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  • L’ incertitude qui pèse sur les perspectives économiques mondiales pour l’année à venir et au-delà est exceptionnellement forte. Cela tient dans une large mesure au flou persistant qui entoure le cours que prendront les politiques économiques dans les grandes économies de l’OCDE. Le scénario du pire pourra être écarté à condition que la politique monétaire conserve une orientation très expansionniste, que les problèmes liés aux dettes souveraines et au secteur bancaire puissent être circonscrits dans la zone euro, et qu’un resserrement budgétaire excessif soit évité lorsqu’il est possible d’adopter une approche progressive en la matière, notamment aux États-Unis. Néanmoins, même dans ces conditions, le chômage demeurerait élevé tout au long de l’année 2013, il n’y aurait aucune perspective de rattraper le terrain perdu pendant la crise en termes de production, et les finances publiques resteraient sur une trajectoire non viable dans la plupart des pays de l’OCDE. Même dans le cadre d’un scénario plus optimiste, fondé sur un règlement décisif de la crise dans la zone euro, la nécessité de résorber la divergence de compétitivité-coûts entre ses États membres pourrait nourrir des vents contraires sur les plans économique et politique. Cela dit, si rien n’était fait pour remédier à cette divergence, les déséquilibres fondamentaux à l’origine de la crise actuelle perdureraient. De manière plus générale, la croissance doit être renforcée dans les économies les plus avancées et devenir plus viable sur la plupart des marchés émergents.

  • Au travers des analyses réalisées pour Objectif croissance depuis 2005, l’OCDE identifie des priorités de réformes structurelles destinées à augmenter les revenus réels de chacun de ses pays membres et, depuis l’édition 2011, des  BRIICS  (Brésil, Russie, Inde, Indonésie, Chine et Afrique du Sud), des pays non membres essentiels avec lesquels l’OCDE travaille en étroite coopération. Ce processus offre aux États un instrument de réflexion sur les politiques susceptibles d’affecter les niveaux de vie de leurs résidents à long terme. Les analyses réalisées pour Objectif croissance ont été utilisées dans le cadre du processus d’évaluation mutuelle du Groupe des Vingt (G20) depuis le sommet organisé à Pittsburgh en 2008.

  • Si la crise confronte la politique économique à de nouveaux écueils, elle a aussi rendu plus apparente la nécessité de procéder à des réformes structurelles. Ce premier chapitre d’Objectif croissance évalue les progrès réalisés par les pays dans la mise en œuvre des réformes structurelles depuis le début de la crise et couvre toute la période 2007-11.Le principal enseignement d’économie politique ressortant de l’analyse est que la crise et la récession qui a suivi ont servi de catalyseur à la réalisation de réformes structurelles, surtout dans les pays de l’OCDE où ces réformes étaient les plus nécessaires. La profondeur de la crise sur le marché du travail, en particulier, a favorisé des réformes structurelles destinées à accroître l’utilisation de la main-d’œuvre. La nécessité d’assainir les finances publiques et les pressions financières découlant de l’explosion de la dette souveraine ont imprimé un nouvel élan aux réformes, avec une nette accélération des mesures politiquement sensibles destinées à doper la croissance potentielle, à restaurer la compétitivité des prix et à rétablir la viabilité budgétaire, notamment dans certains pays de la zone euro.À terme, la priorité devrait être accordée à la promotion de l’emploi dans le cadre de l’effort continu d’assainissement des finances publiques. Pour l’heure, il paraît tout à fait justifié de laisser les politiques d’activation, visant à assurer le recyclage des travailleurs déplacés et à encourager le retour au travail, à l’abri des efforts d’assainissement budgétaire. En outre, dans les pays qui souffrent de nouveaux revers économiques, il importe de tirer parti des enseignements de la crise financière pour déterminer les politiques qui peuvent contribuer à amortir l’impact sur le marché du travail et la situation sociale de la faiblesse de l’activité, notamment en utilisant des dispositifs de chômage partiel. Les réformes du système d’imposition, surtout une réduction des dépenses fiscales, et le déplacement d’une partie de la charge fiscale pesant sur le travail, pourrait contribuer à la relance de l’emploi et faciliter l’assainissement des finances publiques. Les réformes des marchés des produits pourraient aussi doper la croissance à court terme, surtout si elles sont mises en œuvre dans les secteurs abrités où le potentiel de création rapide d’emplois est relativement élevé, comme le commerce de détail et les services professionnels.

  • Note : Les utilisateurs de ces données doivent être conscients qu’elles peuvent ne plus refléter complètement la situation actuelle dans les pays qui ont poursuivi des réformes rapides.

  • On ne sait pas grand-chose des effets à court terme des réformes structurelles dont on attend des avantages plutôt à long terme. Il a été dit que certaines pourraient être préjudiciables dans la conjoncture actuelle, si par exemple elles affaiblissaient davantage la demande globale. Ce chapitre présente les résultats d’une nouvelle analyse empirique qui porte sur 30 ans de données relatives aux réformes entreprises dans les pays de l’OCDE. Il montre que, même s’il faut habituellement du temps pour que les avantages des réformes structurelles se concrétisent pleinement, elles entraînent rarement des inconvénients significatifs et ont souvent des retombées positives dès le court terme. Toutefois, certaines d’entre elles, par exemple les réformes des indemnités chômage et de la protection de l’emploi, ont des effets moindres ou même négatifs dans les économies déprimées. La situation actuelle de la plupart des pays de l’OCDE, caractérisée par la subsistance d’importantes capacités inemployées, par des contraintes sur la politique macroéconomique et par des finances publiques fragilisées, appelle des réformes qui, comparativement à d’autres, facilitent à court terme une reprise de la création d’emploi :Tous les pays ont intérêt à préserver de l’effort actuel d’assainissement budgétaire les moyens consacrés aux politiques d’activation du marché du travail. En renforçant l’assistance à la recherche d’emploi et la formation, on peut permettre aux demandeurs de trouver plus rapidement un nouvel emploi et faire en sorte que ceux qui risquent de se décourager continuent à tenter de se réintégrer au marché du travail.Les réformes fiscales favorables à la croissance qui allègent la taxation du travail peuvent enrichir le contenu en emploi de la reprise, tout en concourant au redressement budgétaire dans la mesure où elles sont appliquées de façon à augmenter les recettes.Un ensemble bien conçu de réformes des marchés du travail et des produits pourrait atténuer l’éventuel coût transitoire de certaines mesures spécifiques. Pour maximiser les progrès obtenus à court terme, les réformes doivent absolument s’appuyer sur un système financier fonctionnant bien et sur une stratégie de communication efficace.

  • Ce chapitre présente les formes d’inégalités dans les pays de l’OCDE ainsi qu’une nouvelle analyse de leurs déterminants relevant des politiques publiques ou d’une autre nature. L’une des principales conclusions est que les inégalités de revenus peuvent être atténuées par plusieurs moyens: la politique de l’éducation, la lutte contre les discriminations, une organisation bien conçue du marché du travail, une réglementation des marchés de produits favorable à la concurrence, des impôts et transferts importants et/ou progressifs. À partir de là, le chapitre conclut que plusieurs réformes pourraient présenter le double avantage d’augmenter le PIB par habitant et de diminuer les inégalités de revenus ; il attire aussi l’attention sur d’autres domaines de l’action publique où des réformes obligeraient à arbitrer entre les deux objectifs.

  • Les chocs et les crises macroéconomiques provoquent souvent des pertes de revenu et d’emploi considérables et imprévues. Ces pertes tendent à être inégalement réparties entre les différentes catégories de population, les bas revenus et les groupes sociaux les plus vulnérables étant souvent les plus durement touchés. Ce chapitre présente de nouvelles analyses de l’OCDE concernant les types de dispositifs qui contribuent à protéger les plus vulnérables contre ces pertes, dans un vaste ensemble de pays émergents et membres de l’OCDE. Ces dispositifs comprennent une réglementation des marchés de produits propice à la concurrence, l’ouverture aux échanges et à l’investissement direct étranger (IDE), de faibles coins fiscaux sur le travail, une situation budgétaire saine, des allocations de chômage généreuses, des syndicats forts, des salaires minimums et un système de protection de l’emploi strict. Certaines de ces mesures et institutions jouent également en faveur de la croissance et de l’emploi, et offrent donc de toute évidence des pistes à explorer en matière de réforme. En revanche, d’autres peuvent impliquer un arbitrage entre la recherche de protection à court terme et d’autres objectifs économiques de plus long terme. Enfin, ce chapitre présente une classification des pays de l’OCDE et des pays émergents en quatre grands groupes, suivant que leur cadre institutionnel favorise le partage des risques par le biais d’une forte protection sociale ou par le biais d’une réaffectation rapide des ressources en main-d’œuvre et en capital.