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  • L’économie finlandaise se caractérise par divers éléments qui lui permettent d’être bien placée pour tirer parti de la mondialisation : son ouverture aux échanges internationaux et à l’investissement direct étranger, une population au niveau d’instruction élevé, et un solide bilan en matière d’innovation. De fait, des entreprises finlandaises de premier plan, telles que Nokia, ont su faire preuve de souplesse et d’innovation pour tirer parti de la mondialisation en externalisant leurs activités et en se spécialisant. De plus, le gouvernement contribue de manière essentielle à atténuer les conséquences douloureuses que peuvent avoir les restructurations économiques ; le système de prélèvements et de prestations permet une redistribution significative des fruits de la mondialisation, tandis que le système de protection sociale soutient les personnes qui perdent leur emploi.

  • L’ouverture aux échanges et à l’investissement direct étranger, un niveau d’instruction élevé, de bonnes performances en matière d’innovation et un système de protection sociale qui soutient les individus fragilisés par la restructuration de l’économie, sont autant de facteurs qui permettent à la Finlande d’être en bonne position pour tirer parti des perspectives offertes par la mondialisation. Toutefois, compte tenu des difficultés budgétaires liées au vieillissement de la population, la viabilité du modèle nordique de protection sociale ne sera pas assurée sans une hausse de l’emploi et une amélioration de l’efficience de la fiscalité et des dépenses publiques. En outre, les institutions du marché du travail et certaines autres politiques ne permettent pas la flexibilité qui serait nécessaire pour favoriser la réaffectation rapide des ressources qu’exigent la mondialisation et le progrès technique. De même, le système fiscal et le système de protection sociale faussent les choix économiques dans un certain nombre de domaines. De ce fait, les pénuries de main-d’oeuvre s’aggravent bien que le chômage soit élevé, et certains secteurs sont confrontés à de fortes pressions concurrentielles. Ce chapitre examine ces problèmes à travers le prisme de la mondialisation et définit les grands défis auxquels est confrontée l’économie. Ces défis sont ensuite décrits de manière plus précise dans les chapitres suivants.

  • Dans ce chapitre, nous présentons brièvement les récents résultats macroéconomiques obtenus par la Finlande, et mettons en évidence les marges de manoeuvre dont disposent les autorités à court terme pour alléger la fiscalité du travail, en associant à des réductions d’impôts des mesures restrictives destinées à en compenser les effets. Nous examinons également les objectifs prioritaires à atteindre pour assurer la viabilité des finances publiques sur le long terme, notamment la poursuite de la réforme des retraites.

  • Le système complet de protection sociale de la Finlande nécessite un niveau d’imposition globale relativement élevé. C’est notamment pour faire face au renforcement de l’intégration internationale que la Finlande a instauré le système d’imposition duale du revenu au début des années 90. Dans le cadre de ce système, les bénéfices des sociétés et les revenus du capital des particuliers sont imposés à un taux relativement faible applicable à une large assiette, tandis que les revenus du travail sont imposés plus lourdement. Cela a permis de rendre plus compétitive l’imposition des sociétés et du capital sans réduire sensiblement le prélèvement fiscal total. Cependant, le système d’imposition duale du revenu a constitué une incitation, pour certains groupes de salariés, à requalifier leurs revenus du travail en les déclarant comme revenus du capital. En outre, les conséquences potentielles du niveau élevé d’imposition sur la demande et l’offre de main-d’oeuvre suscitent des préoccupations. Bien que l’imposition des salariés à revenus élevés ait été réduite, elle reste importante selon les normes internationales. Dans le contexte de la mondialisation, il est à craindre que la forte imposition des salariés qualifiés ne risque d’inciter à la délocalisation des emplois très qualifiés et éventuellement à l’émigration. Au contraire, les facteurs immobiles tels que les biens immobiliers sont faiblement imposés.

  • Pour éviter que le vieillissement de la population, qui se traduit par une sollicitation plus forte de certains services, comme les services de santé et de soins aux personnes âgées, n’entraîne une hausse de la pression fiscale, d’importants gains d’efficience doivent être réalisés dans la fourniture de services sociaux municipaux. Or, la production de bon nombre de ces services reste majoritairement assurée par le secteur public et pâtit d’une baisse de la productivité. Les pouvoirs publics espèrent améliorer la productivité grâce aux fusions entre municipalités, une coopération plus poussée entre elles et de meilleures méthodes de fourniture de services. Toutefois, une analyse des fusions et coopérations municipales des dernières décennies montre que les gains d’efficience ne sont pas automatiquement garantis, d’où la nécessité de mettre l’accent sur les autres mesures. Ce chapitre analyse la manière dont une intensification de la concurrence pourrait favoriser la croissance de la productivité et l’innovation dans le secteur des services sociaux. Les pouvoirs publics doivent aller beaucoup plus loin pour faciliter l’introduction de nouveaux modes de fourniture de services sociaux, en garantissant des règles équitables afin de permettre une plus forte implication du secteur privé et une intensification de la concurrence, tout en assurant le financement et la qualité des services. Une telle stratégie devrait se traduire par des gains de productivité et un ralentissement de la croissance des dépenses municipales et favoriser la diversification de l’offre de services financés par des fonds publics. En outre, à l’heure où les industries à faible technologie de la Finlande continuent de reculer en part de la valeur ajoutée totale, le secteur des services sociaux municipaux offre des possibilités de diversification économique.

  • La Finlande a su saisir les opportunités offertes par la mondialisation, ce qui a favorisé l’émergence d’industries de pointe et permis une baisse régulière du chômage qui avoisine désormais la moyenne de l’UE-15. Les taux d’activité restent néanmoins inférieurs à leurs niveaux précédant la récession, en particulier dans certaines classes d’âge ; le chômage des jeunes demeure préoccupant ; la fixation des salaires est particulièrement rigide ; enfin, les déséquilibres croissants entre l’offre et la demande d’emploi et la pénurie de qualifications sont des contraintes pour l’économie. Si les gouvernements récents ont pris des mesures pour remédier à certains de ces problèmes, le vieillissement démographique rapide impose à la Finlande de s’attaquer à ces problèmes d’une manière plus urgente et plus appropriée.

  • Le niveau d’éducation de la population finlandaise s’est considérablement élevé au cours des dernières décennies. Les performances des écoles générales sont particulièrement bonnes, comme en témoignent les résultats de l’étude PISA, ce qui permet à la Finlande de bénéficier d’une excellente assise pour exploiter les possibilités offertes par la mondialisation. Certains aspects de l’enseignement supérieur pourraient cependant être améliorés. Le présent chapitre analyse les inefficiences du système d’enseignement supérieur finlandais – en particulier la lente transition du deuxième cycle de l’enseignement secondaire vers l’enseignement supérieur, où de nombreux étudiants passent plusieurs années essayant d’accéder à l’enseignement supérieur ou à la discipline de leur choix – ainsi que les autres raisons expliquant l’arrivée tardive sur le marché du travail des diplômés de l’enseignement supérieur. Un certain nombre de solutions sont également proposées pour mieux lutter contre les blocages qui se développent rapidement sur le marché du travail dans un pays où le chômage reste élevé.

  • Attirer des travailleurs étrangers est un moyen pour la Finlande de relever le défi que constitue le déclin rapide de sa population active et de s’attaquer aux pénuries de main-d’oeuvre qui se font jour. Les gouvernements successifs ont eu beau proposer de faire appel au marché du travail international, les choses n’ont guère avancé. Le nombre d’immigrants demeure relativement faible, et le taux d’emploi des immigrés déjà présents est nettement inférieur à celui de la population dans son ensemble. Il faudrait faire davantage pour promouvoir l’enseignement du finnois aux résidents nés à l’étranger ainsi que leur formation professionnelle, encourager la diversité dans le milieu professionnel et aider les entreprises à attirer des travailleurs étrangers possédant les compétences recherchées.