette série, Sous pression : la classe moyenne en perte de vitesse (2019), examinait les trois principaux défis auxquels cette classe est confrontée : l’injustice, l’incertitude et l’accessibilité. Le présent rapport Does Inequality Matter? s’intéresse à la façon dont les individus perçoivent les inégalités et la mobilité sociale, et à la raison pour laquelle le fait de connaître le point de vue des individus permet de mieux concevoir des mesures en faveur de la réduction des inégalités qui portent leurs fruits.

  • Grâce à des données détaillées collectées auprès de plusieurs pays, de plusieurs rapports de l’OCDE ont montré que les inégalités de revenu avaient augmenté dans la plupart des pays de l’OCDE au cours des trente dernières années et que la mobilité sociale avait stagné ou s’était dégradée dans certains pays. Le présent rapport s’intéresse à la façon dont les individus perçoivent les inégalités et la mobilité sociale.

  • Alors que la relance de l’après-COVID‑19 sera l’occasion d’introduire des réformes pour lutter contre les inégalités croissantes, leur mise en œuvre ne pourra avoir lieu sans un large soutien de l’opinion publique. Afin de mieux comprendre les facteurs qui influencent l’adhésion des citoyens, le présent rapport propose une analyse internationale exhaustive de la perception qu’ont les individus des inégalités de revenu et de l’égalité des chances et des préoccupations que cela suscite. Il présente comment les préoccupations à l'égard des inégalités de revenu ont progressé dans les pays de l’OCDE au fil du temps, parallèlement à la hausse des inégalités de revenu mesurée par des indicateurs traditionnels comme ceux dérivés des statistiques sur les ménages. Dans la plupart des pays, une grande majorité de la population considère actuellement que les inégalités de revenu sont trop importantes et que la mobilité intergénérationnelle est trop faible. Toutefois, les mesures en faveur de la réduction des inégalités pourraient ne pas susciter une adhésion suffisante si les individus ne parviennent pas à s’accorder sur des solutions politiques concrètes ou s’ils doutent de leur efficacité. De plus, même lorsque la majorité demande plus d'égalité, une opinion publique fortement divisée rend l’introduction de réformes plus difficile. En effet, le rapport montre que les personnes d’un même pays sont souvent divisées quant à savoir si les inégalités sont trop importantes et, le cas échéant, sur ce que les gouvernements devraient faire pour remédier à la situation. Ce chapitre s'intéresse également à la manière dont les résultats des analyses sur la perception et les préoccupations relatives aux inégalités peuvent éclairer l’élaboration des politiques publiques.

  • Le présent chapitre examine en quoi les perceptions et les préoccupations en matière d’inégalités de salaire et de revenu varient selon les pays et évoluent au fil du temps. Il montre que ces inquiétudes ont fortement augmenté depuis le début des années 1990 et suivent l’évolution des indicateurs traditionnels des inégalités de revenu. Le chapitre différencie ensuite les perceptions qu’ont les individus de l’ampleur actuelle des disparités de leurs préférences à cet égard. Il montre que les disparités perçues en matière de rémunération et de revenu sont plus élevées dans les pays où les inégalités, mesurées par des indicateurs traditionnels, sont plus marquées, ce qui sous-entend donc que les individus tiennent compte, dans leurs perceptions, d’informations au sujet de ces disparités. Les inégalités de salaire perçues ont fortement augmenté au fil du temps. Cependant, les individus ont en partie adapté leurs préférences en matière d'égalité et sont devenus plus tolérants à l’égard des inégalités.Le présent chapitre s’intéresse également à la façon dont les préoccupations au sujet des inégalités de revenu sont influencées par les perceptions relatives à la persistance intergénérationnelle des conditions favorables et défavorables et par l’idée selon laquelle il est important de travailler dur.

  • Le présent chapitre s'intéresse à la façon dont les inégalités réelles et perçues façonnent les préférences en matière de redistribution. Il révèle que la demande de redistribution est étroitement associée aux préoccupations liées aux disparités de revenu et à ce qui les sous-tend, c’est-à-dire aux perceptions et aux préférences relatives aux inégalités économiques. L'évolution des inégalités réelles, mesurées par des indicateurs statistiques traditionnels, est associée à l'évolution de la demande de redistribution, mais uniquement dans la mesure où les préoccupations des individus évoluent dans le même sens. Les effets de l’évolution des inégalités sur la demande de redistribution reflètent à la fois l’évolution du revenu relatif – en devenant plus pauvres, certains deviennent aussi plus favorables à l’intervention des pouvoirs publics – et les préférences des individus quant au niveau global d’inégalités. Bien que liée aux inégalités, la demande de redistribution n'a que faiblement progressé au fil du temps et n'a réagi que modérément à la hausse des préoccupations et des inégalités. Le présent chapitre examine différentes explications possibles, à partir de données d’observation et d’un examen des expériences d'études.

  • Ce chapitre va au-delà des moyennes nationales et observe comment se répartissent les perceptions et les préoccupations des individus à l’égard des inégalités économiques dans différents pays. Dans la plupart d’entre eux, les données font apparaître une profonde division de l’opinion publique, avec des perceptions des inégalités largement dispersées entre des valeurs très basses et très élevées. Une telle dispersion ne peut s’expliquer que partiellement par les différences socio-économiques courantes de revenu, d'éducation, de situation professionnelle, de sexe, d’âge et de taille de ménage. Dans certains cas, la dispersion des perceptions et des préoccupations devient une polarisation entre des groupes ayant des opinions radicalement différentes. La dispersion et la polarisation des disparités perçues et des préoccupations ont fortement progressé au fil du temps. La hausse du niveau des inégalités observées s'accompagne non seulement d’une augmentation des disparités perçues et des préoccupations mais aussi d’une division accrue de l’opinion publique.

  • La mise en œuvre de réformes permettant de s’attaquer aux inégalités économiques profondes qui touchent les résultats et l’égalité des chances nécessite un large soutien des citoyens. Le présent chapitre met en évidence comment mesurer et analyser les perceptions et les préoccupations relatives aux inégalités peut favoriser la conception de politiques plus efficaces. Il montre comment, derrière la forte demande en faveur d’une plus grande égalité économique, se cachent des perceptions et des préoccupations très diverses, entre les pays et à l’échelle nationale, dont les décideurs de l'action publique doivent tenir compte lorsqu’ils élaborent des réformes favorables à la redistribution. Ces perceptions et préoccupations ont des conséquences non négligeables sur la demande d’intervention des pouvoirs publics, mais l’efficacité perçue des mesures est également centrale pour susciter une adhésion citoyenne : les individus ne veulent pas simplement des mesures redistributives, ils veulent voir comment elles réduisent les inégalités et offrent de nouvelles perspectives. Afin de prendre en considération ces réflexions, il est nécessaire de redoubler d’efforts et de collecter des données de qualité et à grande échelle au sujet des perceptions des individus et de leurs préoccupations vis-à-vis des inégalités économiques. Le chapitre conclut par un bref examen des lacunes fondamentales en matière de données qui pourraient être comblées.