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  • En 2008, l’économie irlandaise a basculé dans une grave récession, après une période de croissance peu viable. L’investissement immobilier s’est effondré et de profonds déséquilibres économiques internes sont en voie de correction, les effets sur la demande étant aggravés par la crise financière internationale et le ralentissement de l’économie mondiale. L’ajustement en cours sera long et la reprise économique peu marquée. Les banques irlandaises ont subi des pressions sévères et un soutien public massif s’est révélé nécessaire. La récession a mis au jour la faiblesse de la situation budgétaire sous-jacente. Les autorités ont déjà pris d’importantes mesures pour restaurer la stabilité, mais il faudra aller plus loin.

  • L’économie irlandaise s’est très fortement ralentie et une forte contraction, à la fois par rapport aux autres pays et aux périodes passées, est en cours. L’investissement dans le logement s’est effondré. La consommation et l’investissement des entreprises se réduisent. La chute brutale de la demande est imputable à la résorption de profonds déséquilibres intérieurs, dont l’effet est accentué par la réduction des exportations liée à la récession mondiale et par la crise financière internationale. Le repli global de l’activité économique depuis le début de récession est très marqué et la baisse du niveau de vie sera sans doute pour partie permanente. Le ralentissement se poursuivra pendant quelque temps et la reprise devrait être lente. Tout comme l’essor de l’activité avait influé sur de nombreux aspects de l’économie, l’indispensable ajustement économique aura des répercussions larges et douloureuses. Des réductions des salaires semblent avoir lieu et les prix enregistrent actuellement une baisse. Un processus d’assainissement budgétaire énergique s’impose, et a été engagé, pour réaligner les recettes et les dépenses publiques. Faute de modifications des politiques à l’égard des sans-emploi, on peut craindre que le niveau élevé du chômage observé actuellement ne persiste. Des mesures sont requises à long terme pour éviter que de tels déséquilibres ne s’accumulent à l’avenir. L’effet stimulant des prix du crédit et des actifs ayant disparu, des politiques appropriées visant à promouvoir une croissance durable à long terme revêtiront plus d’importance pour l’amélioration du niveau de vie.

  • L’Irlande affronte une sévère récession, après plusieurs années de croissance élevée, mais en fin de compte intenable, et de déséquilibres grandissants. Une expansion accélérée du crédit bancaire a encouragé un vif essor de l’activité de construction et des prix immobiliers, qui a alimenté les dépenses intérieures dans leur ensemble. Ce cycle s’est maintenant retourné de façon spectaculaire. La production devrait se contracter fortement et le chômage va probablement avoisiner les 14 %. Le secteur bancaire, qui était au coeur de l’expansion du crédit, a été durement touché par la crise des marchés financiers internationaux et se trouve confronté à de lourdes pertes sur des crédits massifs liés aux opérations immobilières. Les conditions de crédit se sont durcies. Le retour à un fonctionnement normal du système financier est indispensable et une série de mesures ont été mises en place pour assainir le système bancaire. Une reprise économique devrait s’amorcer l’année prochaine, mais une période d’ajustement prolongée sera indispensable pour résorber les déséquilibres économiques engendrés pendant l’expansion. La compétitivité s’est dégradée pendant la phase de haute conjoncture et la fermeté du taux de change réel entrave le retour à la croissance. Le rétablissement de la compétitivité au sein de l’union monétaire se fera par un ajustement à la baisse des salaires et des prix, qui semble déjà engagé. Étant donné l’accroissement rapide de la dette publique, un assainissement budgétaire sera indispensable pendant une longue période, et ce processus a déjà été engagé. Dans une optique à plus long terme, il faudra tirer les enseignements de la crise de manière à éviter la réapparition de déséquilibres macroéconomiques de cette ampleur.

  • L’ampleur de la tâche d’assainissement budgétaire qui attend l’Irlande est considérable, le solde budgétaire sous-jacent étant brusquement devenu nettement déficitaire, alors qu’il était excédentaire. L’effort d’assainissement a déjà commencé pour remédier à cette dégradation des finances publiques par le biais d’une série de mesures budgétaires d’urgence représentant près de 5 % du PIB en 2009, mais le processus d’ajustement durera plusieurs années. Les niveaux d’endettement ont très sensiblement augmenté par rapport à des niveaux initialement bas. Pour ramener le budget sur une trajectoire viable, il faudra à la fois accroître les recettes et réduire les dépenses publiques. S’agissant des impôts, cela suppose de corriger des carences structurelles qui se sont accentuées tandis que les recettes devenaient excessivement tributaires du dynamisme des prix des logements et de la construction, qui se sont effondrés, et que l’efficacité de l’impôt sur le revenu en tant que source de recettes était sérieusement remise en cause. La Commission de la fiscalité a récemment rendu compte des propositions de réforme fiscale. S’agissant des dépenses, de nombreux programmes publics ont connu un développement excessif pendant la période de forte expansion économique, et doivent maintenant être ramenés à l’équilibre avec des ressources réduites. Dans un rapport indépendant, demandé par l’État, un large éventail de coupes dans les dépenses et de réductions d’effectifs sont proposées. Pour amortir les effets de cette diminution des dépenses publiques sur les prestations de services, des gains d’efficience considérables devront être accomplis. Dans la mesure où la crise actuelle est en partie imputable à des lacunes de la procédure budgétaire, l’assainissement des finances publiques exigera également la mise en place de mécanismes renforcés de planification et de contrôle budgétaires, permettant de déterminer et de poursuivre des objectifs budgétaires à long terme de manière cohérente et viable.

  • Le marché du travail irlandais est en plein ajustement par suite d’un effondrement de la production, concentré sur les secteurs à forte intensité de main-d’oeuvre, qui a provoqué une forte contraction de l’emploi et porté le chômage à des niveaux élevés, malgré une vague d’émigration. L’Irlande a un marché du travail flexible du point de vue de la réglementation et nombreuses sont les données qui montrent que les salaires nominaux accusent déjà une baisse. Cependant, le chômage de courte durée risque fort de se pérenniser sous l’effet conjugué d’indemnisations relativement généreuses offertes aux travailleurs peu qualifiés et, ce qui est plus important, de mesures d’activation insuffisantes. Bien que certaines mesures aient été prises face à la montée du chômage, il faudrait encourager et aider davantage les chômeurs à retourner au travail et durcir les conditions d’accès aux programmes d’aide. Pour le moyen terme, il s’agirait de favoriser l’activité des femmes en supprimant les obstacles existants dans le système d’impôts/transferts, d’aider les parents isolés en renforçant l’aide dont ils bénéficient et l’obligation qui leur est faite de travailler, et il faudrait déployer des efforts plus systématiques afin d’éviter que l’invalidité ne serve de passerelle vers l’inactivité.

  • En Irlande, les niveaux de vie resteront élevés, malgré la grave contraction de l’activité, mais des politiques structurelles plus dynamiques encourageraient une croissance durable à long terme. Lorsque les temps sont difficiles, la situation se prête sans doute mieux à la mise en oeuvre de réformes depuis longtemps différées, ce qui contribue aussi à améliorer la compétitivité. Les politiques sont déjà favorables à la concurrence à de nombreux égards, mais les forces du marché sont faibles dans les industries de réseau et certaines parties du secteur des services. Les prix pourraient être réduits par des mesures conçues pour renforcer la concurrence. L’infrastructure a été améliorée, mais davantage d’investissements sont requis, bien que les plans à court terme doivent être ajustés pour tenir compte tenu des contraintes budgétaires et que l’efficacité de l’utilisation des infrastructures pourrait être améliorée. L’Irlande a bénéficié de l’effort de rationalisation mené par le passé en matière d’éducation. Les résultats sont satisfaisants dans ce secteur, mais des possibilités d’amélioration existent. L’éducation préprimaire et la formation en cours d’emploi devraient encore être développées. Les dépenses au titre de l’innovation se sont accrues rapidement, mais leur niveau de départ était bas. Assurer une croissance respectueuse de l’environnement est un enjeu majeur et il sera difficile pour l’Irlande de respecter ses engagements de réduction des émissions de carbone. Si la politique environnementale s’est améliorée, des déficiences importantes sont observées au niveau de la gestion des déchets.