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  • Cette Étude est publiée sous la responsabilité du Comité d’examen des situations économiques et des problèmes de développement (EDR), qui est chargé de l’examen de la situation économique des pays.La situation économique et les politiques de l’Espagne ont été évaluées par le Comité le 2 octobre 2012. Le projet de rapport a ensuite été révisé à la lumière de la discussion et finalement approuvé par le Comité plénier le 24 octobre 2012.Le projet de rapport du Secrétariat a été préparé pour le Comité par Andrés Fuentes et Anita Wölfl sous la direction de Pierre Beynet. La recherche statistique a été assurée par Sylvie Foucher-Hantala.L’Étude précédente de l’Espagne a été publiée en décembre 2010.

  • L’Espagne est plongée dans une récession qui dure. L’effet dépressif induit sur l’activité par le désendettement du secteur privé et par la nécessité d’un ample assainissement des finances publiques après la fin du boum du crédit intérieur a été accentué par la crise de la dette dans la zone euro et des rigidités structurelles sur le marché du travail, ce qui s’est traduit par une envolée du chômage et une crise bancaire. La perspective d’une reprise reste lointaine, étant donné que le désendettement dans le secteur privé est loin d’être terminé et que les effets de rétroaction entre les finances publiques et le secteur bancaire restent forts, malgré le prêt de potentiellement 100 milliards EUR consenti par les États de la zone euro pour recapitaliser les banques. Cette boucle de rétroaction doit être rompue. De nouvelles réformes structurelles sont nécessaires pour stimuler l’emploi, notamment chez les jeunes, et améliorer la compétitivité, ce qui contribuera à réduire encore le déficit des paiements courants. Étant donné les risques majeurs qui se sont accumulés, il est urgent que les pouvoirs publics interviennent avec détermination sur tous ces fronts pour pouvoir retourner la situation.

  • Les banques viables qui ont besoin de fonds propres devraient être recapitalisées rapidement, et les banques non viables devraient faire l’objet, dès que possible, d’une procédure de résolution ordonnée, comme prévu dans le mémorandum d’accord.

  • L’économie traverse une récession prolongée

  • L’Espagne est confrontée à une grave crise bancaire, du fait de la fin d’un boum de l’immobilier et du crédit qui a entraîné un endettement élevé du secteur privé et une profonde récession. La dépendance mutuelle des conditions de financement des banques et de l’État a aggravé la situation, mais la création envisagée d’une union bancaire dans la zone de l’euro pourrait atténuer ces interactions. Le désendettement progresse, mais il risque de peser sur la croissance économique pendant plusieurs années. Pour rétablir la confiance dans le secteur bancaire et s’orienter vers une reprise conjoncturelle, il est indispensable de reconnaître rapidement et intégralement les pertes subies par les banques. Pour cela, il faut que les établissements non viables fassent rapidement l’objet d’une procédure de résolution et que ceux qui ont besoin de fonds propres soient recapitalisés. Le gouvernement a pris une décision importante consistant à durcir les règles de provisionnement des engagements immobiliers des banques. Une ligne de crédit de 100 milliards d’euros, accordée par la zone euro, procurera des fonds à bon marché pour capitaliser les banques sous réserve de conditions qui, une fois remplies, aideront à surmonter la crise bancaire. Il convient de prendre des mesures obligeant les détenteurs de montants substantiels de capitaux hybrides et d’emprunts subordonnés émis par les banques à éponger des pertes, surtout quand il s’agit d’investisseurs institutionnels. Une réforme des procédures de faillite permettrait de redéployer des ressources de sociétés insolvables à des fins productives et d’aider plus efficacement les ménages qui n’ont raisonnablement pas la possibilité de rembourser leurs dettes.

  • Le taux de chômage des jeunes atteint des niveaux douloureusement élevés, notamment chez les jeunes peu qualifiés. Deux actions prioritaires sont essentielles pour améliorer les perspectives d’emploi des jeunes en Espagne. En premier lieu, et à très court terme, il faut prendre des mesures actives du marché du travail spécialement conçues pour les jeunes qui ont le plus de difficultés et offrir à tous les jeunes qui ont du mal à trouver un travail une aide plus efficace à la recherche d’emploi. Deuxièmement, la crise actuelle peut être l’occasion de corriger certaines des faiblesses structurelles du marché du travail des jeunes en Espagne. En particulier, il est essentiel d’engager des réformes visant à empêcher les jeunes de quitter l’école trop tôt et facilitant le passage à la vie active. Plusieurs difficultés doivent être surmontées : faire mieux correspondre les compétences acquises à l’école et celles demandées par les entreprises, établir un système d’enseignement professionnel efficace et réduire les obstacles qui subsistent du côté de la demande, notamment le dualisme du marché du travail et la rigidité du système de négociation collective, qui ont empêché une répartition efficace des ressources de main-d’œuvre par le passé et un ajustement souple face à la crise.