Table of Contents

  • La zone euro est parvenue à un niveau élevé de stabilité macroéconomique durant la première décennie de l’Union économique et monétaire. L’un des principaux atouts a été la fin des désordres et des réajustements qui affectaient les taux de change. Toutefois, les turbulences que traversent les marchés de capitaux depuis l’été de 2007 et leur intensification depuis la mi-septembre 2008 ont eu de lourdes conséquences pour l’économie mondiale. Même si le marché américain des prêts hypothécaires à haut risque est la cause immédiate de ces turbulences, les marchés de capitaux et les institutions financières de la zone euro ont pris part au cycle prolongé du crédit observé ces dernières années et ont subi de plein fouet l’aggravation des tensions sur les marchés de capitaux. C’est la première crise financière que connaît la zone euro. Elle a coïncidé au départ avec une très forte hausse des prix de l’énergie et des produits alimentaires ainsi qu’avec une nette appréciation de l’euro, laquelle a atténué l’impact inflationniste, mais a nui à la compétitivité. Aujourd’hui, la priorité pour tous les pays membres est de trouver des solutions à la crise financière et de les mettre en oeuvre rapidement. Face à ces évolutions, il faut éviter les mesures qui anéantiraient les objectifs à plus long terme. La réponse qui s’impose devant la possibilité d’une déstabilisation financière met en cause un grand nombre d’intervenants : les autorités de régulation financière, les instances de surveillance, les banques centrales et les ministères des Finances. Cette Étude rendra compte des évolutions récentes, analysera la politique monétaire et la politique budgétaire, et sera plus spécialement axée sur l’ensemble des problèmes qui se rattachent aux marchés de capitaux. L’examen macroéconomique porte sur la zone euro, alors qu’un grand nombre d’aspects de la réglementation financière relèvent des compétences nationales et des compétences de l’Union européenne dans le cadre du marché unique européen. Les autres questions structurelles se rapportant à la croissance seront traitées de façon plus approfondie dans l’Étude économique 2009 de l’Union européenne. 

  • La croissance économique de la zone euro a commencé de se ralentir au début de 2007 et n’a cessé de s’affaiblir depuis lors. L’économie de la zone euro est maintenant en récession. La consommation est atone, l’investissement fléchit et les exportations nettes reculent du fait du ralentissement de l’économie mondiale. Les hausses passées des prix des produits alimentaires et de l’énergie ont fait monter l’inflation globale bien au-dessus du rythme compatible avec la stabilité des prix, mais cette inflation reflue nettement à l’heure actuelle avec la baisse des prix mondiaux et l’entrée de l’économie en récession. Depuis août 2007, les économies de la zone euro et les autres économies développées connaissent une période de turbulences financières internationales à l’issue d’un long cycle du crédit au niveau mondial. Ces turbulences, qui se sont aggravées à partir de la mi-septembre 2008, freinent considérablement l’activité et viennent s’ajouter à l’impact négatif de la baisse de l’investissement résidentiel sur la production. La Banque centrale européenne, via ses opérations monétaires, et les pays européens, via les mesures d’urgence qu’ils ont prises pour restaurer la confiance sur les marchés de capitaux, ont remédié dans l’immédiat à l’assèchement de la liquidité, mais les tensions restent très vives dans le secteur financier. Le taux directeur a déjà été fortement réduit à mesure que des risques de ralentissement de l’activité se sont manifestés et que les risques inflationnistes se sont atténués, et la politique monétaire pourrait fort bien être encore assouplie ces prochains mois dès lors que la sous-utilisation des ressources s’amplifiera. Pour le plus long terme, les turbulences financières soulignent à la fois les défis majeurs auxquels se trouvera confronté le cadre d’action européen et l’importance de mesures adéquates pour parer dans le secteur financier à des événements systémiques relativement rares, mais graves, de nature à nuire à l’ensemble de l’économie. 

  • Des progrès considérables ont été accomplis cette dernière décennie dans l’intégration des marchés de capitaux européens, qui a été facilitée par les mesures en faveur de la libre circulation des capitaux et de la libre prestation transfrontalière des services financiers et aussi par l’adoption de l’euro. L’innovation financière et l’intégration plus étroite des marchés ont modifié le paysage financier européen en intensifiant les pressions concurrentielles, malgré les obstacles qui subsistent. Les nouveaux produits financiers ont permis de dissocier les risques et de grands groupes bancaires à activité transnationale opérant sur de multiples segments se sont constitués. Avec le renforcement des interrelations entre les marchés et les institutions dans l’ensemble de la zone euro, on peut se demander si le rythme et les canaux de transmission de la politique monétaire ne se sont pas modifiés. 

  • L’innovation et l’intégration financières ont favorisé le développement de la sphère financière et élargi les choix offerts aux consommateurs. L’intégration financière a aussi été de pair avec la formation de grandes institutions financières transnationales (GIFT) complexes. Ce phénomène a modifié les profils de risque et accru les risques de contagion transnationale. Pour l’UE, l’un des grands problèmes consiste à maîtriser le risque systémique et la contagion transnationale afin d’assurer la stabilité financière sur un marché des capitaux intégré. La tourmente financière a aussi mis en relief un certain nombre de failles du dispositif de réglementation et de contrôle. Bien que les autorités européennes méritent d’être félicitées pour leurs progrès dans le sens de la modernisation et de l’amélioration de leurs dispositifs et pour leur réaction à la tourmente financière, on peut faire davantage. En particulier, de nouvelles mesures sont nécessaires afin de remédier au décalage entre l’intégration des marchés européens de capitaux d’une part et des régimes de contrôle à caractère largement national de l’autre. Il convient en outre de se demander quelles mesures faut-il mettre en oeuvre pour atténuer le penchant procyclique du système financier. Les nouveaux règlements ne doivent pas faire peser des coûts inutiles sur les consommateurs, les entreprises et les institutions financières, ni entraver la poursuite de l’intégration des marchés.

  • La situation budgétaire s’est améliorée au cours des dernières années dans un contexte de croissance rapide des recettes publiques. Cependant, la croissance des recettes est en train de s’essouffler avec le fléchissement de l’activité, tandis que les progrès durables vers une plus grande stabilité budgétaire ont été limités. De plus, certains pays continuent à connaître d’importants déficits structurels ainsi qu’une dette croissante. Le ralentissement de l’activité diminuera les recettes et dans plusieurs pays le coût de l’emprunt a tendance à augmenter. Certains gouvernements ont utilisé la politique budgétaire pour amortir le ralentissement économique. La viabilité budgétaire devrait rester l’une des grandes priorités. De surcroît, améliorer la qualité des finances publiques dans la zone euro pourrait contribuer à relever le niveau de vie. Il faut pour cela mieux concevoir les mesures fiscales et mettre davantage l’accent sur l’efficience du secteur public.