• Le pourcentage d’individus qui, parmi une population donnée, bénéficient de la prise en charge d’un éventail de services de base donne une première idée de l’accès aux soins et de la protection financière offerte. Cependant, il ne s’agit que d’une mesure partielle de l’accès et de la couverture. La couverture sanitaire universelle dépend également de la gamme de services pris en charge et du degré de participation des patients à leur coût. Les services doivent également être d’une qualité suffisante. Les indicateurs du présent chapitre portent sur l’accès en matière de faisabilité financière, de disponibilité et d’utilisation des services de soins de santé, tandis que le chapitre 6 fournit des indicateurs sur la qualité et les résultats des soins.

  • L’un des principes fondamentaux qui sous-tend tous les systèmes de santé des pays de l’OCDE est de permettre l’accès de toutes les populations à des soins de bonne qualité, quelle que soit leur situation socio‑économique. Pourtant, l’accès peut être limité pour un certain nombre de raisons, notamment la disponibilité ou la faisabilité financière limitées des services. Les politiques doivent donc permettre non seulement de surmonter les obstacles financiers aux soins mais aussi de promouvoir une offre et une distribution adéquates de professionnels de santé et de services de soins de santé sur l’ensemble du territoire. (OCDE, 2019[4] ; 2020[5]).

  • Outre la part de la population ayant droit aux services de santé de base, l’étendue de la couverture de santé est définie par l’éventail des services compris dans l’ensemble de prestations défini par le régime public et par la proportion des coûts pris en charge. Le permet d’apprécier l’étendue de la couverture globale, ainsi que la couverture de certains services de santé, à travers la part des dépenses couvertes par les régimes publics ou l’assurance maladie obligatoire. Les différences entre les pays quant à l’étendue de la couverture peuvent tenir à l’inclusion ou à l’exclusion de biens et de services spécifiques dans l’ensemble des prestations définies par les pouvoirs publics (p. ex., un médicament ou un traitement médical particulier) ; à des modalités de partage des coûts différentes ; ou bien au fait que certains services ne sont couverts que pour des groupes de population spécifiques dans un pays (p. ex., les soins dentaires).

  • Lorsque les systèmes de santé n’offrent pas une protection financière adéquate, les individus risquent d’être confrontés à des difficultés financières après avoir réglé le montant de leurs frais de santé ou bien de ne pas avoir les moyens de payer les soins de santé qui leur ont été prodigués. En conséquence, le manque de protection financière peut restreindre l’accès aux soins, fragiliser l’état de santé, accentuer la pauvreté et exacerber les inégalités en matière de santé et sur le plan socio‑économique. Globalement, dans les pays de l’OCDE, un peu plus d’un cinquième des dépenses de santé sont réglées directement par les patients (voir l’indicateur « Financement des dépenses de santé », chapitre 7). Les individus se retrouvent dans une situation financière difficile lorsque ces paiements directs deviennent élevés au regard de leurs moyens. Les ménages les plus pauvres et ceux qui doivent supporter les coûts d’un traitement de longue durée, comme celui des médicaments prescrits en cas de maladie chronique, sont particulièrement vulnérables.

  • Pour une grande partie de la population, les contacts avec les services de santé revêtent le plus souvent la forme de consultations chez le médecin, qui débouchent souvent sur une prise en charge médicale. Les consultations peuvent avoir lieu au cabinet médical, dans les services de consultation externe des hôpitaux ou, dans certains cas, au domicile des patients. De plus en plus, les consultations peuvent également avoir lieu en ligne et par vidéoconférence, grâce au développement des téléconsultations (Oliveira Hashiguchi, 2020[10]). Le recours aux téléconsultations a fortement augmenté pendant la pandémie de COVID‑19, afin de protéger à la fois les patients et les médecins et d’éviter la propagation du virus (voir l’indicateur « Santé numérique »).

  • Pour fournir des soins sûrs, efficaces, adaptés et centrés sur le patient, qui soient également rentables et accessibles, il faut que les décideurs, qu’il s’agisse de patients, de professionnels de santé, de gestionnaires ou de scientifiques, disposent de données et d’informations précises et actualisées sur la santé (OCDE, 2019[12]). Lorsque les données et les informations sur la santé sont compréhensibles et valables pour un éventail d’utilisations et d’utilisateurs, de nouveaux services et applications numériques de santé deviennent possibles. De la télésanté à l’intelligence artificielle, les nouveaux services de santé numériques peuvent permettre d’améliorer l’accès aux soins de santé et d’accroître la satisfaction des patients, notamment de ceux qui ont le plus de difficultés à accéder aux services de soins classique en présentiel (p. ex., les patients vivant en milieu rural). Une transformation numérique des soins de santé est en cours dans les pays de l’OCDE, accélérée par la pandémie de COVID‑19 et impulsée par le passage au numérique des infrastructures d’information ainsi que par la demande croissante des patients.

  • Le nombre de lits d’hôpital donne une indication des ressources disponibles pour fournir des services aux patients hospitalisés. La pandémie de COVID‑19 a mis en évidence la nécessité de disposer d’un nombre suffisant de lits d’hôpital et de faire preuve d’une capacité d’adaptation s’agissant de leur utilisation afin de faire face à la hausse inattendue de la demande de soins intensifs, et de disposer d’un nombre suffisant de médecins et d’infirmiers dotés des compétences nécessaires pour fournir les services requis (OCDE/Union européenne, 2020[14]). Néanmoins, un excédent de lits d’hôpital peut entraîner une suroccupation des lits et donc des coûts, notamment en ce qui concerne les patients dont l’état ne s’améliore pas grâce aux soins intensifs (Phua, Hashmi et Haniffa, 2020[15]). Par conséquent, si les décideurs doivent veiller à ce que la capacité en lits d’hôpital soit suffisante pour assurer la résilience, il convient également de prendre en compte les aspects relatifs à la rentabilité de l’utilisation des ressources.

  • Le taux de sortie d’hôpital permet de mesurer le nombre de patients qui quittent l’hôpital après y être restés au moins une nuit. Améliorer la sortie des patients à plus bref délai permet de fluidifier le flux de patients et donc de libérer des lits d’hôpital et de faire gagner du temps au personnel soignant. Les sorties prématurées ou retardées aggravent l’état des patients, mais augmentent aussi les coûts : les premières peuvent donner lieu à des ré-hospitalisations coûteuses ; les secondes consomment des ressources limitées.

  • Les technologies jouent un rôle important en matière de diagnostic médical ; de la visite médicale au traitement et au partage des résultats, en passant par l’accès au dossier médical des patients et l’examen des antécédents cliniques. Néanmoins, les nouvelles technologies peuvent aussi accroître les coûts, et il est couramment admis qu’elles sont l’un des principaux facteurs de hausse des dépenses de santé (Lorenzoni et al., 2019[20]). Cette section présente des données sur la disponibilité et l’utilisation de trois technologies de diagnostic : la tomodensitométrie (TDM), l’imagerie par résonance magnétique (IRM) et la tomographie par émission de positrons (TEP). Les examens de TDM et d’IRM montrent tous deux des images des organes et des tissus internes, tandis que ceux de TEP montrent d’autres informations ainsi que des problèmes au niveau cellulaire.

  • Les chirurgies de remplacement de la hanche et du genou comptent parmi les interventions les plus couramment réalisées et les plus efficaces dans le monde. L’indication la plus fréquente de remplacement de la hanche et du genou (chirurgie de remplacement de l’articulation) est l’arthrose, qui diminue les capacités fonctionnelles et la qualité de vie.

  • Au cours des dernières décennies, le nombre d’interventions chirurgicales pratiquées en ambulatoire a nettement augmenté dans les pays de l’OCDE. Les progrès des technologies médicales – notamment la diffusion d’interventions chirurgicales moins invasives – et l’amélioration de l’anesthésie ont rendu cette évolution possible. Ces innovations ont amélioré la sécurité des patients et les résultats de santé. De plus, en raccourcissant la durée d’hospitalisation, la chirurgie ambulatoire permet d’économiser d’importantes ressources sans que la qualité des soins s’en ressente. Elle libère aussi des moyens, ce qui permet aux hôpitaux de se concentrer sur les cas plus complexes ou de diminuer les listes d’attente. L’impact de l’augmentation du nombre de chirurgies ambulatoires sur les dépenses totales de santé n’est cependant pas toujours évident, car la réduction des coûts unitaires (par rapport à la chirurgie avec hospitalisation) est parfois neutralisée par la hausse globale du volume des interventions. Il convient en outre de prendre en compte les coûts supplémentaires associés aux soins de suite et de réadaptation et aux services de soins à domicile après une intervention.

  • Les longs délais d’attente avant une chirurgie élective (non urgente) sont un problème de longue date dans un certain nombre de pays de l’OCDE ; ils retardent les bénéfices attendus du traitement, ce qui fait que les patients continuent d’endurer souffrance et handicap. La pandémie de COVID‑19 a encore accentué le problème, car les interventions non urgentes ont souvent été reportées pendant les périodes de flambée épidémique.