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  • Gouverner consiste depuis toujours à faire des choix, à arbitrer, à évaluer des objectifs et des priorités multiples pour prendre des décisions complexes ayant une incidence sur le plan budgétaire. À cet égard toutefois, les dernières années ont été marquées par une augmentation inédite du nombre de nouvelles priorités auxquelles les responsables publiques doivent répondre. À côté du vieillissement de la population et des conséquences de l’évolution démographique sur les dépenses sociales et de santé, tendances répertoriées de longue date, les deux décennies écoulées ont vu la transformation numérique et le changement climatique s’imposer au nombre des grands domaines de préoccupation, d’intervention et d’investissement des pouvoirs publics.

  • Face à la crise liée au COVID-19, la réaction des pays de l’OCDE sur le plan budgétaire a été prompte, énergique et décisive. Leurs dirigeants ont engagé des milliards de dollars pour soutenir les systèmes de santé publique et protéger les économies et la population des conséquences matérielles de cette crise. Alors que les conséquences de la pandémie continuent de se faire sentir, l’invasion russe de l’Ukraine fait fléchir la croissance mondiale et alimente les poussées inflationnistes. Le produit intérieur brut (PIB) a stagné au deuxième trimestre 2022 et la production a décliné dans les économies du G20 tandis que l’inflation se maintient plus longtemps que prévu à un niveau élevé.

  • Le 16 février 2022, le Secrétaire général de l’OCDE, Mathias Cormann, a ouvert un Séminaire de haut niveau sur l’optimisation des ressources dans l’enseignement scolaire au lendemain de la pandémie de COVID-19 qui a réuni, à distance, des responsables de haut niveau des ministères de l’Éducation et leurs homologues des ministères des Finances, dont plusieurs ministres adjoints et directeurs généraux. Cette rencontre, organisée à l’initiative des autorités françaises, s’est tenue sous les auspices de la Direction de l’éducation et des compétences et du Département des affaires économiques de l’OCDE, d’une part, et du gouvernement français, d’autre part.

  • Le capital humain est largement considéré comme un intrant fondamental dans la théorie de la croissance. En outre, les recommandations visant à stimuler le capital humain figurent en bonne place parmi les priorités de politique structurelle identifiées par l'OCDE pour un certain nombre de pays. Cependant, les preuves empiriques établissant un lien entre le capital humain et les résultats macroéconomiques posent problème. Ce chapitre donne d'abord un aperçu du rôle du capital humain dans la performance économique et passe en revue les données existantes sur le sujet. Il présente ensuite une nouvelle mesure du capital humain basée sur les enquêtes de données de l'OCDE sur l'éducation, qui intègre mieux les dimensions tant qualitatives que quantitatives. S'appuyant sur la mesure proposée du capital humain, ce chapitre suggère des possibilités importantes de gains de productivité à long terme liés au capital humain, avec un potentiel d’amélioration plus important pour la composante qualitative que pour la composante quantitative, bien que les temps de retour soient généralement beaucoup plus longs que pour d’autres politiques de stimulation de la productivité.

  • Une éducation de qualité, qui dote les individus de compétences renforcées et plus utiles, est très efficace tant pour les individus eux-mêmes que pour les collectivités et la société, et ce, de diverses façons. Elle donne lieu à des revenus plus élevés, accroît la productivité, encourage l’innovation et soutient la croissance. Au-delà de ces effets économiques, une éducation de qualité s’accompagne aussi de vastes retombées sociales. Les individus plus instruits vivent plus longtemps et en meilleure santé. Ils s’investissent davantage dans la vie civique et s’engagent plus volontiers en faveur du bien-être de tous. Lorsqu’elle s’inscrit dans la durée, une éducation de qualité aide la société à aller au-devant des enjeux émergents, comme le changement climatique, mais aussi à tirer pleinement parti des nouvelles possibilités qui s’ouvrent à elle, comme c’est le cas avec la transformation numérique. On trouvera dans ce chapitre une vue d’ensemble des retombées sociales au sens large de l’éducation. Celles-ci s’étendent sur un vaste éventail, qu’elles soient d’ordre individuel (jouir d’une meilleure santé, offrir de meilleures perspectives à ses enfants) ou qu’elles profitent à l’ensemble de la société, les premières donnant lieu à des externalités positives et rejaillissant sur la collectivité. Les retombées de l’éducation pour la société peuvent donc être considérées comme une fin en soi ou comme un moyen essentiel au service de meilleurs résultats économiques.

  • Pierre angulaire d’une éducation de qualité, la distribution efficace et équitable des ressources destinées aux établissements scolaires est un enjeu de taille pour les systèmes éducatifs. Outre des financements suffisants, une distribution efficace des ressources nécessite des dispositifs de gouvernance adéquats et des mécanismes d’allocation des fonds à l’éducation bien conçus. Ce chapitre sera consacré à l’étude d’approches systémiques permettant de gérer, dans sa complexité, la gouvernance du financement des établissements scolaires dans un contexte de décentralisation budgétaire et d’autonomisation des établissements. Il y sera également présenté une série de questions à aborder lors de la définition des mécanismes d’allocation des fonds, en soulignant au passage l’intérêt que peut présenter l’utilisation de formules de financement en fonction des besoins. Enfin, ce chapitre soulignera l’importance de cadres réglementaires adaptés, en ce qui concerne l’octroi de fonds publics à des prestataires privés, pour éviter des conséquences indésirables ou préjudiciables au regard de l’équité.

  • La plupart des pays s’efforcent d’améliorer l’accessibilité, la qualité, l’équité et l’efficience de leurs systèmes d’enseignement. Toutefois, la poursuite simultanée de ces objectifs pose un réel défi aux responsables publics. La recherche de l’équité et celle de l’efficience ont notamment souvent été présentées comme incompatibles sur le plan de l’allocation des ressources dans l’enseignement. Cependant, l’efficience et l’équité peuvent aller de pair et le présent chapitre explore comment ces deux objectifs peuvent être poursuivis ensemble. Il présente des éclairages et des politiques prometteuses des pays de l’OCDE dans quatre domaines pouvant contribuer à améliorer l’équité et l’efficience : investir dans des services d’EAJE de qualité, investir pour améliorer le niveau de qualité des enseignants, réduire l’échec scolaire, et adapter les réseaux scolaires à l’évolution des attentes.

  • L’un des défis pour les systèmes scolaires est de veiller à ce que les financements des établissements soient dépensés de façon optimale, conformément aux priorités de l’action publique. Les processus de planification, de suivi et d’évaluation sont essentiels pour examiner les dépenses d’éducation antérieures et déterminer les futurs besoins en ressources, afin de définir des budgets de l’éducation financièrement viables à l’appui d’une offre éducative de qualité et de solutions efficaces répondant aux priorités de l’action publique. Le présent chapitre envisage comment les autorités éducatives et financières peuvent collaborer afin d’aligner les procédures de planification budgétaire sur les priorités stratégiques de l’éducation et analyse le recours efficace à l’évaluation et au suivi pour guider les utilisations futures des financements des établissements scolaires.