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  • Notre planète compte aujourd’hui sept milliards d’habitants. A l’horizon 2050, ce chiffre atteindra les 9 milliards, engendrant une augmentation de la demande de nourriture, d’eau et d’énergie. Dans un monde aux ressources de plus en plus limitées, la résilience des systèmes sociaux et environnementaux est mise à rude épreuve en dépit de la progression de la richesse économique. Seule la mise en oeuvre de politiques en faveur d’une croissance durable et inclusive peut permettre de relever ces défis.

  • Les risques environnementaux qui pèsent à l’heure actuelle sur les pays en développement font qu’il est indispensable de modifier radicalement notre conception de la croissance et du développement. L’exploitation non durable des ressources naturelles, l’insuffisance des disponibilités alimentaires, d’eau douce et d’énergie, la pollution désastreuse de l’air et de l’eau, la pauvreté rurale et les répercussions du changement climatique sont autant de facteurs de risque. Dans les pays en développement, les risques environnementaux sont intensifiés par d’autres problèmes de développement, à savoir les inégalités et la pauvreté, la croissance démographique rapide et l’urbanisation, le manque d’infrastructures de base et l’accès limité aux services, de santé notamment. Face à ces graves problèmes et à leurs coûts élevés pour les économies nationales, les pays en développement commencent à se tourner vers de nouveaux modèles de croissance capables de stimuler le développement et de contribuer à la réduction de la pauvreté et l’amélioration de la qualité de vie à court terme, tout en préservant les actifs naturels et en augmentant le potentiel de croissance économique à long terme. La croissance verte, qui intègre les considérations environnementales et la valeur du capital naturel à la prise de décisions économiques et la planification du développement, en est un. Le choix de la croissance verte peut assurer aux pays en développement un avenir solide, stable et durable.

  • Les pays en développement sont confrontés à de nombreux défis qui appellent un nouveau modèle de croissance permettant d’améliorer la qualité de vie à court terme sans la menacer à long terme. La croissance verte peut les aider à relever ces défis, en s’affranchissant des infrastructures et modes de production/consommation qui gaspillent les ressources, coûtent cher et nuisent à l’environnement. Ce chapitre explique le concept de croissance verte et son rôle pour parvenir à un développement durable. Il passe en revue les positions et préoccupations des pays en développement quant aux conséquences de la croissance verte pour leurs objectifs nationaux de développement et examine les défis politiques, arbitrages et coûts de transition à court terme que pourrait impliquer un « virage au vert ».

  • La croissance rapide de nombreux pays en développement et le renforcement des inégalités ajoutent aux problèmes d’environnement qui menacent le bien-être et risquent de creuser encore les inégalités sociales et de saper la croissance pour les générations futures. Au premier plan de ces problèmes figurent la hausse des taux de pollution de l’air et de l’eau, les modes de consommation non durables de l’eau et des autres ressources naturelles et la vulnérabilité (de même que la contribution) croissante de ces pays au changement climatique mondial. Le présent chapitre décrit les principales caractéristiques de la croissance économique et du développement à l’heure actuelle, y compris les risques environnementaux qui s’y attachent, et passe en revue les nombreux avantages de la croissance verte.

  • Le présent chapitre expose les grandes lignes d’un plan d’action pour planifier, concevoir et mettre en oeuvre des politiques favorisant la croissance verte dans les pays en développement. On y trouve de nombreux exemples concrets d’instruments et mécanismes d’intervention actuellement utilisés avec succès dans ces pays. Les conséquences économiques, environnementales et sociales de ces outils, leur utilisation dans les pays en développement et les enseignements tirés, utiles dans l’optique d’une application à plus grande échelle ou de manière plus large à l’avenir, sont passés en revue. Ces outils sont variés et englobent la réforme des subventions à l’énergie, les paiements pour services écosystémiques, les instruments fiscaux ou encore les normes applicables à la production et à la passation de marchés, les certifications et les réglementations foncières. Ce chapitre examine aussi le type de politiques transversales, notamment en matière d’investissement, d’innovation et de recherche-développement, d’emploi et de développement des compétences et d’adaptation et de résilience face au changement climatique, qui seront essentielles à l’intégration de la croissance verte. Pour conclure, le chapitre passe en revue les mécanismes institutionnels et les ressources nécessaires pour assurer la gouvernance, renforcer les capacités, mettre en oeuvre les politiques en faveur de la croissance verte, mesurer les progrès, assurer l’application des dispositions prises et tirer les enseignements qui se dégagent de l’expérience.

  • La coopération internationale peut créer et fournir aux pays en développement des incitations à mettre en oeuvre des politiques nationales de croissance verte. Le présent chapitre expose les grandes lignes d’un programme d’action international à l’appui d’une telle croissance dans ces pays. Il définit et analyse trois piliers de l’action internationale : 1) financement et investissement verts, favorisés par la coopération internationale pour le développement et la participation du secteur privé ; 2) coopération technologique internationale ; et 3) libre-échange de biens et services écologiques. La réussite dans ces domaines dépend de l’exécution des accords internationaux, du soutien au renforcement des capacités, de la cohérence des politiques, et de partenariats efficaces visant à mettre les connaissances et le savoir-faire en commun. L’appui international peut s’avérer particulièrement important pour aider les pays à gérer les arbitrages à court terme et assurer une transition en douceur vers une croissance verte.

  • Les politiques de promotion d’une croissance verte doivent nécessairement s’appuyer sur des informations et des statistiques pertinentes, lesquelles sont en outre indispensables au suivi des progrès et à l’évaluation des résultats. Ce chapitre décrit le cadre d’évaluation de la croissance verte qui a été établi par l’OCDE, et explique comment l’adapter aux besoins des pays en développement. Ce cadre réunit des statistiques synthétiques et mesurables utiles pour illustrer le caractère intégré de la croissance verte. Celles-ci concernent : la productivité de l’environnement et des ressources de l’économie, la base d’actifs naturels, la qualité environnementale de la vie, les opportunités économiques et les réponses apportées. Certains pays en développement ont déjà entrepris d’élaborer de tels indicateurs et de les appliquer, mais les capacités statistiques devront être renforcées pour qu’ils soient plus nombreux à agir dans ce sens. La communauté internationale a un rôle à jouer dans le cadre de programmes de collaboration, comme PARIS21, qui contribuent au renforcement de la capacité statistique des pays en développement. Le Système de comptabilité économique et environnementale (SCEE), qui propose un cadre commun pour la comptabilité de l’économie et de l’environnement, peut également faciliter la collecte de données statistiques dans ces pays. L’OCDE, en parallèle à d’autres projets internationaux et nationaux, contribue aussi au perfectionnement du cadre de mesure de la croissance verte en comblant les déficits d’information et en améliorant la cohérence des données.

  • La croissance verte est le seul moyen d’assurer un développement durable et de lutter contre la pauvreté dans les pays en développement et à l’échelon planétaire. Ce chapitre vise à répondre aux principales inquiétudes suscitées par la transition vers une croissance verte dans les pays en développement : la croissance verte peut apporter des réponses à la pauvreté, aux problèmes d’équité sociale et aux autres priorités du développement ; les pays en développement ont les moyens de la mettre en oeuvre compte tenu de l’éventail grandissant de financements internationaux dont ils disposent et des possibilités d’assurer la sécurité et la stabilité de la croissance et du développement ; ils peuvent éviter que les pays donneurs ne leur imposent des conditions en faisant le nécessaire pour prendre pleinement en main leurs stratégies et politiques de croissance verte et les adapter à leurs besoins particuliers ; l’exportation de leurs biens et services environnementaux leur offre en outre maintes possibilités de « passer au vert ». De nombreuses initiatives prometteuses sont déjà engagées dans le monde en développement, mais elles n’ont pas encore atteint l’envergure nécessaire pour susciter une véritable mutation. À l’heure où le monde s’apprête à poursuivre des objectifs de développement durable dans le contexte du programme de développement pour l’après-2015, le moment est venu de saisir l’aubaine qu’offre la croissance verte.