• En moyenne, la part de la population âgée de 65 ans et plus a presque doublé au cours des dernières décennies dans les pays de l’OCDE, passant de moins de 9 % en 1960 à plus de 17 % en 2019. La baisse des taux de fécondité et l’allongement de l’espérance de vie (voir l’indicateur « Espérance de vie selon le sexe et le niveau d’éducation » au chapitre 3) signifient que les personnes âgées représentent une proportion toujours plus importante des populations des pays de l’OCDE. En 2019, on comptait plus de 232 millions de personnes de plus de 65 ans dans les 38 pays membres de l’OCDE, dont plus de 62 millions avaient au moins 80 ans. Les personnes âgées étant davantage exposées au risque de développer une forme grave de la maladie et d’en mourir, la pandémie de COVID‑19 nous a rappelé qu’il était nécessaire de veiller à ce que les systèmes de santé soient capables de s’adapter à l’évolution des besoins de la population âgée.

  • Tous les pays de l’OCDE ont connu une forte augmentation de l’espérance de vie à 65 ans pour les hommes comme pour les femmes au cours des dernières décennies : elle a ainsi augmenté en moyenne de 5.7 ans entre 1970 et 2019 (). Sur cette même période, sept pays (Australie, Corée, Espagne, Finlande, Irlande, Japon et Luxembourg) ont enregistré des hausses de plus de sept ans, tandis que deux pays (la Lituanie et le Mexique) ont connu une hausse de moins de trois ans entre 1970 et 2019.

  • Alors même que l’espérance de vie à 65 ans a augmenté dans les pays de l’OCDE, de nombreux individus passent une grande partie de leur vie âgée dans un état de santé moyen à mauvais (voir l’indicateur « Espérance de vie et espérance de vie en bonne santé à 65 ans »). En 2019, plus de la moitié des personnes âgées de plus de 65 ans dans 36 pays de l’OCDE faisaient mention d’un état de santé moyen ou mauvais (). Les personnes âgées des pays de l’OCDE d’Europe orientale déclarent des taux de santé moyenne ou mauvaise parmi les plus élevés, avec plus de quatre cinquièmes de la population âgée de 65 ans ou plus déclarant un état de santé moyen, mauvais ou très mauvais en Lituanie, en Lettonie, en Estonie, en Hongrie et au Portugal. Les femmes sont légèrement plus nombreuses à faire mention d’un état de santé moyen ou mauvais ; elles sont ainsi 57 % en moyenne dans l’OCDE en 2019 à déclarer que leur santé est moyenne, mauvaise ou très mauvaise, contre 53 % pour les hommes. Moins de 40 % de la population totale âgée de 65 ans et plus déclarait un état de santé moyen ou mauvais en Irlande, en Suisse, en Norvège, en Suède et aux Pays-Bas. C’est en Irlande que le taux de santé moyenne ou mauvaise déclaré par les femmes est le plus bas (28.8 %), et en Suisse pour les hommes (30.1 %).

  • La démence représente l’un des plus grands défis liés au vieillissement de la population. Le terme « démence » désigne un ensemble de troubles du cerveau, dont la maladie d’Alzheimer, qui entraînent des lésions cérébrales provoquant une détérioration progressive des capacités fonctionnelles et des relations sociales de l’individu. Malgré les milliards de dollars investis dans la recherche sur les troubles liés à la démence, il n’existe à ce jour aucun remède, et les traitements modifiant sensiblement l’évolution de la maladie commencent seulement à voir le jour.

  • Avec le vieillissement rapide de la population, le secteur des soins de longue durée est toujours plus sollicité, et doit fournir des soins à un nombre croissant de personnes qui sont de plus en plus âgées, et qui souffrent de troubles complexes exigeant davantage de soins spécialisés. Cette situation exerce une énorme pression sur les systèmes de soins de longue durée, qui devrait continuer de croître dans les prochaines années à mesure du vieillissement de la population.

  • En moyenne dans les pays de l’OCDE, 10.7 % des personnes âgées de 65 ans et plus ont reçu des soins de longue durée, à domicile ou en établissement, en 2019 (). Plus d’une personne de 65 ans et plus sur cinq bénéficie de soins de longue durée en Israël (23.1 %) et en Suisse (23.4 %), contre moins de 5 % au Canada (3.8 %), en République slovaque (3.4 %), en Irlande (3.2 %), au Japon (2.6 %), au Portugal (1.9 %) et en Pologne (0.8 %).

  • Dans les pays de l’OCDE, la famille et les amis fournissent la plus grande part des soins aux personnes qui nécessitent des soins de longue durée. Compte tenu du caractère informel des soins prodigués par les proches, il est difficile d’obtenir des données comparables sur le nombre de ces aidants dans chacun des pays, ainsi que sur le temps qu’ils consacrent à ces activités. Les données présentées dans cette section proviennent d’enquêtes nationales et internationales sur la santé, et se réfèrent aux individus âgés de 50 ans et plus qui déclarent fournir des soins et une aide à un proche (membre de la famille ou ami).

  • Les soins de longue durée sont un service à forte intensité de main-d’œuvre, et les soins formels doivent souvent venir compléter le soutien informel et non rémunéré apporté aux personnes ayant besoin de soins de longue durée (voir l’indicateur « Aidants informels »). Les travailleurs du secteur formel des soins de longue durée sont définis comme le personnel rémunéré, généralement du personnel infirmier et des auxiliaires de vie, qui dispense des soins et/ou une aide aux personnes qui sont limitées dans leurs activités quotidiennes, à domicile ou dans des établissements (non hospitaliers). On compte en moyenne 5 travailleurs du secteur des soins de longue durée pour 100 personnes âgées de 65 ans et plus dans 32 pays de l’OCDE – de 12 en Norvège et en Suède, à moins de un en Grèce, en Pologne et au Portugal (). La pandémie de COVID‑19 a exacerbé le manque d’effectif en charge des patients nécessitant des soins de longue durée, particulièrement lors du remplacement du personnel malade ou en isolement. . Pratiquement tous les pays de l’OCDE dont on dispose de données, ont mis en place des mesures (comme le financement) pour recruter du personnel de soins de longue durée directement ou indirectement, mais des efforts restent à pourvoir (OCDE, à paraître[3]).

  • Même si les pays ont pris de nombreuses mesures pour permettre aux personnes ayant besoin de services de soins de longue durée de vivre à domicile aussi longtemps que possible si elles le souhaitent, nombreuses sont celles qui à un certain moment auront besoin de services qui ne peuvent pas être fournis à domicile. Le nombre de lits dans les établissements de long séjour et dans les unités de soins de longue durée à l’hôpital donne une indication des ressources disponibles pour assurer une prise en charge de longue durée ailleurs qu’au domicile des patients.

  • Par comparaison avec d’autres domaines du secteur de la santé, les dépenses consacrées aux soins de longue durée ont connu la plus forte hausse au cours des dernières années (voir l’indicateur « Dépenses de santé par type de service » au chapitre 7). Le vieillissement démographique s’accompagne d’une augmentation du nombre de personnes nécessitant une prise en charge médico-sociale permanente ; la hausse des revenus suscite de fortes attentes en termes de qualité de vie pendant la vieillesse ; l’offre de soins informels risque de diminuer et les gains de productivité sont difficiles à réaliser dans ce secteur à forte intensité de main-d’œuvre. Tous ces facteurs exercent une pression à la hausse sur les coûts, et devraient donner lieu à d’autres augmentations importantes des dépenses consacrées aux soins de longue durée dans les pays de l’OCDE au cours des prochaines années.

  • L’amélioration des soins de fin de vie, qui font référence aux services médicaux et sociaux fournis lorsqu’un individu arrive en fin de vie, devient peu à peu une priorité de santé publique à l’échelle mondiale, et un aspect majeur des politiques centrées sur la personne. Avec le vieillissement des populations et l’évolution de l’épidémiologie des maladies, davantage d’individus vont avoir besoin de soins et d’aide au cours de la dernière phase de leur vie. Durant la pandémie de COVID‑19, les mesures de confinement adoptées pour prévenir la propagation du virus, notamment l’interdiction des visites dans les établissements de soins de longue durée et les hôpitaux, même pour les patients mourants, sont allées à l’encontre des principes de soins de fin de vie de qualité et centrés sur la personne. Les difficiles expériences de fin de vie qu’ont vécues de nombreux patients et leurs familles durant la pandémie ont rappelé à quel point il était important de mettre en place des services de soins de fin de vie de qualité, accessibles, et centrés sur la personne.